Militaires français devenus djihadistes : le rapport qui inquiète l'armée ?
- Avec AFP
Une trentaine de militaires français ont rejoint les rangs djihadistes depuis sept ans, selon un rapport du CAT, une structure indépendante. Interrogé par l'AFP, le ministère des Armées a fait part de son extrême attention concernant ce phénomène.
Une trentaine de militaires français ont rejoint depuis 2012 les rangs d'organisations djihadistes en Syrie et en Irak, apportant leur expérience et leur connaissance de la guerre, selon un rapport du Centre d'analyse du terrorisme (CAT) obtenu par l'AFP. Selon ce rapport, une majorité d'entre eux a décidé de rejoindre la zone irako-syrienne mais aussi l'Afghanistan, après être passée par des unités réputées telles que la légion étrangère, les fusiliers marins et les parachutistes.
Le rapport, qui doit être publié le 23 décembre et dont l'AFP a obtenu une copie après que Le Figaro en a révélé la teneur le 18 décembre, détaille les parcours de 23 individus en s'attachant à décrire leurs motivations. Selon le rapport, si l'armée constitue une «cible de recrutement stratégique» évidente, «la radicalisation islamiste demeure marginale au sein des armées».
Certains avaient préparé leurs projets dès avant de prendre l'uniforme. D'autres l'ont envisagé après leur départ de l'armée, voire pendant leur engagement. Quelques-uns ont déserté, refusant de se battre contre des musulmans. Ils étaient convertis ou musulmans de souche. L'expérience de ces hommes, dont certains sont morts, n'a en tout cas pas laissé insensibles les organisations qu'ils ont rejointes.
«Leur connaissance du milieu, leur appétence pour les armes et leur savoir-faire militaire ont facilité leur ascension au sein des différents groupes terroristes», selon le rapport, qui précise : «Certains anciens militaires ont pu également, grâce à leur formation militaire dans l'armée française, leur connaissance des emplacements et leur expérience sur zone au sein d'organisations djihadistes, planifier des attentats en France.»
L'armée se dit extrêmement attentive
En réaction, l'armée française a assuré le 19 décembre être «extrêmement» attentive aux phénomènes de radicalisation dans ses rangs. «Les armées sont le parfait reflet de la société. La Défense n’est malheureusement pas exempte, en son sein, d’individus qui prennent la voie de l’extrémisme religieux», a relevé le ministère des Armées, en réponse à des questions de l'AFP.
«Nous sommes donc, en permanence et depuis longtemps, extrêmement attentifs aux phénomènes de radicalisation, même si le ministère n’est touché que de manière très limitée», ajoute-t-il.
Le rapport du CAT démontre combien l'armée constitue pour ces groupes djihadistes une «cible de recrutement stratégique» évidente et détaille des parcours très hétérogènes, depuis le militant qui entre dans l'armée à dessein pour mieux se former au djihad, jusqu'au déséquilibré déçu par une carrière médiocre.
Le ministère évoque une «synthèse de cas déjà connus» et refuse de donner ses propres chiffres. Mais il insiste sur des individus qui «n’ont bien souvent passé que quelques semaines dans l’institution» et dont les contrats «n'ont pas été validés à l’issue de la période d’essai». «Une bonne partie serait décédée sur zone. Ceux qui sont rentrés ont été judiciarisés», précise le ministère, qui ajoute : «L’affirmation selon laquelle l'armée française aurait été utilisée comme un camp d’entraînement relève de la propagande de Daesh.» L'armée défend enfin ses outils de détection, notamment la Direction du renseignement et de la sécurité de Défense (DRSD). «Le contact permanent entre les cadres et leurs subordonnés permet de détecter tout comportement inhabituel», insiste le ministère qui précise n'avoir aucune piste qui fasse état de transmission d'informations sensibles de la part de ces soldats.
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