Des chefs d'établissements scolaires s'insurgent contre «la violence du climat social actuel»

Des chefs d'établissements scolaires s'insurgent contre «la violence du climat social actuel»© Christian Hartmann Source: Reuters
Des lycéens et des étudiants français assistent à une manifestation contre la proposition de loi française du travail à Paris, dans le cadre d'une manifestation nationale de réforme du travail et de grèves, le 31 mars 2016 (image d'illustration).
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Dans une tribune publiée dans Le Monde, plus de 50 chefs d'établissements parisiens appellent à cesser les blocages de lycées, collèges et écoles afin de retrouver un climat serein au moment des premières épreuves du bac en contrôle continu.

Un collectif regroupant une cinquantaine de chefs d’établissements parisiens a publié une tribune, ce 27 janvier, dans le quotidien Le Monde, afin de dénoncer les récents blocages d’écoles, collèges et lycées par des professeurs et des élèves qui protestent notamment contre la réforme de Jean-Michel Blanquer.

Ces chefs d’établissements fustigent «la violence du climat social actuel» qui «impacte le quotidien de l’école, miroir de notre société», peut-on lire dans la tribune. Et de continuer : «Les tensions ne cessent de croître et se manifestent par des actions de blocage de plus en plus agressives et dangereuses.» «Ces actions sont illégales, il faut le rappeler avec force, et elles ont de graves conséquences», estiment-ils de surcroît.

Alors que la première session des épreuves communes de contrôle continu du baccalauréat, communément surnommée E3C, se déroule depuis le 20 janvier et jusqu'à la mi-mars selon les établissements, des actions ont été organisées dans plusieurs villes de France à l’appel de la quasi-totalité des syndicats étudiants, dès le premier jour des examens.

Selon le ministère de l'Education nationale, seulement «cinq établissements» ont été «bloqués» le 20 janvier, avec des épreuves qui ont dû être reportées et «24 actions de mobilisations» ont été recensées en France. Toutefois, quelques jours plus tard, «Stop bac Blanquer - Stop EC3», un compte Twitter anonyme et engagé, a recensé ces actions. Et il a dénombré, le 24 janvier, 95 lycées qui ont annulé ou reporté les épreuves, 16 lycées où il y a eu des actions symboliques avec passation partielle des épreuves et 74 lycées où des mobilisations se sont déroulées sans entraver le déroulement des épreuves. Une carte, réalisée par «Stop bac Blanquer - Stop EC3», recensant la liste des irrégularités pendant le déroulement de la première session des E3C est d'ailleurs consultable en ligne.

«Ce sont les plus vulnérables qui paient le plus lourd tribut»

Le collectif de chefs d'établissements a d'abord souhaité revenir sur les conséquences des blocages. «Nous déplorons collectivement la mise à mal de nos établissements : équipes divisées entre les jusqu’au-boutistes et ceux qui sont épuisés de ne plus exercer leur métier, élèves désorientés et à cran», est-il signalé dans la tribune. Avant de souligner : «Il faut encore une fois le dire haut et fort : ce sont les plus vulnérables qui paient le plus lourd tribut.»

Ces chefs d'établissements ont ensuite remarqué : «Ceux qui ont des parents aisés pourront toujours s’offrir des cours de rattrapage ou quitter l’école publique, mais qui s’occupera des autres ?»

Le collectif rappelle également son attachement à la liberté d'expression, mais aussi ses limites inhérentes, selon eux : «Nous soutenons l’expression des idées, pourvu qu’elle se fasse sans agresser les autres, sans nuire aux plus fragiles. La liberté de protester ne doit pas exclure la liberté d’étudier et de travailler.»

Et de continuer sur les conséquences, selon eux, du climat social : «Quand tout a échoué et que les élèves ne veulent plus nous écouter, quand la situation devient dangereuse et que notre autorité ne suffit plus à garantir les conditions de sécurité, nous prenons les mesures qui s’imposent : des sanctions décrites dans le règlement intérieur adopté par la communauté scolaire, le recours aux forces de l’ordre en cas de mise en danger d’autrui.»

Le collectif de chefs d'établissements conclut sa tribune en «demand[ant] solennellement aux élèves, à leurs parents, aux enseignants, à toutes les organisations syndicales qui les représentent ou qui les soutiennent, de faire cesser les blocages des établissements publics d’enseignement». Pointant du doigt : «Aucun élève ne doit rester sur le trottoir, aucun personnel ne doit être empêché de travailler : c’est une condition nécessaire pour que vive une réelle expression démocratique.»

 

Un début «chaotique» du nouveau baccalauréat

Professeurs, lycéens et manifestants, sur appel des syndicats, protestent contre la réforme du bac dont la toute nouvelle version, vectrice selon eux d'inégalités, entrera en vigueur en 2021 : les séries ES (économique et social), S (scientifique) et L (littéraire) sont supprimées au profit d'un bac dit «modulaire». Les épreuves anticipées des élèves de première de 2020, dites «E3C», entrent dans ce cadre.

Ainsi, le nouveau bac voulu par Jean-Michel Blanquer, qui démarrait la semaine dernière avec les premières épreuves de contrôle continu, a connu dans certains établissements un début «chaotique», d'après l'AFP.

Ce 27 janvier, les actions de protestation se poursuivaient également à Bayonne (Pyrénées-Atlantiques) aux abords du lycée René Cassin, où plusieurs dizaines d'élèves bloquaient l'entrée de l'établissement, et avaient installé des pancartes sur lesquelles on pouvait lire «Non aux E3C» et «Non à cette réforme».

Des mobilisations «contre les E3C» sont également en cours devant le lycée Auguste Renoir de Cagnes-sur-Mer (Alpes-Maritimes).

Le même jour, des élèves du lycée parisien Maurice Ravel (XXe) se sont allongés devant l'entrée du bâtiment pour bloquer les épreuves des E3C, le 27 janvier.

Le 24 janvier, des dizaines d'élèves et étudiants bloquaient l'entrée du lycée Charles de Gaulle, dans le centre de Caen (Calvados). 

«A Saint-Etienne [Loire], des élèves ont fait irruption dans la salle où se déroulait l'examen, renversé des tables, arraché des copies et en ont aspergé certaines de détergent», a également rapporté, le 24 janvier, Pascal Bolloré, secrétaire général adjoint du principal syndicat des chefs d'établissement (SNPDEN), d'après l'AFP.

Le 21 janvier, des élèves du lycée François Mauriac à Bordeaux (Gironde) ont également bloqué le déroulement des E3C dans leur établissement. «Les E3C du bac sont reportées. Professeurs et parents d'élèves sont aux côtés des lycéens et soutiennent le mouvement», a rapporté France Bleu Gironde.

Dans la majorité des cas, les E3C ont toutefois pu avoir lieu. Mais pas forcément selon les mêmes modalités. Si dans certaines salles d'examen, on se rapprochait des conditions de passage normales du baccalauréat, dans d'autres, les élèves ont planché dans un cadre bien moins strict, d'après l'AFP.

Lire aussi : Lille, Bordeaux, Paris... lycées bloqués et épreuves perturbées contre la réforme du baccalauréat

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