La haine des Français cache-t-elle une «demande d’amour» ? La réflexion de Macron agace
La haine des Français ? Une forme de «demande d’amour». Les réseaux sociaux et les chaines d’info ? «Un poison». Les saillies du président de la République, avant son intervention télévisée, ont suscité l’irritation sur les réseaux sociaux.
Alors qu’Emmanuel Macron se prépare à s’adresser aux Français le 10 décembre à 20h, les premiers indices sur l’état d’esprit et la stratégie du président français ont commencé à filtrer : tenter de désamorcer la colère.
Quand il y a de la haine, c'est qu'il y a aussi une demande d'amour
Emmanuel Macron a confié son interprétation du mécontentement social le 6 décembre devant son cabinet, selon le JDD qui rapporte ses propos le 8 décembre. Il aurait lancé : «Le vrai problème, c'est quand les gens sont indifférents. Quand il y a de la haine, c'est qu'il y a aussi une demande d'amour.»
Prophétie auto-réalisatrice ? Cette lecture audacieuse a été reprise dans une intervention de Benjamin Griveaux, le porte-parole de l'Elysée. «[Emmanuel Macron] saura retrouver le chemin du cœur des Français», a assuré le communiquant, comme si l'amour devenait le nouveau mantra pour sauver le mandat.
Sur les réseaux sociaux, cet amour subit a paru étonner les Français, peu habitués à ce débordement affectif de l'exécutif, et dont les revendications abordaient d’autres sujets moins émotionnels, comme par exemple le pouvoir d'achat.
Thomas Guénolé, candidat la France Insoumise aux élections européennes de 2019, a estimé que les Français n’avaient peut-être rien contre «un gros câlin», mais avaient surtout soif de «justice sociale» et de «démocratie».
Monsieur #Macron parle de "demande d'amour". Ah bon.
— Thomas Guénolé (@thomas_guenole) 10 décembre 2018
Les #GiletsJaunes n'ont sans doute rien contre un gros câlin. Mais ce qu'ils lui demandent, c'est plutôt la justice sociale et + de démocratie. #macron20h
«La France a besoin de justice, pas de bisous [...] Nous vivons une période tragique, pas une comédie romantique», a raillé Raphaël Glucksmann, fondateur du mouvement Place publique.
Après le « besoin d’amour » hier, voici le « chemin du cœur » aujourd’hui, cette façon de transformer une crise sociale et politique en drame sentimental est lunaire... La France a besoin de justice, pas de bisous.
— Raphael Glucksmann (@rglucks1) 10 décembre 2018
Nous vivons une période tragique, pas un comédie romantique. https://t.co/x8mZb4lnFw
David Lisnard, le maire Les Républicains de Cannes (LR) a quant à lui qualifié d'«affichage affectif» les propos de Benjamin Griveaux.
Sans vouloir en rajouter, comment peut-on imaginer que ce genre de phrase peut produire un effet positif ? La raison et le charisme, suivis d’une action puissante et méthodique, peuvent permettre de sortir da la crise par le haut, pas un immature et «egocentré» affichage affectif https://t.co/ZiggtsZoJj
— David Lisnard (@davidlisnard) 10 décembre 2018
Les internautes se sont amusés de ce champ lexical inédit.
Benjamin Griveaux: "Emmanuel Macron saura retrouver le chemin du coeur des Français".
— AsfA (@AsfArasit0) 9 décembre 2018
Il a cru qu’on était dans le Bachelor.
Emmanuel Macron "saura retrouver le chemin du coeur des Français", assure le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux. pic.twitter.com/MV2SFfWohH
— Frank Bullitt (@fleur0fusil) 9 décembre 2018
Les réseaux sociaux et l'information en continu ? «Un poison pour la démocratie»
En cette période d'instabilité consécutive à la crise des Gilets jaunes, le président français aurait, selon le JDD, également donné son opinion sur l’expression des citoyens et les médias. «La jonction des réseaux sociaux et des télés en continu est un poison pour la démocratie», aurait-il estimé.