Insoumis, Hollande, souverainistes... : ces voix critiques du régime de la Ve République
D'après une enquête, les Français seraient de moins en moins attachés à leur régime de gouvernement. A gauche comme à droite, plusieurs personnes pointent l'essoufflement de la Ve République 60 ans après sa fondation par le général de Gaulle.
Selon un sondage commandé par France Info et Le Figaro publié le 3 octobre, le régime de la Ve République n'aurait plus la cote auprès des Français. 56% d'entre eux déclarent ainsi ne plus y être attaché, et 20% des personnes interrogées «pas du tout attachées». 11% des Français seulement se diraient «très attachés» à la République de 1958.
Publié la veille du soixantième anniversaire de la Ve République ce sondage est de nature à relancer les velléités de changement de régime que Jean-Luc Mélenchon porte depuis de nombreuses années. Candidat à l'élection présidentielle, le leader de La France insoumise (LFI) avait ainsi proposé – au cas où il serait élu – de faire jouer l'article 11 de la Constitution et de convoquer un référendum sur la question. Ce 4 octobre, Adrien Quatennens, député LFI a repris cette thématique. «La Ve République a fait son temps. La monarchie présidentielle est à bout de souffle. Place au Peuple ! Passons à la VIe !», a-t-il tweeté.
60 ans. La Vème République a fait son temps. La monarchie présidentielle est à bout de souffle. Place au Peuple ! Passons à la VIème ! #Constitutionhttps://t.co/WtOCzZ3EpRpic.twitter.com/bPhpiNqbyY
— Adrien Quatennens (@AQuatennens) 4 octobre 2018
De fait, la promotion d'un changement de constitution est depuis longtemps dans le programme de La France insoumise et, avant elle, du Front de gauche et du Parti de gauche. Elle fut même promue en son temps par le socialiste Arnaud Montebourg.
A droite aussi, le régime constitutionnel français fait l'objet de critiques, quoique pour des raisons différentes. Pour le souverainiste Nicolas Dupont-Aignan, l'héritage gaulliste doit être préservé. Si épuisement du régime il y a, c'est en raison de la pratique des institutions. «Ces dernières décennies, nos dirigeants ont méprisé le pouvoir démocratique des Français et l'ont transféré à des organisations supranationales non élues, comme l'Union européenne», a analysé le président de Debout la France. Et de poursuivre : «Au gré des révisions constitutionnelles, ils ont dépossédé la France de la maîtrise de ses lois, de son budget, de sa monnaie, de ses frontières, etc.»
Y compris parmi les anciens présidents, d'aucuns estiment que des ajustements en profondeur sont nécessaires, à l'instar de François Hollande. Évoquant sur Public Sénat la nature hybride du régime français, parlementaire sur le papier et pourtant fortement présidentialisé, il a plaidé en faveur d'une suppression pure et simple de la fonction de Premier ministre. «Moi je considère qu'il faut, comme l'avait dit Georges Pompidou, couper le nœud gordien», a-t-il expliqué : il faut selon lui «aller jusqu'au bout». «C'est-à-dire que le président de la République doit être le seul chef de l'exécutif, donc plus de Premier ministre, plus de responsabilité devant le parlement, plus de droit de dissolution du président de la République pour l'Assemblée nationale», a-t-il précisé.
Ces contributions au débat témoignent d'une insatisfaction quant au fonctionnement des institutions françaises. Le président lui-même a promis une révision constitutionnelle ambitieuse dont le calendrier a toutefois connu quelques contrecoups. Celle-ci ne sera probablement pas à l'ordre du jour avant le début de l'année prochaine.
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