«Merci de contribuer à la haine contre les médias» : clash entre un journaliste de BFM et un député
Dans un contexte de défiance des Gilets jaunes envers les médias traditionnels, un élu insoumis, interviewé par BFMTV, a livré sa façon de penser sur le traitement du mouvement par la chaîne. Cela a fortement déplu au présentateur Thomas Misrachi.
Une joute verbale a éclaté le 5 janvier au journal télévisé de BFM TV entre le journaliste Thomas Misrachi et Adrien Quatennens, député La France insoumise, qui reprochait à la chaîne son traitement de l'acte 8 du mouvement des Gilets jaunes, axé selon lui sur des incidents isolés.
«Je m'étonne qu'avec les moyens dont dispose votre chaîne à travers toute la France, vous soyez malheureusement contraints depuis plus d'une demi-heure de diffuser des images de trois scooters et une poubelle incendiés», a lancé d’emblée Adrien Quatennens, invité à intervenir pendant le journal télévisé. Il a proposé de mettre à disposition ses images de «mobilisations de masse, calmes et tranquilles à travers tout le pays».
🎙 Le mouvement se poursuit et s’étend parce que Macron n’y répond pas. Je tiens à votre disposition des dizaines d’images de mobilisations de masse, calmes et tranquilles à travers tout le pays aujourd’hui. #GiletsJaunes#ActeVIIIpic.twitter.com/H3vlkwBfSh
— Adrien Quatennens (@AQuatennens) 5 janvier 2019
«Vous montrez quasiment exclusivement d'autres choses qui ne représentent pas dans son ensemble ce mouvement», a poursuivi le député du Nord, sans se départir de son calme. La remarque a fortement irrité le journaliste Thomas Misrachi, qui a rétorqué : «Merci Monsieur Quatennens, de contribuer à la haine ambiante contre les médias.»
«Pourquoi vous me dites ça ?», a alors demandé Adrien Quatennens. Et le journaliste de justifier le traitement médiatique fourni par BFM TV, assurant que la chaîne avait montré l'intégralité des manifestations pacifiques à Paris. «Les heurts on les a couverts aussi, c'est notre métier, c'est comme ça que ça marche», a lancé Thomas Misrachi, qui a invité le député à venir découvrir leur travail en passant une journée dans la chaîne.
«Je ne dis pas que vous ne devez pas montrer aussi les scènes de violence, c'est votre métier de journaliste, mais vous devez aussi montrer ce qu'il se passe aussi très bien dans le pays, parce que c'est ça aussi la mobilisation des Gilets jaunes», a expliqué le député la France insoumise. «Avec ce mouvement, le peuple entend se réapproprier la chose politique au bon sens du terme, ça devrait vous réjouir comme nous tous car c'est positif», a-t-il ajouté.
Les Gilets jaunes défiants vis-à-vis des médias
Ce duel médiatique intervient dans un contexte particulièrement tendu entre les Gilets jaunes et les chaînes d'information traditionnelles, vues d'un mauvais œil au sein du mouvement. La défiance du mouvement à l'égard des sources traditionnelles d'information se traduit, la plupart du temps, par un sentiment de méfiance, exacerbé par la couverture de la mobilisation.
Les Gilets jaunes se sont ainsi, à plusieurs reprises, rassemblés devant les rédactions de BFM TV, France Télévisions ou encore de l'AFP, pour faire entendre leur mécontentement.
Des cas isolés de violences envers des journalistes ont également eu lieu. Dernier en date, le 5 janvier, lors de l'acte 8 des Gilets jaunes, une équipe de trois journalistes de BFM TV a été ciblée par des individus violents, qui leur ont lancé des œufs et asséné des coups à Rouen. En réaction à l'agression, la chaîne a décidé de ne pas couvrir le mouvement ce 7 janvier.