Coups au visage: les policiers portent plainte contre le manifestant, Castaner réagit à la polémique
Après qu'une vidéo a émergé en ligne montrant un policier frapper au visage un manifestant maîtrisé au sol, le ministre de l'Intérieur a estimé qu'en cas de faute établie, il devrait y avoir une sanction. Le fonctionnaire, lui, a porté plainte.
Dans l'affaire du manifestant qui a reçu des coups au visage alors qu'il était maintenu au sol en marge de l'acte 62 des Gilets jaunes le 18 janvier à Paris, trois fonctionnaires de police présents sur les lieux de cette intervention près de la Gare de l'Est auraient porté plainte contre le manifestant en question pour violences volontaires, selon les informations de BFMTV. Parmi ces trois policiers figurerait notamment celui de la brigade de la répression de l'action violente (BRAV) que l'on voit asséner les coups dans cette vidéo devenue virale.
Le secrétaire administratif général adjoint du syndicat de police Alliance, Stanislas Gaudon, a accusé sur BFMTV le manifestant de n'avoir «eu de cesse d'attaquer les policiers». Selon lui, une fois qu'il a été maîtrisé, les policiers se seraient aperçus qu'il avait une plaie à la tête : «Lorsque mon collègue a voulu lui porter secours, cet individu a craché du sang au visage, à deux reprises, du collègue. Et vous savez ce qu'il a dit ? Quels ont été ses propos ? "J'ai le sida, tu vas crever". Voilà le contexte de l'interpellation.»
Cet événement aurait conduit le fonctionnaire de police à une hospitalisation et à son placement sous trithérapie.
Alice Becker, Raphaël Kempf, Eliot Sourty et Camille Vannier, les avocats du manifestant, ont pour leur part fait valoir que le jeune homme avait «été violemment frappé à la tête alors qu'il était maintenu au sol et ne représentait aucune menace».
Une enquête judiciaire a été ouverte par le parquet de Paris pour violences volontaires par personne dépositaire de l'autorité publique et une autre, administrative, lancée par la préfecture de police de Paris.
De son côté, le manifestant sera jugé pour «violences sur personnes dépositaires de l'autorité publique», «rébellion et participation à un groupement formé en vue de commettre des violences et des dégradations», selon l'AFP. Dans l'attente de son procès, dont la date n'est pas encore connue, le parquet va requérir sa mise en liberté sous contrôle judiciaire.
Castaner rappelle sa ligne de fermeté
Christophe Castaner qui se rendait à Rennes ce 20 janvier pour poser la première pierre de la nouvelle préfecture a lui aussi été interpellé à ce sujet par les médias sur place. Le ministre de l'Intérieur a reconnu des «images choquantes» et a précisé que le préfet de police de Paris avait «immédiatement saisi ses services pour les comprendre, pour voir s'ils peuvent trouver une explication. A l'heure qu'il est, je n'en vois aucune.»
Et Christophe Castaner d'assurer : «L'IGPN a été saisie dans le cadre d'une demande du procureur. Il faut que la vérité soit faite sur cet acte et que nous le comprenions. S'il y a une faute, elle sera sanctionnée.»
Il a en revanche refusé de commenter les plaintes des policiers, même s'il a reconnu des images «choquantes». Christophe Castaner a aussi tenu à rappeler «qu'il n'y avait pas de combat entre deux bandes» et de souligner : «Les seuls qui sont légitimes à utiliser la force, ce sont les forces de l'ordre, mais elles doivent le faire avec rigueur, avec proportionnalité et c'est ce qu'elles font au quotidien.»
Avant de concéder : «Il peut y avoir des fautes, ces fautes doivent faire l'objet d'enquêtes et non pas de procès médiatiques ou de procès politiques, et ensuite s'il y a faute établie, il faut qu'il y ait des sanctions. Je n'ai jamais dévié sur cela, je le maintiens et je sais que c'est un message qui est partagé et qui est parfaitement compris par les forces de sécurité intérieure.»
Quatre jours d'ITT pour le manifestant
Selon les informations du Point, le manifestant nommé Clément F., originaire d'Ille-et-Vilaine, a fait valoir son droit au silence pendant son audition. Après avoir été examiné par un médecin de l'hôpital Bichat à Paris, il lui a été prescrit une incapacité temporaire de travail de quatre jours.
Toujours d'après le journaliste Aziz Zemouri, le manifestant avait été repéré et suivi au cours de la journée : «Clément F. est repéré une première fois au niveau du 142, rue du Faubourg-Saint-Martin, dissimulant son visage avec un tissu noir et porteur d'une veste à capuche recouvrant sa tête. Selon le témoignage d'un policier sur procès-verbal, Clément F. a ramassé des bouteilles en verre et en a lancé à plusieurs reprises sur les effectifs de CRS. Un des projectiles a blessé un brigadier à l'épaule.»
Ensuite, décrit Le Point, Clément F. aurait pris la fuite et il aurait été aperçu aux abords d'une interpellation en train de porter des coups au policier avant de recevoir lui même un coup de bâton de défense.
Cette intervention s'est déroulée après que des manifestants ont quitté le parcours préétabli par la préfecture de police de Paris dans un climat de violence croissant, selon les témoignages accordés au Point.
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