Privé de manifestation par la police, un Gilet jaune porte plainte au Parquet de Paris
Un Gilet jaune a été placé en garde à vue avant l'acte 11 du 26 janvier. Celle-ci n'a débouché sur aucune poursuite, selon ses avocats. Le manifestant a donc porté plainte pour «entrave à la liberté de manifester» et «privation de liberté illégale».
Un Gilet jaune de 20 ans, informaticien de profession, a, selon l'AFP, porté plainte le 1er mars auprès du parquet de Paris pour «atteinte arbitraire à la liberté individuelle par personne dépositaire de l’autorité publique», «abstention volontaire de mettre fin à une privation de liberté illégale», «entrave à la liberté de manifester» et «collecte illicite de données personnelles».
Selon le récit de ses avocats Raphaël Kempf, Alice Becker et Arié Alimi, transmis à l'AFP, ce Gilet jaune, originaire de la Drôme, voulait manifester à Paris le 26 janvier, lors de l'acte 11 avec des amis et affirme avoir été contrôlé à la mi-journée. Il aurait alors été trouvé en possession d'un masque et de lunettes de ski. Deux éléments semble-t-il suffisants pour la police, qui l'aurait interpellé et placé en garde à vue pour «participation à un groupement formé en vue de violences ou de dégradations».
Interrogé par Le Parisien, l'homme s'offusque du procédé : «L’enquêteur tente de me faire dire je ne sais quoi : "Si tu gardes le silence, le juge sera pas content. Si tu parles, tu sors ce soir à 19 heures".» «Ils ont regardé dans mon téléphone, mes messages, mes photos, ils n’ont rien vu de spécial, mais m’ont remis en cellule. J’ai compris que j’y passerai la nuit», poursuit-il, ne sachant quoi dire au policier.
Il a été libéré le lendemain sans poursuites. En effet, après 24 heures de garde à vue, l'homme a été déféré, menotté, devant un délégué du procureur de la République pour se voir notifier un rappel à la loi, ce qui constitue une forme de classement sans suite de la procédure.
Cette plainte s'inscrit dans la lignée des protestations du Syndicat de la magistrature contre une note du procureur de Paris qu'il juge abusive, intitulée «Permanence Gilets jaunes».
Le procureur a en effet recommandé à ses magistrats de permanence, dans une note interne du 12 janvier, de ne lever les gardes à vue de Gilets jaunes qu'à l'issue des manifestations. Ceci afin d'«éviter que les intéressés grossissent à nouveau les rangs des fauteurs de troubles», selon la note consultée par l'AFP.
Raphaël Kempf a d'ailleurs affirmé, auprès du Parisien, que ces pratiques seraient la conséquence d’«une politique pénale délibérée».