«Ils ont menti depuis le début» : une députée LREM fustige le gouvernement pour sa gestion du Covid
Martine Wonner, seule députée LREM qui n'a pas voté pour le plan de déconfinement du gouvernement, dénonce une «gestion de la crise sanitaire catastrophique» sans «aucune stratégie thérapeutique». Elle est convoquée par son parti pour s'en expliquer.
La députée La République en marche (LREM) du Bas-Rhin Martine Wonner médecin psychiatre de profession, est la seule des 297 élus du parti présidentiel à l'Assemblée, à avoir voté le 28 avril contre le plan de déconfinement présenté par le gouvernement.
Six «marcheurs» se sont par ailleurs abstenus. En outre, certains députés LREM, comme Aurélien Taché ou Guillaume Chiche, qui ont voté pour le plan, avaient déploré l'organisation du vote le jour même de la sa présentation, sans laisser un délai de réflexion aux parlementaires.
Martine Wonner, de l'aile gauche de la majorité, est convoquée le 6 mai à 14h par le bureau de LREM à l’Assemblée nationale pour s'en expliquer en visioconférence .
«Oui il y a des traitements possibles. C'est la raison pour laquelle j'ai voté contre ce plan de déconfinement»
Auprès de France 3, Martine Wonner a déjà justifié les raisons de sa décision :«Si j'ai voté contre le plan de déconfinement, c'est d'abord parce que le gouvernement ne propose aucune stratégie thérapeutique. La gestion de la crise sanitaire est catastrophique. "Protéger, tester, confiner", c'est très bien, il faut continuer comme ça. Sauf que dire aux gens : "Si vous avez des symptômes, vous restez chez vous et vous prenez du Doliprane.", au XXIe siècle, c’est totalement indigne.»
Parce qu'on ne peut pas en toute sécurité dire aux gens de reprendre leurs activités, les enfants l'école et dès qu'on vous aura dépisté positif, vous serez confinés avec une boîte de Doliprane. Pour moi, c'est un scandale
Favorable au recours à l'hydroxychloroquine face au Covid-19, la député alsacienne se bat contre deux décrets datant des 23 et 25 mars, qui autorisent uniquement les pharmacies hospitalières à prescrire ce médicament, en le réservant aux patients hospitalisés ayant des symptômes avancés de la maladie (patients sous oxygène ou en réanimation).
Ainsi, le médecin psychiatre de profession milite, avec le collectif «Laissons les médecins prescrire» dont elle fait partie, pour une liberté de prescription par les médecins généralistes, et non seulement les pharmacies d'officine. «On a perdu du temps et des vies, on aurait pu épargner énormément de décès. Parce que les médecins connaissent leurs patients et qu'ils connaissent les effets secondaires de cette molécule, utilisée depuis longtemps. C'est la première fois en France qu'on limite la libre prescription des médecins, ça ne s'est jamais vu», dénonce-t-elle.
De plus, selon Martine Wonner, il faudrait prescrire ce traitement dès les premières manifestations du coronavirus. «On sait que l'hydroxychloroquine ne fonctionne que si elle est associée avec l'azythromicine et tout au début de la maladie, quand la charge virale est importante. Quand on est obligé de prendre de l’oxygène, ce n’est plus le virus qui s'exprime, mais c'est l’effet inflammatoire et la réponse immunitaire associée», explique-t-elle.
Et de poursuivre : «Oui il y a des traitements possibles. C'est la raison pour laquelle j'ai voté contre ce plan de déconfinement. Parce qu'on ne peut pas en toute sécurité dire aux gens de reprendre leurs activités, les enfants l'école et dès qu'on vous aura dépisté positif, vous serez confinés avec une boîte de Doliprane. Pour moi c'est un scandale.»
Étude à l'appui, un collectif de médecins plaide pour la liberté de prescrire en ville l'hydroxychloroquine contre #COVID__19#azithromycine#Hydroxychloroquine#soins#coronavirushttps://t.co/qgkB1jLSZe
— Laissonslesprescrire (@Laissonslespre1) May 1, 2020
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«Ils ont menti depuis le début»
Pour Martine Wonner, son refus de voter en faveur de la stratégie retenue par le gouvernement en vue du déconfinement prévu le 11 mai, s'explique aussi par une perte de confiance dans la manière dont les autorités publiques gèrent la crise sanitaire.
«Je crains que ce soit le péché français de laisser notre pays aux mains d'une poignée de hauts fonctionnaires qui ont le sentiment d'avoir en toute situation la maîtrise et la science infuse. Il me semble qu'ils sont adaptés à un fonctionnement étatique classique, hors crise. Mais ils sont incapables de gérer des décisions à prendre rapidement. On le voit sur les masques, sur les tests et sur cette question d'un traitement», estime-t-elle, en référence notamment aux polémiques sur le discours confus de l'exécutif sur le port du masque.
«Ils ont menti depuis le début. Au lieu de dire honnêtement : "On n'a pas suffisamment de protections, on va commencer par un confinement drastique, et quand on aura des masques pour tout le monde, on va alléger.», martèle l'élue. L'«absence d'humilité du Premier ministre» lors de son discours du 28 avril à l'Assemblée nationale importune également Martine Wonner, puisqu'«à aucun moment il ne fait amende honorable pour dire qu'il s’est trompé».
Convocation
Conséquence directe de son vote, la députée du Bas-Rhin sera interrogée, le 6 mai, par le bureau de LREM à l'Assemblée nationale.
«Gilles Legendre et les 8 whips seront présents. "Whip" ça veut dire fouet en anglais, c'est eux qui nous appellent avant un vote, pour nous dire la conduite à adopter sur tel ou tel texte. Ils sont là pour discipliner les députés de la majorité», a commenté Martine Wonner auprès de France 3. Néanmoins, cette convocation «ne change rien», selon l'élue, qui se déclare toujours membre du groupe majoritaire «en cette période de crise». «Nous formons un groupe important, avec des tendances et des idées différentes et [...] c'est ça, la richesse du groupe», confie-t-elle également à l'AFP.
Interrogé sur d'éventuelles sanctions en cas de votes dissidents, le président du groupe LREM à l'Assemblée nationale Gilles Le Gendre avait répondu : «Nous verrons.», le 5 mai avant la présentation du plan et le scrutin, rapporte l'AFP.