Guerre de clochers chez Les Républicains : l'été a-t-il sonné le glas de la désunion ?

Guerre de clochers chez Les Républicains : l'été a-t-il sonné le glas de la désunion ?© Emmanuel Foudrot Source: Reuters
Les Républicains, tous unis derrière leur président Laurent Wauquiez ?
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Après le renvoi de la libérale Virgine Calmels de la vice-présidence du parti en juin, le grand parti de la droite a vu s'animer ses différentes chapelles. Toutefois, au sein des Républicains, on assure que la guerre des chefs est finie. Vraiment ?

Eté désunis, rentrée réunis ? La période estivale a été chargée chez Les Républicains : entre les conventions des uns, les universités d'été organisés par les autres, le renvoi de la juppéiste Virginie Calmels de la vice-présidente du parti en juin, et les petites piques réciproques, le grand parti de droite peine à trouver son unité. Mais la désunion ne serait-elle qu'apparente ?

Placez votre curseur sur les différents logos des mouvements pour découvrir leur identité

Stéphane Tiki, secrétaire général adjoint de Droite Lib, mouvement présidé par Virginie Calmels, tient à rappeler que celle-ci est restée membre de sa famille politique malgré le différend qui l'oppose à l'actuel président du parti. D'ailleurs, par ses convictions politiques, Stéphane Tiki assure se retrouver chez les deux cadres du parti. «Je suis conservateur sur tout ce qui est régalien, autorité et identité, et libéral sur tout ce qui est économique», explique-t-il à RT France.

De manière logique, Stéphane Tiki est donc retourné, tout comme il y a deux ans, sur le mont Mézenc, le 26 août dernier, pour prendre part à la marche organisée par Laurent Wauquiez. «Laurent Wauquiez fait le consensus au niveau des courants puisque c’est le président de la famille», avance l'ex-président des jeunes Républicains qui se dit prêt à l'aider dans sa tâche de reconstruction du parti : «On peut avoir de l’affection pour les uns et travailler tous ensemble pour le bien du mouvement.»

En effet, force est de constater que toutes les orientations se sont bel et bien retrouvées lors du dernier conseil national des Républicains le 30 juin, avec la présence de Valérie Pécresse, Christian Jacob, Jean Léonetti, Eric Ciotti ou Michèle Alliot-Marie.

Wauquiez, Pécresse, Peltier... : pas de guerre ouverte

Et pourtant, cette tendance des cadres du parti à multiplier les courants et mouvements ne peut qu'interroger. «Se retrouver de manière dispersée ça n'est pas nouveau, ça n'est pas normal, ça n'est pas satisfaisant», concède le président du Sénat Gérard Larcher au micro d'Europe 1 le 27 août.

Certaines mouvances se sont créées au sein de LR, sans pour autant chercher l'affrontement avec Laurent Wauquiez, au contraire. Si celui-ci avait fondé La Droite sociale en 2010, l'un de ses fervents soutiens lors de l'élection à la présidence du parti en 2017, Guillaume Peltier, a constitué son propre mouvement le 20 septembre de la même année : Les Populaires, avec la présence d'une vingtaine de députés dans ses rangs. L'élu du Loir-et-Cher rassemblera en outre ses troupes pour la traditionnelle fête de la violette le 22 septembre.

En attendant, Guillaume Peltier, classé parmi les conservateurs et critique de l'actuelle Union européenne, s'est illustré cet été en proposant un «new deal», avec l'augmentation du SMIC net de 10 à 20%. Une idée qui a détonné au sein de la droite, peu coutumière de ce type de prise de position. L'ex-sarkozyste convaincu avait même reçu le soutien de Valérie Pécresse... vue comme une opposante directe de Laurent Wauquiez au sein des Républicains.

Signe que la présidente de la région Ile-de-France est loin d'être sur la même longueur d'onde que Laurent Wauquiez, lors de l'université d'été de son courant, Libres !, le 24 août à Brive, elle avait tancé : «Bien loin des tentations eurosceptiques, je ferai tout pour que Les Républicains présentent, aux prochaines élections, un projet et une liste puissamment pro-européens [...] Nous avons un devoir : incarner une alternative non populiste, une alternative populaire à Emmanuel Macron.»

Là encore, divergences d'opinion ne valent pas dissensions : au-delà de cette pique à destination de Laurent Wauquiez, Valérie Pécresse a tenu à jouer la carte de l'unité lors de son rassemblement.

Stéphane Tiki estime que s'«ils pensent différemment, les dirigeants du parti ont un socle commun : ils se retrouvent autour de la table pour partager ce socle-là». «Il y a des consensus, par exemple sur les heures défiscalisées de Nicolas Sarkozy ou le service minimum dans les transports. Si vous posez la question à Xavier Bertrand, à Laurent Wauquiez ou à Valérie Pécresse, ils seront tous d’accord sur ces mesures et c’est la droite qui les a mises en place. Nous sommes tous aussi d’accord pour être pro-européens, même si nous avons une façon de voir l’Europe différemment», assure-t-il.

