La famille de Cédric Chouviat, livreur mort après un contrôle de police, évoque un «assassinat»

La famille de Cédric Chouviat, livreur mort après un contrôle de police, évoque un «assassinat»© STEPHANE DE SAKUTIN / AFP Source: AFP
Arié Alimi, avocat de la famille de Cédric Chouviat, ici en décembre 2018 (image d'illustration).
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Un livreur de 42 ans est mort des suites d'un arrêt cardiaque après un contrôle de police. Sa famille a porté plainte pour «violences volontaires ayant entraîné la mort». Le parquet a ouvert une information judiciaire pour homicide involontaire.

Que s'est-il passé le 3 janvier 2020 vers 10h du matin, à l’angle du quai Branly et de l'avenue de Suffren, à Paris ? 

Cédric Chouviat, un livreur de 42 ans et père de cinq enfants, a été contrôlé par la police. A la suite de ce contrôle, il a été conduit en réanimation à l’hôpital Georges-Pompidou, où il est décédé deux jours plus tard, le 5 janvier, vers 3h30. Selon l'avis médical, cet homme «a fait un arrêt cardiaque suite à un manque d’oxygène». L'autopsie évoque elle une asphyxie «avec fracture du larynx». La famille a porté plainte, et une enquête a été ouverte pour déterminer les circonstances de sa mort.

Un livreur «agressif» selon la police, Mediapart publie une vidéo

Selon une source policière à LCI, le livreur était en train de téléphoner sur son scooter lorsque les policiers l'ont contrôlé. L'homme se serait «montré irrespectueux et agressif», avant d'insulter les forces de l'ordre. «Il a résisté lors de l'interpellation et a fait un malaise cardiaque», a ajouté cette même source policière auprès de LCI. Selon 20 Minutes, la police dit avoir «respecté la procédure» et a précisé que la victime était connue pour des faits d’outrage et de rébellion. Le 7 janvier, le site d'information Mediapart a publié une vidéo de cette interpellation. On y voit Cédric Chouviat avec son téléphone s’approchant d’une manière menaçante vers les policiers. Il est ensuite plaqué au sol par ces mêmes policiers, sur le ventre et encore casqué. Il semble montrer des signes d'épuisement.

«Une des hypothèses est que cette privation d'oxygène soit due à un étranglement ou un plaquage ventral», a affirmé l'avocat Arié Alimi, qui défend la famille et avait lancé le 4 janvier un appel à témoins dans le but de recueillir des témoignages sur les circonstances de l'interpellation.

La famille porte plainte, les avocats évoquent «une bavure»

Lors d'une conférence de presse dans les locaux de la Ligue des droits de l'homme le 7 janvier, la famille de Cédric Chouviat a annoncé porter plainte pour «violences volontaires ayant entraîné la mort». «On a assassiné mon fils, c'est un meurtre», a accusé Christian Chouviat, le père de l'homme décédé, ajoutant : «Monsieur Macron, je vais en guerre contre vous, contre votre Etat.» La famille de la victime se dit «révoltée».

«Pour l'honneur de mon père, je veux que justice soit faite», a exigé sa fille. «Mon mari a peut-être commis une infraction [...] Je reconnais qu'il a pu être insultant, pour autant il ne mérite pas ce qui lui est arrivé», a ajouté Doria Chouviat, l'épouse de Cédric Chouviat.

Lors de cette conférence de presse, la famille a également apporté des précisions sur l'état de santé préexistant de Cédric Chouviat, ancien agent de joueur de football et demi-frère de l’international Marvin Martin. Elle a expliqué que Cédric souffrait d’hypertension artérielle, mais n’avait aucun problème cardiaque. «Son dossier médical laisse entendre que sa mort est liée à un manque d’oxygène pendant un long moment», a affirmé l'avocat de la famille. La défense de la victime n'a pas hésité à évoquer une «bavure» policière.

L'IGPN a été saisie dès le 3 janvier, avant la mort de Cédric Chouviat. Et le 7 janvier, le parquet a ouvert une information judiciaire pour homicide involontaire. «Celle-ci aura pour objet de préciser les causes du décès», indique le procureur de la République dans un communiqué. Des investigations complémentaires seront également réalisées.

Christophe Castaner fait «confiance» à la justice, LFI s'indigne

Le ministre de l'Intérieur, Christophe Castner, a réagi. Selon lui, les premières indications livrées par le parquet de Paris «soulèvent des questions légitimes, auxquelles des réponses devront être apportées en toute transparence». Selon les premiers éléments de l'autopsie communiqués par le parquet de Paris, le livreur à scooter a en effet été victime d'une asphyxie «avec fracture du larynx». Les experts relèvent aussi «un état antérieur cardiovasculaire» chez ce père de famille de 42 ans.

«Le ministre de l'Intérieur et le secrétaire d'Etat [Laurent Nuñez] font toute confiance à la justice et aux enquêteurs pour faire la lumière sur les circonstances exactes du décès, établir les faits et les responsabilités», a ajouté Christophe Castaner dans une déclaration transmise à l'AFP. «Face à cette épreuve, le ministre de l'Intérieur et le secrétaire d'Etat adressent toutes leurs condoléances à la famille et aux proches de la victime». De son côté, l'opposition a fait part de sa colère. «Y aura-t-il enquête ? Un procès ? Justice sera-t-elle faite pour Cédric ? Comme il faut soutenir Aïssa Traoré qui demande justice pour Adama il faudra soutenir la famille de Cédric», a tweeté l'ex-footballeur Vikash Dhorasoo et candidat LFI à la mairie de Paris.

Le chef de file de LFI Jean-Luc Mélenchon a quant à lui exprimé sa «stupeur» sur Twitter : « Chouviat aurait eu le larynx écrasé au cours de son interpellation. On en est là ? Castaner et Belloubet vont-ils tout couvrir une fois de plus ?»

«Les images de l’interpellation de Cédric Chouviat sont sans appel : la violence des policiers lors de l’interpellation est indéniable. Combien d’images seront nécessaires afin que vous admettiez enfin la réalité des violences policières dans ce pays ?», s'est de son côté indignée la députée LFI Mathilde Panot. 

Sur les réseaux sociaux, et notamment Twitter, de nombreux internautes se sont émus de la mort de Cédric Chouviat. Le 7 janvier vers 18h30, plus de 16 000 personnes avaient tweeté avec le mot-dièse #JusticePourCedric. En outre, près de 30 000 tweets faisaient mention de Cédric Chouviat.

Lire aussi : Un Gilet jaune «radicalisé» condamné à 48 mois de prison après des violences contre des policiers

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