Récupération ou symbole fort ? Macron se recueille sur la tombe du Général (ENTRETIENS)

Récupération ou symbole fort ? Macron se recueille sur la tombe du Général (ENTRETIENS)© POOL New Source: Reuters
Emmanuel Macron en recueillement au Mont Valérien pour le 77e anniversaire de l'appel du Général De Gaulle, le 18 juin 2017
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Pour commémorer l'anniversaire de la Ve République, le président se rend le 4 octobre sur la tombe de Charles de Gaulle. Un acte gaullien qui interpelle les gaullistes. Pour eux, l'héritage du Général chez Emmanuel Macron est pour le moins limité.

Est-il légitime pour un président réputé centriste, libéral et fédéraliste européen, de se recueillir sur la tombe du général de Gaulle le 4 octobre, à l'occasion du 60e anniversaire de la Ve République ? Après avoir ajouté la croix de Lorraine sur les armoiries françaises, symbole de la résistance durant la Seconde Guerre mondiale, Emmanuel Macron n'en est pas à son premier hommage gaullien. Interrogé par RT France, le porte-parole de Debout la France (parti ouvertement gaulliste classé à droite), Damien Lempereur, n'est pas opposé à ces petits actes symboliques : «Comme gaulliste, je ne peux que trouver cela positif car le président Macron passera – et le plus vite possible sera le mieux – mais la République française, elle, restera. Donc si on peut garder ces bonnes habitudes, cela me va.»

Emmanuel Macron essaie de se refaire une popularité sur le dos du général De Gaulle, à peu de frais

L'enthousiasme de Damien Lempereur ne va pas plus loin. «Le problème n’est pas de se rendre sur la tombe, c’est le décalage entre la symbolique et la réalité, car Emmanuel Macron mène une politique finalement assez anti-gaullienne», reproche-t-il.

Egalement interviewé par RT France, Ferréol Delmas, président du courant des jeunes gaullistes de l'Union des jeunes pour le progrès (UJP), affilié aux Républicains, trouve lui aussi «normal que le président de la République puisse faire acte de déférence envers le général de Gaulle, étant le fondateur de notre Ve République». Il s'offusque malgré tout qu'Emmanuel Macron soit «dans une véritable récupération politique dans une période bien choisie». «Après le scandale Benalla et les différents couacs politiques, comme le départ de Gérard Collomb du gouvernement, Emmanuel Macron essaie de se refaire une popularité sur le dos du général De Gaulle, à peu de frais», insiste Ferréol Delmas.

Autre camp politique que le sujet peut interpeller : les chevènementistes, parfois qualifiés de gaullistes de gauche. Assumant cet épithète lors de son entretien avec RT France, le président des jeunes du Mouvement républicain et citoyen (MRC, parti créé par Jean-Pierre Chevènement), Paul-Henri Pillet, juge que l'attitude du chef de l'Etat relève «de la tradition de la politique française, les valeurs du gaullisme faisant consensus et structurant la société». Pour autant, il n'est pas dupe de «l'effet de communication» tenté par Emmanuel Macron : «L’image d’Emmanuel Macron a quelque peu été égratignée dernièrement. Il recherche à consolider l’image d’homme d’Etat, surtout avec l’échéance électorale qui arrive, c'est  à dire les européennes.»

Paul-Henri Pillet constate d'ailleurs que «tout le monde se réclame du gaullisme, à gauche comme à droite, y compris un parti d’extrême droite, le Front national». «C’est un peu étrange lorsqu'on voit l’identité de ses fondateurs», ironise-t-il. Quant à savoir si l'actuel président, par ses gestes de respect au général, serait le digne héritier de Charles de Gaulle, le militant du MRC avoue que «le nom de Macron ne [lui] viendrait pas à l’esprit».

Emmanuel Macron, un «de Gaulle au petit pied» ?

Emmanuel Macron n'a-t-il du gaullisme que l'enrobage politique ? Ces gaullistes semblent unanimes. Damien Lempereur fustige ainsi une politique macronienne aux antipodes du général de Gaulle, que «ce soit en matière de politique étrangère, vis-à-vis de la Russie, de la Syrie et de l’Iran, ou en matière d’intégration européenne».

Les citoyens français ne sont pas idiots. Ils commencent à se rendre compte que la communication ne correspond pas du tout à l’action

Le porte-parole de Debout la France prend exemple de l'incohérence de l'exposé d'Emmanuel Macron à la tribune des Nations unies, le 25 septembre dernier. Le président tentait alors de promouvoir le multilatéralisme face à l'unilatérisme américain : «Emmanuel Macron a eu un discours complètement schizophrénique, entre ce qu’il a dit sur le multilatéralisme et ce qu’il a fait dans la réalité avec l'attitude de la France en Syrie. A un moment donné, les citoyens français ne sont pas idiots. Ils commencent à se rendre compte que la communication ne correspond pas du tout à l’action.

Ferréol Delmas, quant à lui, déplore qu'Emmanuel Macron soit le président «de l'opposition complète» : «On voit qu’Emmanuel Macron ne fait qu’opposer, le nationalisme contre le progressisme ou ceux qui ne sont rien à ceux qui possèdent. Contrairement à de Gaulle, il ne rassemble pas. Emmanuel Macron essaie de se refaire une popularité, de se prendre pour le général de Gaulle, mais c’est un de Gaulle au petit pied.»

Le chevènementiste Paul-Henri Pillet est tout aussi catégorique : «L’héritage de la stratégie d’indépendance de la France est en miettes, il ne reste que des symboles.»

Faute de grives, on mange des merles, selon le célèbre adage. Les gaullistes semblent bien obligés de s'en contenter.

Bastien Gouly

Lire aussi : Guerre de clochers chez Les Républicains : l'été a-t-il sonné le glas de la désunion ?

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