Ce sentiment est partagé par Romain Naudin, secrétaire général du mouvement des jeunes gaullistes, l'UJP (Union des jeunes pour le progrès) : «Je pense que l’on a beaucoup exagéré le souverainisme de Laurent Wauquiez, dans un sens où on le présentait comme un nationaliste ou un souverainiste. Laurent Wauquiez a toujours dit qu’il était européen sans être pour une Europe fédérale. Et Valérie Pécresse ne défend pas, non plus, l'Europe fédérale», explique-t-il à RT France. «Par mon expérience, je sais très bien que les militants qui soutiennent soit Pécresse, soit Wauquiez, peuvent très bien s’entendre sur le terrain», ajoute-t-il.

Néanmoins, comment ne pas relever cette sortie de Christian Estrosi, fondateur du courant La France audacieuse créé en octobre 2017. Invité à Brive par Valérie Pécresse, le maire de Nice, beaucoup plus entiché d'Emmanuel Macron que de Laurent Wauquiez, a en effet lancé : «Si certains pensent reconstruire notre mouvement en utilisant les mêmes méthodes, le même type de gouvernance, le même mépris des militants, la même centralisation bureaucratique, la même pensée manichéenne, le même sectarisme, la même passion de l’exclusion et le même culte du chef, alors il n’y aura ni rénovation ni résilience, il n’y aura plus ni succès ni victoire.»

L'étincelle gaulliste ranimée ?

D'autres courants veulent davantage peser sur la ligne politique des Républicains, voire la transformer. Si la flamme gaulliste s'est peu à peu éteinte au sein du parti, depuis la retraite politique de son fidèle chevalier Philippe Séguin en 2002 jusqu'au retrait d'Henri Guaino des affaires publiques en 2017, Oser la France compte bien raviver l'étincelle. Le mouvement fondé par le député du Vaucluse Julien Aubert, qui tiendra son université d'été le 8 septembre à Lourmarin (Vaucluse), ose même pour cela l'ouverture à gauche.

«Je pense qu’il y a des personnalités très proches de nos idées même si elles sont de gauche. De la même manière qu’Emmanuel Macron a transcendé le clivage gauche-droite en réunifiant, de fait, tous ceux qui sont, finalement, des apôtres du libéralisme décomplexé et mondialisé, je pense qu’il y a une porte pour réunifier tous ceux qui croient encore à la nation, sont favorables à un Etat social, sont favorables à une meilleure protection des frontières sans tomber dans le repli ou l’extrémisme. Et ceux-là sont un petit peu orphelins», explique Julien Aubert à RT France. 

Pour son université d'été, Oser la France a convié Céline Pina, ancienne élue socialiste, devenue l'une des avocates les plus médiatisées de la laïcité. Julien Aubert a en outre reçu le soutien de l'ex-député socialiste puis chevènementiste Jean-Philippe Mallé, ainsi que d'une dizaine de parlementaires de droite que séduit la ligne souverainiste de son mouvement. «La souveraineté c’est tout simplement d’avoir la possibilité de décider de son avenir et n’importe quel Français, lorsqu’on lui pose la question, à mon avis est d’accord pour dire qu’il doit garder la maîtrise de son destin», estime-t-il, déplorant le galvaudage du mot «souverainisme».

Pour modeste qu'il soit, le mouvement de Julien Aubert semble défendre une ligne peu conciliable avec celle d'une Valérie Pécresse. Les Républicains peuvent-il exploser en cours de route, faute de consensus ? L'élu du Vaucluseestime qu'il ne s'agit pas d'une simple «querelle d'ego» : «En très grande majorité, les rentrées des différentes personnalités n'ont pas pour but de prévoir telle ou telle élection future, mais bel et bien d’enrichir le mouvement de la droite.»

Exemple de la complexité toute particulière des tendances au sein du parti : Julien Aubert se trouve également être membre du bureau d'un autre mouvement, Force Républicaine, créé en 2001 par... François Fillon. Repris en main depuis 2017 par le sénateur Bruno Retailleau, ce laboratoire d'idées fera sa rentrée le 8 septembre pour une convention à Paris sur le thème de «la droite et la liberté».

Quand à savoir si tous les ténors de la droite LR et ces mouvements feront convergence pour les prochaines échéances que sont les élections européennes... Le temps électoral est généralement celui qui permet le rassemblement. Cependant, la désignation de la future tête de liste et de la tendance à incarner risque de provoquer des débats et des remous dans le parti. Mais il faut peut-être ce type d'épreuve pour mettre à l'épreuve cette nouvelle unité... 

Bastien Gouly

Lire aussi : France audacieuse, Libres !, Oser la France... : face à Wauquiez, les mouvements se multiplient à LR

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