A peine élu, le maire EELV de Colombes compare les forces de l'ordre à celles de Vichy
Gérald Darmanin a menacé le nouvel édile EELV de Colombes de poursuites après sa comparaison entre les forces de l'ordre républicaines et la police sous Vichy. Ces propos ont été tenus lors de la commémoration de la rafle du Vél d'Hiv.
Après les sorties anti-vaccins de Michèle Rubirola (maire de Marseille), le militantisme anti-5G d'Eric Piolle (maire de Grenoble), voici qu'un nouveau maire EELV s'est laissé aller à une interprétation bien particulière de l'histoire française.
La scène s'est déroulée le 19 juillet, dans la ville de Colombes (Hauts-de-Seine), au cours de la commémoration du 78e anniversaire de la rafle du Vélodrome d'Hiver à laquelle participait l'édile nouvellement élu Patrick Chaimovitch.
📷 Retour en images sur la Commémoration du 78e anniversaire de la rafle du Vélodrome d'hiver qui s'est tenue hier à #Colombespic.twitter.com/R5aQJ2f4jO
— Ville de Colombes (@VilleColombes) July 20, 2020
«Les policiers français, les gendarmes français, qui ont obéi aux ordres de leurs supérieurs en mettant en œuvre la rafle du Vél d’Hiv et d’autres encore […] sont les ancêtres de ceux qui aujourd’hui, avec le même zèle, traquent les migrants, les sans-papiers, les déboutés des droits humains», a assené Patrick Chaimovitch dans une vidéo partagée sur les réseaux sociaux.
Avec le bon extrait. pic.twitter.com/ybgzTTQR4C
— Vincent G. Richard (@V_G_Richard) July 26, 2020
Loin de regretter les propos censés justifier l'accueil de migrants dans la ville de Colombes tenus lors de son discours, Patrick Chaimovitch a appuyé sa comparaison dans un post Twitter.
«Un moment émouvant au cours duquel j'ai tenu à faire le lien entre la rafle du Vél d'Hiv et d'une part tous les génocides avant et après le nazisme ; d'autre part les migrants pourchassés partout en Europe parce qu'ils sont différents», s'est-il ainsi expliqué.
Un moment émouvant au cour duquel j'ai tenu à faire le lien entre la rafle du vel d'hiv et d'une part tous les génocides avant et après le nazisme; d'autre part les migrants pourchassés partout en Europe parce qu'ils sont différents
— patrick chaimovitch (@pchaimovitch) July 20, 2020
La séquence a été repérée par Zohra Bitan, une actviste et chroniqueuse qui avait justement organisé une manifestation de soutien aux forces de l'ordre le 27 juin dernier.
«Une plainte s’impose. Le maire EELV de Colombes compare la police et la gendarmerie d'aujourd'hui à la police collaborationniste de Vichy, responsable de la rafle du Vel d'Hiv. Cet élu est indigne et mérite une plainte au pénal !», a-t-elle écrit sur Twitter.
Bonjour @prefpolice Une plainte s’impose. Le maire @EELV de Colombes compare la police et la gendarmerie d'aujourd'hui à la police collaborationniste de Vichy, responsable de la rafle du Vel d'Hiv. Cet élu est indigne et mérite une plainte au pénal ! #AvecNosForcesDeLordrepic.twitter.com/xyltXF3PRA
— Zohra Bitan #AvecNosForcesDeLordre 🇫🇷 (@ZohraBitan) July 26, 2020
Son message semble avoir porté jusqu'aux oreilles du ministre de l'Intérieur, car celui-ci s'est fendu d'un tweet au cours duquel il menace le maire de poursuites.
«Si les propos scandaleux et insupportables envers la police et la gendarmerie de la République sont confirmés, je déposerai plainte envers le Maire de Colombes qui a comparé les forces de l’ordre à la police de Vichy», a prévenu Gérald Darmanin.
Si les propos scandaleux et insupportables envers la police et la gendarmerie de la République sont confirmés, je déposerai plainte envers le Maire de #Colombes qui a comparé les forces de l’ordre à la police de Vichy.
— Gérald DARMANIN (@GDarmanin) July 26, 2020
Le maire regrette que ses propos aient pu porter à confusion
Devant l'ampleur de la polémique, le maire a finalement adressé un communiqué de presse à l'AFP où celui-ci affirmer «regretter que [s]on propos ait pu porter à confusion» et rappelle son «soutien aux policiers et aux gendarmes qui exercent la lourde responsabilité républicaine de sécurité dans des conditions extrêmement difficiles».
«Il n'y a pour moi aucune comparaison possible entre police et gendarmerie d'un Etat démocratique d'une part, et police et gendarmerie de l'État pétainiste d'autre part», insiste-t-il, réfutant tout parallèle entre «le sort des migrants» et celui «des Juifs promis à l'extermination».
Si le ministre décide de porter plainte, celle-ci risque-t-elle d'aboutir ? Techniquement, la police nationale française a été créée par Philippe Pétain le 14 août 1941. Les fonctionnaires devaient alors prêter serment de fidélité au maréchal à la tête de l'Etat français. Une pratique qui n'est évidemment plus en vigueur depuis la rétablissement de la République à la Libération le 9 août 1944.