Covid-19 à Mulhouse : un pasteur demande pardon, la situation sur le terrain se dégrade

Covid-19 à Mulhouse : un pasteur demande pardon, la situation sur le terrain se dégrade© Sébastien Bozon Source: AFP
Cliché pris dans l'Eglise évangélique de Mulhouse le 10 mai 2015 (image d'illustration).
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Alors que la polémique autour de la tenue d'un rassemblement religieux réunissant plus de 2 500 personnes fin février à Mulhouse ne cesse d'enfler, un pasteur a fait son mea culpa lors d'un prêche. Sur le terrain, la situation se dégrade nettement.

«Je voudrais demander pardon d’avoir pris à la légère cette crise […] Je n’ai pas su écouter. J’ai parlé légèrement et j’aimerais demander pardon. J’aimerais demander pardon à Dieu pour mon égoïsme.» C’est la mine grave qu’est apparu le pasteur Thiebault Geyer, lors d’une retransmission d’un de ses prêches le 17 mars sur les réseaux sociaux (à partir de 47,30 minutes). Membre de la Porte ouverte chrétienne, cette Eglise évangélique désormais connue pour avoir organisé un rassemblement de 2 500 croyants entre le 17 et le 24 février à Mulhouse, dans le Haut-Rhin, et entraîné plusieurs cas de contamination au coronavirus, l’homme de foi semble nourrir nombre de regrets.

Une «non prise en compte des mesures de bases» selon le préfet du Grand-Est

«Aujourd’hui ce sont nos frères et sœurs qui sont dans la souffrance […] J’aimerais vraiment nous encourager à penser à eux [et] que l’on arrête de parler légèrement sur cette situation. Qu’on puisse être unis comme jamais» a-t-il encore ajouté, visiblement submergé par l’émotion. Son Eglise se retrouve au cœur d’une polémique après la tenue l’événement, baptisé «Les portes ouvertes chrétiennes», auquel ont participé des personnes venues de toute la France mais aussi de pays limitrophes comme la Belgique, la Suisse et encore l’Allemagne.

Après ce rassemblement, dont l’entrée était libre et sans inscription, et face aux nombreux cas de Covid-19 diagnostiqués dans le département, le préfet Laurent Bouvet a interdit, le 6 mars, les rassemblements de plus de 50 personnes. Mais son homologue de la région Grand-Est et du Bas-Rhin, Josiane Chevalier, a employé un ton bien plus accusateur le 17 mars à l'antenne de France Inter. Selon elle, l’épidémie est «partie d’un rassemblement évangélique qui a eu lieu dans le Haut-Rhin, avec plus de 3 000 personnes et un non-respect des mesures barrières : en résumé, tout ce qu’il ne faut pas faire. On paie le prix fort de cette non prise en compte des mesures de base».

Emmanuel Macron se trouvait lui-même à Mulhouse le 19 février, soit deux jours après le début de l’événement religieux, et comme le montrent ces clichés repris par des internautes sur les réseaux sociaux, le président de la République ne semblait alors pas vraiment au fait des fameux «gestes barrières». Un détail que n’a pas manqué de souligné Nathalie Schnoebelen, chargée de communication au sein de l’Eglise, le 19 mars auprès de nos confères du Point, assurant avoir été «proactive» dans ses démarches avec l’administration afin d’assurer la bonne tenue du rassemblement.

Dans une tribune mis en ligne le 14 mars sur le site infochretienne.com, des hommes d’église, journalistes ou encore blogueurs se sont insurgés contre le procès fait à leurs «frères» de Mulhouse. «Ce qui est arrivé à la Porte Ouverte Chrétienne aurait pu arriver dans n’importe quelle église, n’importe quel rassemblement, n’importe quelle conférence… Cela aurait pu nous arriver, à vous et moi. Et on nous aurait accusé pour cela ?!», ont-ils fait valoir.

«C’est terrible»

Pendant ce temps, la situation sur le terrain s’est très nettement dégradée. D’après un dernier bilan de l’Agence régionale de santé (ARS) du Grand-Est, daté du 19 mars, 93 personnes ont trouvé la mort des suites du coronavirus dans la région depuis le début de l’épidémie, et 1 169 sont hospitalisées dont 300 en réanimation. L’ARS a par ailleurs souligné que la situation «s’aggrav[ait]» et invité à «limiter les déplacements [et] respecter strictement les mesures barrières».

Mulhouse fait, elle, partie des villes les plus touchées par la maladie. «C'est terrible. Des jeunes qu'il faut intuber de toute urgence, des personnes âgées balayées en quelques heures, des équipes médicales qui arrivent à saturation complète après 15 jours de mobilisation, des gens en pleurs, des plans nationaux, la peur pour soi et pour ses proches... Quand on est dedans, les choses sont extrêmement compliquées», confesse auprès du Figaro le président de la région Grand-Est, Jean Rotnner, par ailleurs médecin urgentiste à l’hôpital de la ville.

Au total, d’après des chiffres communiqués le 19 mars par le ministère de la Santé, 372 patients français sont décédés du virus, soit 108 de plus en 24h, et 4 761 personnes ont été hospitalisées dont 1 122 sont en réanimation. «Les cas de contamination doublent tous les quatre jours», a déclaré le directeur général de la Santé, Jérôme Salomon, lors de son point presse quotidien. 

Selon un bilan établi par l’AFP le 19 mars, 9 827 personnes ont trouvé la mort dans le monde des suites du Covid-19 apparu en décembre dernier.

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