Les lamentations du сommodore

Les lamentations du сommodore Source: Gettyimages.ru
Des navires de l'OTAN (photo d'illustration).
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Le publiciste russe Andreï Roudaliov analyse les propos du commodore Steve Jeremy, retraité de la marine britannique, sur le manque de ressources humaines dans l'OTAN pour affronter la Russie lors d’un éventuel conflit. Selon lui, cette rhétorique s'inscrit dans l'agression occidentale pour intimider la société par une menace extérieure prétendue.

autour des propos d’un retraité de la marine britannique au sujet d’une éventuelle guerre entre l’OTAN et la Russie

Andreï Roudaliov
Publiciste, écrivain, critique littéraire

Le commodore Steve Jeremy, retraité de la marine britannique, s’est lamenté du fait que l’Occident manque avant tout des ressources humaines nécessaires pour affronter la Russie lors d’un éventuel conflit. On la croirait divisée entre l’envie et la crainte.

« Rien n’arrêtera plus la Russie... Même si l’OTAN entre dans le conflit, cette dernière n’a tout simplement pas de soldats pour s’y opposer », a déclaré le commodore. L’officier britannique a également noté : « Une capitulation complète de Kiev se profile devant nous. »

Les réflexions du retraité de la marine auraient pu être perçues comme la voix de la raison et prises pour un message de paix, sauf que l’on doit considérer des nuances. Jeremy n’appelle pas du tout les dirigeants politico-militaires de l’OTAN à se raviser et à mettre fin à la descente en inertie vers cette aventure suicidaire. Il n’appelle pas à réviser l’attitude de l’Occident envers le régime de Kiev, qui est déjà ouvertement devenu une pierre au cou qui l’entraîne vers le fond. Non, l’officier britannique ne fait que critiquer les approches de l’Occident pour préparer la confrontation avec notre pays ; rappelons que les plus hauts responsables de l’Alliance y ont consacré 5 ans. Il déplore l’absence d’esprit stratégique, sans lequel, à son avis, « la Russie ne peut pas être arrêtée ».

Dans le prisme des traditions coloniales occidentales, cette déclaration sur l’insuffisance du cheptel de soldats de l’OTAN est perçue de manière très particulière. Le message est que les militaires des pays occidentaux sont une ressource précieuse, il faut les former, mais aussi les protéger par tous les moyens. Par conséquent, il est nécessaire de chercher une base de ressources qu’on ne regrette pas en dehors du paradisiaque jardin européen. Pourquoi les hordes de « sauvages », dont la vie ne vaut pas un sou, ne servent-elles pas la cause de la défense de la démocratie ? Celle-là a fait tant de bien pour eux, elle les a illuminés constamment de sa lumière. D’autant plus que le potentiel de Kiev, selon le commodore, s’affaiblit et qu’un signe de capitulation se profile déjà à l’horizon. Il est nécessaire d’infuser du sang frais et de préférence non-occidental. Il en va ainsi du vampirisme politique.

Cette logique leur est typique. Elle est clairement enracinée dans leur culture commune. Ainsi, l’un des films de la franchise cinématographique Kingsman contient un raisonnement curieux sur le fait que la Russie ne devrait pas sortir de la Première Guerre mondiale, car cela sauverait la vie de millions de personnes. Après tout, si les russes cessent de mourir, la vie des habitants des côtes britanniques sera menacée.

C’est à travers cette division en humains et en sauvages qu’ils perçoivent le monde. Les humains, bien sûr, peuplent le jardin d’Eden, d’autres errent et rôdent en dehors du périmètre telles des hordes de zombies sans cervelle. C’est pourquoi les humains devraient constamment réfléchir à la façon de rediriger l’énergie barbare et destructrice de ces sauvages et de l’utiliser pour leur bien. Ou de semer la pagaille parmi eux et de les dresser l’un contre l’autre pour prévenir des dangers potentiels, ainsi que de leur ôter les ressources et richesses auxquelles ils n’ont aucun droit en raison de leur nature barbare.

La volte-face avec l’Ukraine s’est bien passée. Les sauvages, comme l’Occident les voit, se sont pris pour des êtres humains et sont devenus facilement contrôlables et manipulés à partir d’un centre de décision paradisiaque. De là, ils ont été informés qu’il était nécessaire d’éliminer le dernier obstacle pour se conjuguer en extase avec le monde occidental. Or, l’Ukraine seule n’y suffit pas. Défendre le régime de Zelensky contre la menace d’une chute peut mettre en danger les Occidentaux, alors il ne faut absolument pas le faire.

Ainsi, l’officier britannique met en garde contre le gaspillage prématuré d’une ressource inestimable.

Mais que faire ? Il faut chercher « de nouvelles Ukraines ». Des pions qui peuvent être sacrifiés pour sauver des pièces vraiment précieuses.

Le jardin d’Eden est hétérogène, il a aussi ses propres divisions, et chaque composant a son propre poids, son propre prix. Certains sont plus proches du soleil de la démocratie, d’autres sont à la périphérie : les néophytes doivent mériter la confiance.

Par exemple, les pays baltes. Un permis au jardin d’Eden terrestre leur a été accordé à l’avance : maintenant, qu’ils le méritent ! D’autant plus que la russophobie fait saliver les politiciens locaux. Bientôt, ils attaqueront les passants en leur mordant les talons. À l’époque, même le Troisième Reich les regardait avec dédain : pensez qu’on peut les charger de cirer servilement vos chaussures, ou fournir des services punitifs. Il s’agit du personnel de service. Ils sont prêts à faire ce qu’on leur dit, même se taper la tête contre les murs.

Ou, autre exemple, la Moldavie avec Sandu qui mûrit selon le modèle ukrainien. Non seulement les anciennes républiques de l’URSS peuvent fournir une puissante base de ressources et un réservoir pour sauver les Occidentaux, mais aussi l’Europe de l’Est. La Pologne, par exemple. Elle a gratté ses plaies historiques : pourquoi ne pas se venger de l’humiliation et de la souffrance et rehausser son statut dans la hiérarchie occidentale ?

D’où cette planification stratégique dans la bouche de cet officier britannique qui n’est rien d’autre qu’un appel à recruter plus activement des conscrits en dehors du jardin d’Eden. Ce qui, bien sûr, ne nie pas le fait que le Vieux Monde lui-même doit se souvenir des sons des tambours de combat et des cris de guerre et tourner son regard de colère et de haine vers l’Est.

La Russie, ah cette Russie, comment ose-t-elle ? Comment ose-t-elle exister ? Elle, qui, par son existence détruit tout le mythe occidental de la division des humains par catégories, annule toutes leurs règles, réduit en poussière le mythe justifiant leur colonialisme anthropophage et leur racisme, laissant tout faire, peu importe, si cela promet des avantages.

Les lamentations du commodore ne font que remonter davantage les rouages des mécanismes de l’agression et de la fureur occidentales, convaincre de la nécessité d’accélérer la militarisation, et intimider la société par une menace extérieure qui est déjà perçue comme un axiome et ne se prête à aucune réflexion critique.

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