La cagnotte pour le boxeur Dettinger dépasse les 100 000 euros, Mahjoubi dit son «dégoût»
Filmé en train de s'en prendre à des gendarmes lors de l'acte 8 des Gilets jaunes, le «gitan de Massy» est en garde à vue après s'être rendu à la police. Une cagnotte pour le soutenir rencontre un franc succès et déplaît fortement au gouvernement.
Une cagnotte organisée en faveur de Christophe Dettinger, le boxeur qui s'est attaqué à des gendarmes sur la passerelle Léopold Sedar-Senghor à Paris le 5 janvier et qui s'est rendu à la police le 7 janvier après avoir enregistré une vidéo mise en ligne où il expliquait son geste, a atteint plus de 100 000 euros.
En moins de 24 heures, plus de 6 000 personnes avaient déjà participé à cette cagnotte sur le site Leetchi ayant pour but de soutenir le sportif, actuellement en garde à vue, et qualifié de «notre boxeur national». Un texte posté avec la cagnotte précise : «Tous les weekends cet homme a défendu pacifiquement ses idées, celles des Gilets jaunes. [...] Malheureusement il risque de servir d'exemple. Aidons-le dans ce combat, il ne doit pas être le seul à payer.» La cagnotte se présente comme «la seule et unique officielle validée par [la] famille».
Mounir Mahjoubi, secrétaire d'Etat au Numérique, a pour sa part exprimé son dégoût vis-à-vis de cette initiative : «Quand l'attrait de l'argent vient s'ajouter à la haine et à la violence, je n'ai que du dégoût. Tout le monde doit être responsable : cette cagnotte est indigne.»
La Cagnotte du Boxeur. Apparemment, ça rapporte de frapper un policier. Quand l'attrait de l'argent vient s'ajouter à la haine et à la violence, je n'ai que du dégout.
— Mounir Mahjoubi (@mounir) 7 janvier 2019
Tout le monde doit être responsable : cette cagnotte est indigne. pic.twitter.com/rwoXV4AU7J
L'auteur et ancien journaliste Nicolas Hénin a également désapprouvé la cagnotte et a tweeté : «Cessez d'importuner le CM de Leetchi et faites attention au message que représente cette cagnotte : il se trouve en France un nombre conséquent de personnes prêtes à donner une somme significative pour soutenir ou promouvoir des violences contre la police. C'est terrifiant.»
Cessez d'importuner le CM de @Leetchiweb et faites attention au message que représente cette cagnotte: il se trouve en France un nombre conséquent de personnes prêtes à donner une somme significative pour soutenir ou promouvoir des violences contre la police. C'est terrifiant.
— Nicolas Henin (@N_Henin) 8 janvier 2019
Alors que la cagnotte atteignait les 120 000 euros ce 8 janvier, le montant n'était plus visible sur la page Leetchi le même jour dans la matinée.
#BadBuzz pour @Leetchiweb quand la cagnote pour le boxeur Christophe Dettinger approche les 120 000 euros on enlève le montant...
— Guillaume NIARFEIX (@Gyom_Nrfx) 8 janvier 2019
Quand frapper des policiers rapporte plus que 10 ans de travail au SMIC.#ChristopheDettinger#GiletsJaunes#Leetchi#cagnottepic.twitter.com/IXbetO6rcX
Le compte Twitter de Leetchi avait pourtant préalablement pris la défense de cette cagnotte et avait notamment assuré que la cagnotte était totalement légale tant que Christophe Dettinger n'avait pas été condamné. L'argent récolté peut en effet servir à financer les frais de justices du sportif. Cependant, elle pourrait devenir illégale si le boxeur était condamné et que ce montant était destiné à payer une éventuelle amende liée à cette condamnation.
Aujourd'hui elle est légale puisqu'aucune peine n'a pour l'heure été prononcée. Nous avons l'habitude de ce genre de cas et sommes très vigilants au respect de la loi.
— Leetchi ⭐️⭐️ (@Leetchiweb) 7 janvier 2019
Une pétition anti-Christophe Dettinger fait un flop
Dans le même temps, la pétition lancée par les Foulards rouges (un groupe anti-Gilets jaunes) appelant la Fédération Française de Boxe à «retirer à Christophe Dettinger son titre de champion et [à] l'expulser de l'institution» n'a pas rencontré le succès escompté. Lancée il y a deux jours, elle récoltait moins de 600 signatures le 8 janvier au matin.
Dans une vidéo enregistrée sur Facebook, le boxeur, surnommé le «gitan de Massy» reconnaissait avoir «mal agi», et appelait les Gilets jaunes à «continuer le combat [...] pacifiquement».