Solidarité des journalistes avec Gaspard Glanz, arrêté lors d'une manifestation des Gilets jaunes

Solidarité des journalistes avec Gaspard Glanz, arrêté lors d'une manifestation des Gilets jaunes© Zakaria ABDELKAFI Source: AFP
Le journaliste indépendant Gaspard Glanz, arrêté le 20 avril à Paris.
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Un grand nombre de journalistes ont marqué leur soutien à Gaspard Glanz, placé en garde à vue lors d'une manifestation des Gilets jaunes le 20 avril à Paris. Ils protestent contre l'atteinte à la liberté d'informer et défendent le journalisme engagé.

Des témoignages de soutien de journalistes affluent après la garde à vue du reporter indépendant engagé et fondateur du site Taranis News, Gaspard Glanz. Une mobilisation de la profession qui est la conséquence de son interdiction d'être présent à Paris tous les samedis et le 1er mai jusqu'à son audience devant le tribunal prévu pour 18 octobre. Il a été interpellé à la faveur de l'acte 23 des Gilets jaunes, le 20 avril, sur la place de la République à Paris.

Issus de la radio, de la presse ou de la télévision, ses confrères n'ont pas hésité à exprimé leur inquiétude. De grands noms de la presse, éditorialistes ou directeurs de publication se sont élevés contre le traitement réservé à Gaspard Glanz qui, selon eux, remet en cause la «liberté d'informer». 

Edwy Plenel, le fondateur de Mediapart, a assuré être solidaire «des journalistes Gaspard Glanz et Alexis Kraland qui servent ce droit [de savoir] fondamental en temps de Gilets jaunes», tous deux arrêtés le 20 avril, le second ayant été libéré plus rapidement.

Thomas Legrand, éditorialiste de France Inter a lui aussi défendu Gaspard Glanz : «C’est un journaliste qui a choisi de montrer une face de la réalité... mais la réalité. Il doit pouvoir exercer son métier.»

L'éditorialiste Jean-Michel Aphatie, a lui aussi pris le parti du journaliste engagé. Gaspard Glanz, qu'on voit notamment faire un doigt d'honneur aux forces de l'ordre après avoir été poussé par un policier sur une vidéo prise lors de la manifestation à Paris, a été mis en garde à vue, selon le parquet de la capitale, pour «outrage sur une personne dépositaire de l'autorité publique» mais aussi «participation à un groupement en vue de commettre des violences ou des dégradations». «Ça, c'est évidemment injustifié !», dénonce Jean-Michel Aphatie.

Gaspard Glanz fait en effet l'objet de critiques sur les réseaux sociaux, émanant notamment de soutiens de la République en marche (LREM) ou de membres des forces de l’ordre, l'accusant d'être un militant et pas un journaliste, ce qui justifierait à leurs yeux un traitement différent. Mais selon Jean-Michel Aphatie par exemple, «faire du journalisme engagé ce n'est pas un délit, c'est participer à la pluralité de l’information». Cette garde à vue lui semble être «une volonté d’intimidation, voire une volonté de vengeance, de la part des policiers». «Dans cette affaire, c'est la liberté de la presse qui est malmenée», a-t-il déploré.

Pourquoi Gaspard Glanz est-il parfois contesté sur les réseaux ? Il a fondé Taranis News, un «média qui s'intéresse à la foule en général : les festivals, les manifestations, les rassemblements», selon des propos tenus par l'intéressé à L'Obs en 2016. «On fait ce que j'appelle du "street journalism", un journalisme urbain, pour les jeunes, car 90% des visiteurs de notre site ont entre 17 et 35 ans», ajoutait-il. Ce spécialiste des conflits sociaux est habitué à couvrir les terrains de contestation, de Notre-Dame des Landes à «la jungle de Calais», en passant par les manifestations contre l'évasion fiscale.

Cette activité au cœur de l'action et cette proximité avec le terrain sont-elles liées au fait que le journaliste ait été fiché S, en tant qu'«individu membre de la mouvance anarcho-autonome (ou proche de la mouvance d'extrême gauche radicale) susceptible de se livrer à des actions violentes» ? Le journaliste a en tout cas demandé au Conseil d’État que sa fiche S soit effacée, mais sa requête a été refusée. En huit ans d'exercice, Gaspard Glanz a en tout et pour tout été condamné à 500 euros d’amende pour le vol du talkie-walkie d'un policier. Un délit qu'il nie avoir commis. 

Comme Jean-Michel Aphatie et de nombreux journalistes, la reporter de France Inter Vanessa Descouraux a contesté le reproche fait au reporter de Taranis News d'être un militant plutôt qu'un journaliste via un post publié sur Facebook et largement partagé par des confrères : «Les éditorialistes, qui à longueur de matinales, de journées, de soirées, nous bassinent avec leurs avis sur la pluie, le beau temps, et surtout sur Manu et sa bande de marcheurs, ont une carte de presse. Pour autant, le respect qu'ils inspirent est proche du QI d'une taupe. Ces journalistes sont autant engagés politiquement que Gaspard Glanz l'est à leur opposé sur l'échiquier politique.» 

Elle s'indigne également : «A la sortie de sa garde à vue, il est interdit de faire son travail lors des prochaines manifestations. Je répète : interdit de faire son travail de journaliste. En France. En 2019.»

Lina Sankari, journaliste à L'Humanité, a dénoncé une «pente dangereuse», en notant que «76 journalistes, photographes et vidéastes» avaient été «entravés dans leur travail depuis l’acte 1 des Gilets jaunes».

Le journaliste Axel Roux de Konbini, ancien collaborateur du Journal du dimanche, rappelle que Gaspard Glanz, suspecté sur sa fiche S de collusion avec les black blocs, s'était fait expulser par ces derniers, il y a deux ans, d'une manifestation. De quoi, selon lui, mettre en exergue l'incohérence des accusations qui lui sont portées.

Reporters sans frontières (RSF) également, sans les citer, a déploré l'interpellation des journalistes Gaspard Glanz et Alexis Kraland le 20 avril.

Lire aussi : Plusieurs journalistes arrêtés ou blessés lors de l'acte 23 des Gilets jaunes

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