Emmanuel Macron poursuit son offensive sur l'immigration
Face à l'immigration illégale, le chef de l'Etat alterne entre accélération des procédures d'asile pour ceux qui y ont droit et fermeté. Les réactions politiques oscillent entre enthousiasme, perplexité et rejet.
Emmanuel Macron est revenu, ce 25 septembre, sur le thème de l'immigration qu'il a abondamment développé depuis le début du mois de septembre. Le chef de l'Etat, au micro d'Europe 1 depuis New York, a poursuivi et «[a assumé]» ce tournant vers le sujet de l'immigration avant un débat à l'Assemblée nationale prévu le 30 septembre.
Depuis l'assemblée des Nations unies où il a fustigé le «mondialisme», tout comme le «repli identitaire», le président de la République a proposé un nouvel «en même temps» en matière d'immigration : «être humain et efficace» à la fois. Selon lui, cette nouvelle posture remplacerait l'ancienne et sanctionnerait les politiques précédentes : «Aujourd'hui, à défaut d'être dans le [en même temps], nous sommes bien souvent dans le [ni-ni].»
Emmanuel Macron a poursuivi sur sa lancée. La France «pour pouvoir accueillir tout le monde dignement, […] ne doit pas être un pays trop attractif». Il a renchéri sur l'aspect humain en appelant à accélérer les demandes de droits d'asiles et à favoriser leur intégration dans la société française. Pour le président de la République, la solution réside dans «des cours de français et une politique de l'emploi plus forte».
Ce serait une erreur de dire que la question migratoire est une question taboue
C'est «en même temps» que le locataire de l'Elysée a appellé à un accroissement de la fermeté face au migrants illégaux en reconduisant «[à la frontière] beaucoup plus efficacement les personnes qui n'ont pas vocation à rester [sur] le territoire». Et c'est également «en même temps» que le chef de l'Etat a souhaité un «dialogue apaisé», tout en prévenant : «ce serait une erreur de dire que la question migratoire est une question taboue».
Lire aussi: 60% des Français voient les migrants comme une menace, selon un sondage Ipsos
La classe politique réagit
Pour le président du Sénat, Gérard Larcher (LR), sur Europe 1, et le président du groupe LR au Sénat, Bruno Retailleau, sur BFMTV, l'initiative d'Emmanuel Macron a été encourageante. Gérard Larcher a approuvé qu'il se soit adressé à tous les Français, «pas simplement à sa majorité dans un espace restreint». Néanmoins, les Républicains ont affiché un enthousiasme réservé. Le bilan du chef de l'Etat en matière d'immigration ne serait à leurs yeux, pas encourageant. Bruno Retailleau s'est insurgé : «Il y a un an a été promulguée […] la loi asile et immigration […] et sa loi ne marche pas.»
Pour l'eurodéputé et vice-président du RN, Jordan Bardella, qui est intervenu sur Radio Classique il s'agit «d'électoralisme». Il appelle à organiser «un referendum sur le sujet». Pour lui, les Français «ont de plus en plus de mal à se soigner, [et] on offre les soins gratuits aux clandestins. […] Le premier des robinets à couper, c'est celui de l'immigration».
Yannick Jadot, eurodéputé EELV, met en garde sur Cnews contre la violence que suscite l'ouverture d'un débat sur l'immigration. Selon lui, «instrumentaliser la question de l'immigration, comme l'ont fait trop de responsables politiques, [divertit] des sujets comme les inégalités». Il est rejoint par la députée de la France insoumise (LFI), Sabine Rubin, qui «dénonce un subterfuge pour noyer le débat public».
#Immigration : #Macron voudrait que la France soit « moins attractive » ; du jamais-vu ! Ou plutôt, encore un subterfuge pour noyer le débat public sous les polémiques stériles et dangereuses. Ne nous laissons pas berner ! pic.twitter.com/Rqe0DPyJai
— Sabine Rubin FI 93.9 (@SabineRubinFI93) September 25, 2019
Lire aussi: La justice ordonne l'expulsion d'un millier de migrants à Grande-Synthe (REPORTAGE)