Maintien de l'ordre: «Il faut que le préfet de police revienne à la doctrine Grimaud», selon Hidalgo
Candidate pour la mairie de Paris en mars 2020, Anne Hidalgo était interrogé par la radio de service publique à propos du bilan sécuritaire dans sa ville, mais elle a également épinglé le préfet Lallement au sujet du maintien de l'ordre.
Au micro de France Inter ce 22 janvier, interrogée au sujet de la question sécuritaire dans la capitale française, la maire de Paris Anne Hidalgo a reconnu un problème d'«augmentation extrêmement importante de l'insécurité». Et l'édile d'énumérer : «insécurité routière, vol à la tire, cambriolages», des problèmes qui relèvent, rappelle-t-elle, «des pouvoirs de la police nationale».
L'élue socialiste qui caracole en tête dans les derniers sondages pour l'élection municipale parisienne, selon une enquête Ifop publiée le 19 janvier qui la crédite de 25% d'intentions de vote, loin devant Rachida Dati, Benjamin Griveaux et Cédric Villani, ajoute qu'il y a aussi «un problème de maintien de l'ordre».
Mais elle avance également une proposition : «Moi je pense qu'il faut absolument que le préfet de police de Paris revienne à la doctrine Grimaud, le préfet Grimaud, le préfet de 68, qui a été un des penseurs de la doctrine de maintien de l'ordre, c'est-à-dire permettre l'expression libre de toute les manifestations et éviter qu'il y ait des morts ou des blessés.»
Puis Anne Hidalgo, précise : «Pour être claire, je pense qu'il faudrait que le ministre de l'Intérieur regarde de plus près ce qu'il se passe aujourd'hui à la préfecture de police. Je ne demande pas de sanction du préfet de police, je demande simplement que l'on revienne à la doctrine Grimaud.»
.@Anne_Hidalgo , sur le maintien de l'#ordre à Paris : "Il y a un problème d'augmentation de l'#insécurité à Paris, il faudrait que le ministre de l'Intérieur regarde de plus près ce qui se passe à la #Préfecture de police" #municipales2020#le79Interpic.twitter.com/7w7edPxjAN
— France Inter (@franceinter) January 22, 2020
Pour mémoire l'emblématique préfet de police de Paris Maurice Grimaud, décédé en 2009 à l'âge avancé de 95 ans est retenu dans l'histoire pour avoir cherché à prôner à une politique dite «zéro mort» au cours des événements insurrectionnels de mai 1968 dans la capitale.
Ainsi, quelques jours après les accès de violences les plus importants de la fin du mois de mai, cette année-là, il a écrit une fameuse lettre aux effectifs qu'il commandait, dont les mots sont restés célèbres et ont été rappelés par certains Gilets jaunes au cours de la récente crise sociale, à l'instar de la manifestante parisienne Florence, surnommée, à 64 ans, «la mamie des Gilets jaunes». La lettre invitait notamment les policiers à faire preuve de retenue : «Frapper un manifestant tombé à terre, c'est se frapper soi-même en apparaissant sous un jour qui atteint toute la fonction policière. Il est encore plus grave de frapper des manifestants après arrestation et lorsqu'ils sont conduits dans des locaux de police pour y être interrogés. [...] Etre policier, poursuit le préfet, n'est pas un métier comme les autres ; quand on l'a choisi, on en a accepté les dures exigences, mais aussi la grandeur.»
L'actuel préfet de police de Paris et ancien préfet de Bordeaux, Didier Lallement, a quant à lui déjà été critiqué pour son profil autoritaire et ses certaines de ses sorties. Plusieurs personnalités politiques de tous bords ont appelé à sa démission.
Choisi pour remplacer rapidement Michel Delpuech après les manifestations émaillées de violences de mars 2019, le nouveau préfet de police de Paris a notamment expliqué, sous l’œil des caméras place d'Italie à Paris le 17 novembre, à une femme se revendiquant des Gilets jaunes : «Nous ne sommes pas dans le même camp, madame.»
Les déambulations du préfet Lallement.
— Alexis Poulin (@Poulin2012) November 17, 2019
Ce fonctionnaire, répondant à une citoyenne, lui répond « nous ne sommes pas dans le même camp, madame. »
Voilà qui illustre la dérive autoritaire: un préfet n’a pas de « camp » dans l’exercice de sa fonction.
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Le préfet Lallement est considéré comme responsable d'un tournant dans l'emploi de la force à Paris face aux manifestants et casseurs : plus de mobilité, notamment avec la Brigade de répression de l'action violente (BRAV) et plus de contact, donc moins de mise à distance.
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