PMA : les évêques signent une déclaration solennelle et pointent des «obstacles éthiques majeurs»
Dans un texte publié ce 20 septembre, la Conférence des évêques met en garde contre l'extension de la procréation médicalement assistée aux femmes célibataires et aux couples de lesbiennes. Ils s’inquiètent en outre de la fin de la double filiation.
Ce sont 122 pages «denses mais accessibles», selon le président du «groupe de travail bioéthique» de l'épiscopat. Dans ce texte dévoilé le 20 septembre, la Conférence des évêques (CEF) s'inquiète de l'extension de la procréation médicalement assistée (PMA) aux femmes célibataires et aux couples de lesbiennes. Point d'orgue de leur réflexion : le refus de mettre à l'index la «référence paternelle».
L'ensemble des évêques de France réaffirme ainsi son opposition à ce projet, en signant cette déclaration intitulée «La dignité de la procréation». Le timing de sa diffusion ne doit rien au hasard puisque dans une semaine le Comité consultatif national d'éthique (CCNE) fera part de son avis sur l'ensemble des sujets de bioéthique débattus lors des états généraux, alors que l'élargissement de la PMA doit figurer dans la prochaine révision de la loi de bioéthique.
La suppression juridique de la généalogie paternelle porterait atteinte au bien de l'enfant qui serait privé de sa référence à une double filiation
La CEF explique que «l'Eglise catholique, soucieuse de la valeur de la fraternité, tient à faire connaître son inquiétude sur la société que préparerait une évolution législative étendant l'usage des techniques». Selon elle, une telle extension «écarte dès le principe la référence biologique et sociale à un père» et pose «cinq obstacles éthiques majeurs».
Le Comité consultatif national d'éthique rendra son avis le 25 septembre
«La suppression juridique de la généalogie paternelle porterait atteinte au bien de l'enfant qui serait privé de sa référence à une double filiation», estiment en outre les évêques. Cela «encouragerait socialement la diminution, voire l'éviction des responsabilités du père», poursuivent-ils. «Pourrions-nous accepter collectivement que l'homme soit considéré comme un simple fournisseur de matériaux génétiques et que la procréation humaine s'apparente ainsi à une fabrication ?», s'interrogent-t-ils également.
Dans sa déclaration de «dignité de la procréation», l’Eglise souhaite aussi minimiser la souffrance de ne pas avoir d’enfant. Mais, selon elle, le désir d’avoir un enfant ne peut pas être «abordé par la seule technique», comme l’envisage la PMA.
Concernant la question des femmes seules, la CEF met en garde contre le risque d'une PMA «post mortem», en se demandant si c'est dans «l'intérêt de l'enfant d'être engendré [...] dans un tel contexte de deuil». Autre obstacle, selon les évêques, «le risque de marchandisation» du corps, dans le cas où le don de sperme devait être rémunéré. Enfin, l'épiscopat craint que l'argument de l'égalité soit brandi et conduise «à la légalisation de la gestation pour autrui». «En effet, la référence à l'égalité, indissociable de la dignité, s'applique tout autant aux femmes qu'aux hommes», écrivent-ils.
Le gouvernement a prévu de présenter avant la fin de l'année un projet de loi, qui devrait être débattu par le Parlement début 2019. Le CCNE rendra le 25 septembre un avis sur l'ensemble des sujets débattus au Etats généraux de la bioéthique. En 2017 il s'était prononcé pour l'extension de la PMA, promesse de campagne d'Emmanuel Macron.
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