Rafle du Vieux-Port à Marseille en 1943 : une enquête est ouverte pour «crimes contre l'humanité»

- Avec AFP

Rafle du Vieux-Port à Marseille en 1943 : une enquête est ouverte pour «crimes contre l'humanit黩 Bundesarchiv (image donnée à Wikimedia Commons par les Archives fédérales allemandes)
Déportations de juifs le 24 janvier 1943 en gare d'Arenc, quartier de Marseille.
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20 000 Marseillais ont été déportés lors de la rafle du Vieux-Port, dont un millier de juifs envoyés à la mort dans les camps d'extermination. Le parquet de Paris ouvre une enquête pour chercher d'éventuels coupables encore vivants.

Selon une source judiciaire citée par l'AFP le 4 juin, le parquet de Paris a ouvert une enquête pour «crimes contre l'humanité» afin de retrouver d'éventuels responsables encore en vie. Ces derniers sont à l'origine des persécutions et de la déportation d'au moins 20 000 Marseillais lors de la rafle dite du Vieux-Port en 1943.

Selon cette source, 76 ans après les faits, l'enquête a été ouverte le 29 mai par le pôle du parquet de Paris spécialisé dans ce type de crimes. Elle fait suite à une plainte déposée par un avocat marseillais, Pascal Luongo, au nom de quatre survivants et quatre descendants de cet épisode relativement méconnu de la Seconde Guerre mondiale.

Entre les 22 et 24 janvier 1943, une série de rafles orchestrées par 9 000 policiers, gendarmes et gardes mobiles sous la supervision des Allemands ont été conduites dans les vieux quartiers de Marseille. Hitler avait décidé «d'épurer» le «chancre de l'Europe», avec la participation de la police française. Karl Oberg, chef de la gestapo, le 14 janvier 1943, avait émis le souhait de «nettoyer tous les indésirables des vieux quartiers et les détruire par la mine et le feu».

Environ 1 000 juifs ont été envoyés à la mort dans les camps d'extermination nazis, et tout un quartier populaire baptisé «la petite Naples», cœur historique de la cité phocéenne derrière le Vieux-Port, a été vidé de force de ses habitants, pour beaucoup des immigrés italiens. Le secteur a ensuite été dynamité.

La commémoration de ce drame a lieu chaque année, fin janvier, à Marseille.

Camp de la mort et destruction de 1 500 immeubles

«[L'ouverture d'une enquête judiciaire] est le premier pas vers une juste reconnaissance d'un passé douloureux. Toute leur vie, les survivants n'ont pas pu mettre de mots sur ce qu'il s'était passé», a déclaré à l'AFP Pascal Luongo, dont le grand-père a fait partie des victimes de cette rafle. Il a précisé que les investigations ont été confiées à des policiers marseillais, qui vont pouvoir entendre des survivants, aujourd'hui octogénaires.

Une juste reconnaissance d'un passé douloureux

Selon la plainte, l'opération Sultan «a conduit à l’évacuation d'environ 20 000 personnes, la destruction de 1 500 immeubles sur 14 hectares et le transfert forcé de 12 000 personnes dans un camp de rétention à Fréjus (Var)». «800 personnes parmi ces 12 000 seront déportées en Allemagne, notamment au camp de concentration d'Oranienburg-Sachsenhausen [...] et certaines y périront», détaille la plainte.

Au delà de la reconnaissance du crime contre l'humanité, les plaignants conservent l'espoir de retrouver des responsables ou complices, anciens soldats allemands et policiers français, afin de mettre en cause des personnes morales ou les Etats allemand et français.

Lire aussi : Pologne : deux jeunes Israéliens filmés se dénudant dans un ancien camp d'extermination allemand

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