Attaque de Villeurbanne : mise en examen du suspect pour «assassinat et tentatives d'assassinats»
- Avec AFP
Le parquet de Lyon a annoncé la mise en examen pour «assassinat et tentatives d'assassinats» du demandeur d'asile afghan soupçonné d'avoir tué un jeune homme et blessé huit autres personnes à l'aide d'un couteau et d'une broche de barbecue.
L'Afghan d'une trentaine d'années soupçonné d'avoir tué le 31 août un jeune savoyard de 19 ans et blessé huit autres personnes dans une attaque au couteau à Villeurbanne a été mis en examen le 2 septembre pour «assassinat et tentatives d'assassinats», a annoncé le parquet de Lyon. Le motif terroriste n'a donc pas été retenu. Ce demandeur d'asile, sans antécédent judiciaire, est soupçonné d'avoir attaqué aveuglement avec couteau et broche de barbecue des passants à la gare routière Laurent Bonnevay avant d'être stoppé par de courageux témoins de la scène.
Le 1er septembre, le procureur de la République à Lyon, Nicolas Jacquet, avait fait savoir que le suspect avait reconnu «partiellement les faits» lors de sa garde à vue tout en tenant des propos «incohérents et confus», disant notamment «avoir entendu des voix insulter Dieu et lui donnant l'ordre de tuer». Une première évaluation psychiatrique a révélé «un état psychotique envahissant» et des analyses toxicologiques révélaient qu'il avait consommé une importante quantité de cannabis avant l'agression. «Les juges d'instruction ont saisi le juge des libertés et de la détention en vue de son placement en détention provisoire», a précisé le magistrat.
Un des chauffeurs de bus qui avait permis d'arrêter son processus criminel, a relaté à l'AFP qu'il «était camé», sans «aucune expression dans le visage : on a l'impression qu'il donnait des coups de couteau comme si c'était rien.»
L'enquête se poursuit et se focalise désormais sur le profil et le parcours de cet individu alors que ses premières déclarations n'ont pas permis d'expliquer son geste. Sans antécédent judiciaire, les premiers éléments dessinent un parcours de migrant erratique : il est entré une première fois en France en tant que mineur en 2009. Ensuite, il a successivement été enregistré en Italie (2014), en Allemagne (2015) et en Norvège (2016), avant de revenir sans famille dans l'Hexagone en juin 2016. Deux ans plus tard, il a obtenu l'asile mais pas le statut de réfugié et a été mis sous «protection subsidiaire» de l'Ofpra (Office français de protection des réfugiés et apatrides), selon l'Office français de l'immigration et de l'intégration (OFII) interrogé par l'AFP. Il détenait depuis une carte de séjour temporaire renouvelable.
Le passage à l'acte de cet Afghan «n'étonne malheureusement pas» Valérie Abjean, chef de service au centre de santé mentale de Forum réfugié, association qui hébergeait le suspect depuis 2017 : «Ce sont des personnes qui ont vécu des choses traumatisantes. Il y a une accumulation, entre des parcours très erratiques, le manque de repères et les choses très violentes auxquelles elles ont été confrontées.» Elle précise que ce type d'attaque «est rare» et ajoute : «Ce qu'on a plutôt, ce sont des risques suicidaires.»
C'est même un miracle que ça ne se produise pas plus souvent
Pourtant, Pierre Henry de l'association France Terre d'Asile, interrogé par l'AFP, prévient : «Des gens avec un univers mental habitué à la violence, avec des délires paranoïaques, nous en avons un certain nombre. On gère ça très difficilement.» Et il ajoute : «C'est même un miracle que ça ne se produise pas plus souvent.»
Il y a un an presque jour pour jour, un Afghan muni d'une arme blanche et d'une barre de fer avait blessé sept personnes le long du bassin de la Villette, à Paris. L'état psychiatrique de l'assaillant avait également été mis en cause. Selon le député de La République en marche (LREM) Aurélien Taché, il faut à présent un «plan national de prise en charge du stress post-traumatique des exilés» avec une «forme de prise en charge et de diagnostic» des nouveaux arrivants.
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