Incendie de Notre-Dame : début d'une enquête qui s'annonce complexe
- Avec AFP
Les 50 enquêteurs mobilisés ne peuvent pas pénétrer dans la cathédrale calcinée, pour des raisons de sécurité. Ils concentrent pour l'heure leurs efforts sur les auditions des ouvriers qui travaillaient sur le chantier.
Après le choc provoqué par l'incendie qui a ravagé la cathédrale Notre-Dame, la question de savoir ce qui est à l'origine du sinistre demeure. C'est à l'enquête ouverte pour «destruction involontaire par incendie» de le déterminer.
Si tous les scénarios restent envisageables à ce stade, le procureur de la République de Paris Rémy Heitz a tenu à faire savoir, dès le 16 avril, que la piste accidentelle était «privilégiée», assurant que «rien [n'allait] dans le sens d'un acte volontaire».
Pourtant, l'enquête avance doucement. Et pour cause, aucune constatation sur place n'a pu avoir lieu en raison des restrictions d'accès à la cathédrale décidées pour des raisons de sécurité, selon des sources proches du dossier citées par l'AFP.
Selon l'une de ces sources, une première alerte informatique a surgi vers 18h20 grâce à un détecteur de fumée. Ce qui a entraîné l'évacuation de l'édifice où quelques fidèles assistaient à la messe tandis que les derniers visiteurs arpentaient la cathédrale. Une personne de la sécurité s'est alors rendue dans les combles, mais n'a rien constaté à l'endroit indiqué par son collègue chargé du contrôle. Environ un quart d'heure plus tard, l'employé a finalement découvert les flammes après s'être rendu à un autre endroit.
Saisie par le parquet de Paris, la Direction de la police judiciaire de Paris (DCPJ) a mobilisé cinquante enquêteurs et confié à la brigade criminelle le soin de mener de délicates investigations. Pour l'heure, cette dernière a entendu une trentaine de personnes. Il s'agit notamment des ouvriers des quatre entreprises impliquées dans la restauration de l'édifice, et présents sur le chantier le 15 avril avant que l'incendie ne démarre en début de soirée. La police a aussi entendu le personnel de sécurité de Notre-Dame intervenus ce soir-là.
«Pas de point chaud sur l’échafaudage» et «aucun travail de soudure»
L'une d'elle, l'entreprise Le Bras Frères, qui montait l'échafaudage autour de la flèche de la cathédrale, a «exclu de fait toute responsabilité», assurant avoir respecté les procédures, selon un porte-parole de l'entreprise cité par l'AFP le 17 avril.
Selon lui, les douze salariés présents sur le site le 15 avril, jour de l'incendie, ont été entendus par la police judiciaire à Paris et «collaborent parfaitement» avec les enquêteurs. «Ils ont confirmé qu’il n’y avait pas de point chaud sur l’échafaudage» et qu'ils n'avaient effectué «aucun travail de soudure».
«Quand on quitte un chantier on doit couper toute l’électricité, le disjoncteur du chantier, fermer la porte à clef et remettre les clefs à la sacristie de la cathédrale, ce qui a été fait et dûment noté dans les cahiers», a encore assuré ce porte-parole.
«Le dernier a quitté les lieux à 17h50 [soit une heure avant le déclenchement de l'incendie] et le premier à 17H20», descendant «par les deux ascenseurs qui desservaient l’échafaudage», a-t-il détaillé. L'échafaudage, a-t-il précisé, était en cours de construction, devant être livré «à la mi-juillet», et aucun travail sur la charpente n’avait encore commencé.