François de Rugy voit la pétition pour le climat comme une réplique au mouvement des Gilets jaunes
Le ministre de la transition écologique s'est dit heureux que les citoyens s'expriment sur la question du dérèglement climatique et a estimé que cette démarche initiée par des ONG constituait peut-être une réaction aux Gilets jaunes.
Le ministre de la Transition écologique François de Rugy a donné son avis sur l'«Affaire du siècle». Selon le ministre interrogé par Le Parisien ce 25 décembre, cette pétition pour le climat est «peut-être aussi une réplique aux mouvements des Gilets jaunes qui parlent parfois de l’écologie comme d’un problème».
Cette initiative, qui bat tous les records de popularité, avec plus d'1,7 million de signatures récoltées en cinq jours, propose d'intenter un procès à l'Etat français pour inaction climatique. «Ce n’est pas dans un tribunal qu’on va faire baisser les émissions de gaz à effet de serre», a rétorqué le ministre au cours de l'entretien.
Une réplique aux mouvements des Gilets jaunes qui parlent parfois de l’écologie comme d’un problème
Le ministre se dit en outre heureux que les citoyens s’expriment pour lutter contre le dérèglement climatique, il estime cependant que les ONG ne sont qu'un «aiguillon de l'opinion» et qu'il ne s'agit pas d’un «réel recours en justice» mais davantage d’un levier d’action politique. «Ce n’est pas à des juges de forcer le gouvernement à prendre une loi, ce n’est pas le sens de nos institutions», a-t-il estimé.
Réaction aux Gilets jaunes ou colère des ONG face à un gouvernement qui n'agit pas ?
Pourtant, les auteurs de la pétition n'ont à aucun moment expliqué avoir agi en réaction au mouvement des Gilets jaunes dont les revendications sont loin aujourd'hui de ne concerner que la question du coût du carburant. Certains écologistes ont d'ailleurs fait savoir leur soutien au mouvement né il y a quelques mois, expliquant refuser qu'on taxe «les plus vulnérables» au nom d'une «écologie punitive». Aussi les Gilets jaunes à sensibilité verte mettent-ils en avant d'autres manières de financer des mesures écologiques, comme par exemple un «ISF vert».
La démarche de l'Affaire du siècle s'appuie, selon ses initiateurs, sur un constat d'inaction de la part du gouvernement. La France, au sortir de la Cop21, s'est engagée à réduire de 27% ses émissions à l'horizon 2028 (par rapport à 2013) et de 75% d'ici 2050. Le dégagement de gaz carbonique a pourtant continué à augmenter. La France a émis 463 millions de tonnes de gaz à effet de serre (en équivalent CO2) en 2016, soit 3,6% de plus que les prévisions et6,7% de plus en 2017.
François de Rugy attribue ces résultats à des prises de décisions de la précédente mandature et assure que les émissions de gaz à effet de serre recommenceront à baisser aujourd'hui.
Peu convaincues par les arguments de l'exécutif, quatre ONG environnementales (Notre Affaire à Tous, la Fondation pour la Nature et l’Homme, Greenpeace France et Oxfam France), à court de solutions pour que l’urgence climatique soit traitée, ont pensé au recours en justice. Elle ont décidé, «au nom de l’intérêt général», d’attaquer l’Etat français «pour qu’il respecte ses engagements».
Elles veulent imposer «l’obligation de l'Etat d’agir pour limiter le réchauffement planétaire à 1,5°C», sous peine d'une amende de 100 000 euros par jour. Les soutiens des célébrités sont arrivés dans un second temps. Ce type de pétition n'a rien d'inédit puisque la cour d’appel de La Haye a confirmé en appel le 9 octobre un jugement rendu le 24 juin 2015, ordonnant au gouvernement néerlandais de réduire plus drastiquement les émissions de gaz à effet de serre du pays.