«Darmanin n’aurait jamais dû être promu» : Edwy Plenel compare le nouveau ministre à René Bousquet
Dans une tribune et sur les réseaux sociaux, le fondateur de Mediapart s'insurge contre la nomination du nouveau ministre de l'Intérieur. Il a même été jusqu'à dresser un parallèle entre Gérald Darmanin et le chef de la police du régime de Vichy.
Le rapprochement est controversé. Dans une tribune publiée sur Mediapart, le 29 juillet, intitulée La sauvagerie politique de Gérald Darmanin, le journaliste Edwy Plenel (président de Mediapart) met en perspective la récente nomination du nouveau ministre de l'Intérieur et les mécanismes politiques qui ont conduit à la rafle du Vélodrome d’hiver en 1942. L’auteur du texte décrit une classe politique - celle de Vichy - «majoritairement égarée au point d’abdiquer en renonçant à la République, sans nul coup de force mais par un vote des assemblées».
Le 2 août, Edwy Plenel récidive et publie sur Twitter une photo de René Bousquet, secrétaire général de la police du régime de Vichy, accompagnée des propos suivants : «A méditer par Gérald Darmanin, actuel ministre de l’intérieur. René Bousquet était un préfet qui se disait républicain et qui n’était pas fasciste. La catastrophe naît d’une accoutumance au pire».
La photo en question, à mediter par @GDarmanin actuel ministre de l’intérieur. René Bousquet était un prefet qui se disait républicain et qui n’était pas fasciste. La catastrophe naît d’une accoutumance au pire. Rappel à la fin de cet article ⤵️https://t.co/iF2PsKoW1Spic.twitter.com/y4bgVoBWV1
— Edwy Plenel (@edwyplenel) August 2, 2020
Le fondateur de Mediapart fustige par ailleurs dans son écrit «l’indifférence aux violences faites aux femmes comme l’encouragement des violences policières, sans oublier la déclaration de guerre à une société décrétée ensauvagée» qui «ne cessent d’ouvrir grand la porte par laquelle la catastrophe s’installera à demeure». Une triple référence assumée : à la plainte pour viol dont Gérald Darmanin fait l’objet, aux récents débats autour des violences policières mais également au changement de champ lexical opéré par le locataire de la place Beauvau avec l'emploi du terme «ensauvagement».
L'éditorial que signe Edwy Plenel est sans détour : «Mis en cause pour des faveurs sexuelles qu’il est suspecté d’avoir obtenues en échange d’interventions politiques, lié à un ex-président de la République triplement mis en cause par la justice, Gérald Darmanin n’aurait jamais dû être promu ministre de l’intérieur. Son comportement depuis montre que son départ serait de salubrité publique […] La récente promotion ministérielle de Gérald Darmanin fut une insulte faite aux femmes victimes des abus des hommes, de leur violence et de leur privilège».
Concernant les propos de Gérald Darmanin sur les violences policières, il écrit : «En osant affirmer qu’il s’étouffe quand il entend parler de "violences policières", le nouveau ministre de l’intérieur vient d’y ajouter une insulte pour leurs victimes, mortes étouffées par une clé d’étranglement».
La sortie médiatique de l'ancien trotskiste intervient en soutien au maire écologiste de Colombes, Patrick Chaimovitch, qui déclarait le 19 juillet lors de la commémoration du 78e anniversaire de la rafle du Vélodrome d'Hiver que «les policiers français, les gendarmes français, qui ont obéi aux ordres de leurs supérieurs en mettant en œuvre la rafle du Vél d’Hiv' et d’autres encore […] sont les ancêtres de ceux qui aujourd’hui, avec le même zèle, traquent les migrants, les sans-papiers, les déboutés des droits humains».