Un «appel à la prière» islamique dans une cathédrale parisienne fait polémique
Lors d'une soirée organisée par l'ambassade du Kosovo, une œuvre comprenant un appel à la prière islamique a retenti dans la cathédrale Saint-Louis des Invalides, provoquant la colère de certains membres de la communauté catholique.
L’affaire a fait couler beaucoup d’encre dans la communauté catholique. Le 22 mai dernier, résonne dans l’enceinte la cathédrale Saint-Louis des Invalides à Paris l’adhan, l’appel à la prière chez les musulmans. La scène, si elle réjouit certains internautes, se félicitant d’un «symbole de tolérance», en mécontente beaucoup d’autres, qui s’adressent directement au diocèse aux armées françaises pour protester.
Récitation de Coran dans la cathédrale Saint-Louis des Invalides à Paris, à l’occasion des 20 ans de paix au Kosovo pic.twitter.com/4U0zJ0JRUY
— Pierre Sautarel (@FrDesouche) 28 mai 2019
Devant cette levée de bouclier, le diocèse publie, une semaine après les faits, un communiqué dans lequel il précise avoir «appris ce mercredi 29 mai le déroulement d’une soirée tenue le 22 mai dernier dans la cathédrale Saint-Louis des Invalides.» Il rejette néanmoins la responsabilité de l’organisation de événement sur le musée de l’Armée. «Le Diocèse souhaite rappeler qu’il est simple utilisateur de la cathédrale, dont le musée de l’Armée est affectataire», détaille le texte, précisant que «seuls les offices religieux relèvent de l’autorité de l’Evêque aux Armées, en lien avec le Gouverneur des Invalides».
Communiqué du Diocèse aux Armées : "Le Diocèse aux Armées françaises a appris ce mercredi 29 mai le déroulement d'une soirée tenue le 22 mai dernier dans la cathédrale Saint-Louis des Invalides..." Lire la suite : https://t.co/Jq9Pe5O3gO
— Diocèse armées françaises (@diocese_armees) 29 mai 2019
Cet appel à la prière a en fait été lancé durant une soirée donnée par l’ambassade du Kosovo, autorisée par le musée de l’Armée, à l’occasion des «20 ans de la fin de la guerre» dans le pays, nous apprend le communiqué. Pour ce qui est de l’adhan, il s’agit en fait d’une partie de l’œuvre du Gallois Karl Jenkins, intitulée L’homme armé, une messe pour la paix, composée pour les célébrations du passage à l’an 2000 ainsi que pour rendre hommage aux victimes du Kosovo.
Suite à ce concert, l’évêque aux Armées, monseigneur Antoine de Romanet, s’est fendu d’une «prière d’invocation et d’intercession au cours de la messe de la solennité de l’Ascension» qui se tenait le 30 mai, se désolidarisant ainsi totalement de la démarche du musée des Armées. De plus, dans une tribune publiée le 1er juin, 100 officiers et sous-officiers ont dénoncé ce qu’ils considèrent être «une profanation, infiniment scandaleuse autant que douloureuse à nos cœurs d’officiers et sous-officiers français et chrétiens». Ils demandent à ce que «le Diocèse aux Armées soit désormais systématiquement saisi par les autorités décisionnaires de toute demande d’organisation de "concert" ou autre événement "artistique" dans ce haut lieu de la Foi chrétienne, si symbolique et important pour nos Armées françaises».
Dans un article publié le 31 mai, le quotidien La Croix rappelle que l’œuvre de Karl Jenkins a été exécutée dans «d’innombrables églises en France et dans le monde», citant l’exemple de la cathédrale de Lille, qui l’avait fait jouer à l’occasion des commémorations de la Grande Guerre ou encore en 2018 à Notre-Dame d’Afrique, à Alger.