Epinglé par l'Europe sur le LBD, Macron garde le cap et dénonce les casseurs du «samedi» (VIDEO)
Le commissariat aux droits de l'homme du Conseil de l'Europe a demandé à la France de revoir les modalités d'emploi du LBD 40. Emmanuel Macron, lui, a renvoyé la balle à «ceux qui considèrent que le samedi après-midi est fait pour casser».
L'harmonisation européenne, oui, mais pas sur tous les sujets. A l'occasion d'une rencontre avec Angela Merkel pour une réunion de travail sur la mise en oeuvre du traité d'Aix-la-Chapelle le 27 février à l'Elysée, le président français a dû répondre à la question d'un journaliste sur les lanceurs de balles de défense (LBD 40) dont sont équipées les forces de l'ordre et qui font débat après que plusieurs Gilets jaunes ont été mutilés lors de manifestations. La veille, le Conseil de l'Europe avait recommandé à la France, qui fait partie de la minorité de pays européens à l'utiliser pour le maintien de l'ordre, d'abandonner son usage.
La meilleure manière d'éviter [les blessés, c'est] d'éviter d'avoir des gens qui considèrent que le samedi après-midi est fait pour casser des vitrines, casser des institutions ou s'attaquer aux forces de l'ordre
Malgré la recommandation européenne, dont il aurait pu être attendu qu'Emmanuel Macron, très attaché aux instituions européennes, la suivît, le chef d'Etat a évoqué la «politique de très grande limitation et de transparence de ces matériels» et «une doctrine claire qui a été établie» sur le sujet, le tout «coordonné par le ministre» de l'Intérieur. Emmanuel Macron a également fait valoir que des «caméras [avaient] été mises en place [sur les LBD]» pour inspecter d'éventuels «abus».
L'actuel locataire de l'Elysée a ensuite expliqué qu'à son sens, «la meilleure manière d'éviter [...] ces cas» était «d'éviter d'avoir des gens qui considèrent que le samedi après-midi est fait pour casser des vitrines, casser des institutions ou s'attaquer aux forces de l'ordre.»
Et de préciser : «Je vous le dis très simplement, je ne laisserai pas les forces de l'ordre sans aucun moyen ni d'assurer l'ordre public, ni de se défendre face à des gens qui arrivent aujourd'hui armés et avec les pires intentions.»
La commissaire aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe a rendu public, le 26 février, un mémorandum adressé aux autorités françaises concernant le maintien de l’ordre lors des manifestations des Gilets jaunes dans lequel la France était invitée à «mieux respecter les droits de l’homme», à «ne pas apporter de restrictions excessives à la liberté de réunion pacifique» et à «suspendre l’usage du lanceur de balle de défense».
La responsable bosnienne Dunja Mijatovic demandait à Paris de revoir «au plus vite» les modalités d'usage du LBD 40 et invitait le gouvernement français à publier des données plus détaillées sur les personnes blessées lors d'incidents liés au maintien de l'ordre. Le mémorandum constituait en l'espèce une forme de camouflet pour Emmanuel Macron après l'adoption par la chambre basse du Parlement de la loi dite «anticasseurs» poussée par le gouvernement au début du mois de février.
Au 4 février, selon les chiffres du ministère de l'Intérieur cités dans le communiqué du Conseil de l'Europe, 2 060 manifestants ont été blessés, dont 69 considérés en «urgence absolue», ainsi que 1 325 membres des forces de l'ordre. Parmi les manifestants blessés, on compte des individus éborgnés ou ayant perdu l'usage d'un de leurs membres.
#GILETSJAUNES : LES BLESSÉS QUI DÉRANGENT.
— Le Vent Se Lève (@lvslmedia) 27 février 2019
Ils ont été mutilés : en une seconde, leur vie a été bouleversée parce qu'ils marchaient pacifiquement au sein ou aux abords d'une manifestation.
Reportage de @salomesaque, @louis_scocard & @AntoineDezert
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