Covid-19 : 9 000 personnes au Puy du Fou, un favoritisme venu de l'Elysée ? La préfecture s'explique
La préfecture de Vendée a pris un arrêté autorisant le Puy du Fou à accueillir jusqu'à 9 000 personnes pour son spectacle nocturne, alors que les rassemblements de plus de 5 000 personnes sont censés être interdits. Des politiques s'interrogent.
Le Puy du Fou cher à Philippe de Villiers, son fondateur, a-t-il bénéficié d'un passe-droit pour accueillir 9 000 personnes pour son spectacle nocturne ? C'est l'avis de certains politiques de l'opposition qui s'indignent de cette dérogation alors qu'en pleine recrudescence du Covid-19, tout rassemblement pouvant accueillir plus de 5 000 personnes est interdit par mesure de sécurité.
Cette exception faite pour le Puy du Fou a ainsi suscité l'ire du député insoumis de Seine-Saint-Denis Bastien Lachaud, qui estime que «depuis l'intervention personnelle d'Emmanuel Macron en faveur de son ami Philippe De Villiers, le Puy du Fou bénéfice de passe-droits». «Le copinage du président avec l'extrême droite passe avant la sécurité des français, avant la prévention face au Covid-19, Scandaleux», s'exclame-t-il par ailleurs dans un tweet.
Depuis l'intervention personnelle de #Macron en faveur de son ami De Villiers, le Puy du Fou bénéfice de passe-droits. Le copinage du président avec l'extrême droite passe avant la la sécurité des français, avant la prévention face au #COVID19 ! Scandaleux. Qu'ils dégagent tous ! https://t.co/9cX7Wpuawq
— Bastien Lachaud (@LachaudB) August 15, 2020
Dans la même veine, l'adjoint écologiste (EELV) à la mairie de Paris, David Belliard, considère qu'il y a eu «un passe droit pour l'ami du président».
Donc à partir du 15 août, le gouvernement interdit les évènements de plus de 5000 personnes. Ce même 15 août pourtant, le #puydufou pourra, sur dérogation, accueillir 9000 personnes ! Notre santé vaut bien plus qu'un passe droit pour l'ami du président !https://t.co/8DVAcT3j2V
— David Belliard (@David_Belliard) August 15, 2020
Les socialistes étaient aussi nombreux à dénoncer l'attitude des autorités vis-à-vis du Puy-du-Fou. Le sénateur socialiste (PS) de Paris, David Assouline, y voit par exemple «un fait du Prince comme un grand bras d’honneur au monde de la culture». Le monde de la culture – à l'image des artistes Hoshi ou Slimane ou du producteur Pascal Nègre – s'est lui aussi indigné de cette dérogation alors que les spectacles et concerts demeurent incertains.
Un fait du Prince comme un grand bras d’honneur au monde de la culture #puydufouhttps://t.co/Xp68TmGsQr
— David Assouline (@dassouline) August 15, 2020
La préfecture s'explique
Cette polémique est en fait née après que la préfecture de Vendée a pris un arrêté autorisant le complexe de loisirs à accueillir jusqu'à 9 000 personnes pour son spectacle nocturne, la Cinéscénie, du 15 août. La préfecture a tenu à réagir, le 15 août dans un communiqué, en précisant que cette «dérogation exceptionnelle s’appuie sur le décret du 10 juillet 2020 qui dispose qu’à compter du 15 août 2020, le préfet de département peut accorder à titre exceptionnel des dérogations à l’interdiction des événements réunissant plus de 5 000 personnes, après analyse des facteurs de risques». Dans son argumentation, elle ajoute que «le département de la Vendée connaît pour l’instant une circulation du virus en net retrait par rapport au niveau national», le Puy du Fou s'étant également engagé à prendre une série de mesures sanitaires.
Cinéscénie du Puy du Fou
— Préfet de la Vendée (@PrefetVendee) August 15, 2020
Lire le communiqué de presse sur https://t.co/6SzYokwLYApic.twitter.com/vK6QIWsnyG
Mis en cause dans cette dérogation préfectorale, l'Elysée s'est défendue de toute intervention, d'après une information du JDD. Selon un proche du président, celui-ci aurait été «surpris» de la décision préfectorale «et a appelé à la vigilance et à l'équité».