Deuxième tour des municipales : le gouvernement doit trancher entre une échéance proche et un report
Reporter à plusieurs mois l'échéance du deuxième tour des municipales, au risque de devoir annuler le premier tour, ou favoriser un scrutin en juin malgré le risque sanitaire ? Un dilemme auquel le gouvernement va devoir répondre avant fin mai.
Ainsi que l'a souligné le journal Le Monde ce 20 mai, l'exécutif va devoir trancher sur le report ou non des élections municipales avant le 27 mai, pour les communes qui n'ont pas élu de maire dès le premier tour le 15 mars. Le second tour éventuel serait organisé en juin, le cas échéant. Mais si les indicateurs de l'épidémie recommandent la prudence, selon certains observateurs, des membres de la majorité ont admis auprès du quotidien vespéral que le débat était «intense» au sommet de l'Etat.
Le Monde rappelle que deux mois après le premier tour, «maintenu le 15 mars par un Emmanuel Macron hésitant, l’exécutif se trouve confronté au même dilemme au moment de fixer la date du second tour».
Certains partis comme Debout la France (DLF) estiment qu'il vaudrait mieux reporter les deuxièmes tours dans les villes concernées. Le parti souverainiste de droite a ainsi déploré dans un communiqué : «Par calcul politique, les responsables des grands partis s'étaient opposés au report du premier tour des municipales du 15 mars dernier. Aujourd'hui, ceux qui veulent fixer le second tour dès le mois de juin ont exactement la même motivation. La liste des 36 maires qui ont signé une motion en faveur du mois de juin montre que parmi eux, ceux qui étaient en tête au premier tour sont dix fois plus nombreux que les autres. Cela se passe de commentaire. N'étant pas concernés à titre personnel par ce second tour, nous sommes opposés au choix du mois de juin en raison des risques de contamination et pour respecter la sincérité du scrutin.»
Le second tour était initialement prévu pour le 22 mars ; de nombreux élus appellent désormais de leurs vœux un deuxième tour au mois de juin, notamment dans les grandes villes. Plutôt qu'un report, donc, après l'été. Le dilemme juridique est le suivant : le deuxième tour ne doit pas trop s'éloigner du premier, sans quoi il faudrait réorganiser la totalité du scrutin... Ce qui reviendrait à admettre que le premier tour se serait joué pour rien dans les 4922 communes qui n'ont pas élu un maire d'emblée.
Décision au plus tard le 27 mai selon la loi sur l'état d'urgence sanitaire
La loi d'urgence sanitaire laisse jusqu'au 27 mai pour fixer une nouvelle date. Selon Le Monde, le débat a accaparé une grande partie du dernier déjeuner de la majorité, le 19 mai. Citant des participants, le quotidien explique que «le débat a été intense entre les tenants d’un scrutin en juin et ceux d’un report à l’automne voire au-delà.» L'idée derrière cette dernière option étant de faire coïncider les scrutins régionaux, départementaux et municipaux au printemps 2021.
Interrogé par France 2 ce 20 mai, le marcheur et président de l'Assemblée nationale Richard Ferrand a toutefois incité à «beaucoup de prudence quant à une décision hâtive qui précipiterait le second tour.»
Edouard Philippe, cité par Le Monde, trouvait au contraire incohérent de ne pas pouvoir voter dans le contexte du déconfinement après le 2 juin. Un proche du chef du gouvernement aurait assuré : «On ne reporte pas une élection de gaieté de cœur mais on ne joue pas avec la santé des Français.»... Un message intéressant à analyser au regard du premier tour de ces mêmes élections, maintenu seulement quelques jours avant le confinement général de la population.
Les avis fragmentés de l'opposition et des élus
L'Elysée assure pour sa part que l'actuel locataire du palais présidentiel n'a pas encore pris sa décision, toujours selon Le Monde. Le journal ajoute que le président de la République aurait «très mal vécu l’accusation d’avoir négligé la santé des Français en maintenant le premier tour des municipales le 15 mars»... Edouard Philippe l'aurait encouragé à maintenir ce premier tour.
Le Conseil scientifique, lui-même, «pas opposé» à la tenue du scrutin, refuse de se prononcer pour le moment et considère qu'il s'agit d'une «décision politique».
L'actuel chef du gouvernement, Edouard Philippe, recevait les chefs de partis politiques en fin de journée ce 20 mai pour évoquer ce sujet avec eux. Avant cela, Christian Jacob, à la tête du parti Les Républicains (LR), avait annoncé ce 20 mai au matin, sur LCI : «C'est sa décision, qu'il la prenne : ça ne relève pas d'une décision du Parlement. Je vais lui dire ce soir cette position.» Et de mettre le gouvernement actuel au défi : «S'ils ont peur de gouverner, qu'ils le disent !» Même position pour la présidente du Rassemblement national (RN), Marine Le Pen qui fait valoir qu'il ne revenait «pas à l'opposition de décider». Par contraste, selon l'AFP, les maires de France sont plutôt pour une accélération de l'échéance du second tour.
Le second tour aura lieu en juin ou janvier 2021, a dit Philippe aux partis
Dans la soirée de ce 20 mai, un des participants à la rencontre entre les chefs de partis politique et Edouard Philippe a confié à l'AFP que celui-ci avait balayé l'éventualité d'un report en septembre.
C'est juin ou janvier
«Le Premier ministre a écarté septembre très clairement, et l'automne aussi, en disant c'est juin ou janvier», a rapporté cette source. Selon plusieurs responsables de partis, le chef du gouvernement a expliqué qu'il fallait un mois et demi pour faire campagne et que ce serait compliqué avec la rentrée scolaire, tandis qu'en octobre, ce serait impossible d'interrompre la session des débats sur le budget au parlement.