Investi par LREM, Richard Ferrand est en passe de devenir président de l'Assemblée
- Avec AFP
Le fait d'être visé par une enquête relative à une affaire de montage financier n'aura pas empêché Richard Ferrand d'obtenir l'investiture du groupe des députés La République en marche, pour la présidence de l'Assemblée nationale.
Richard Ferrand est en passe de succéder à François de Rugy et de devenir le prochain président de l'Assemblée nationale, après avoir obtenu ce 10 septembre dès le 1er tour l'investiture du groupe des députés La République en marche (LREM) réunis à Tours. Richard Ferrand a ainsi recueilli 64,26% des suffrages, devant la présidente de la Commission du développement durable Barbara Pompili (29,21%), la députée de l'Isère Cendra Motin (5,15%) et celui du Tarn Philippe Folliot (1,37%).
En raison de la majorité absolue que détient le groupe LREM à l'Assemblée nationale (312 députés sur 577), l'éphémère ministre de la Cohésion des territoires (du 17 mai au 19 juin 2017) est quasiment assuré d'accéder au perchoir ce 12 septembre, à l'issue d'un vote dans l'hémicycle programmé après la séance de questions au gouvernement.
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Ce premier pas de Richard Ferrrand vers la présidence de l'Assemblée ne manquera pas de faire grincer des dents au sein de l'opposition, celui-ci étant ciblé par une enquête sur un montage financier immobilier.
L'affaire de prise illégale d'intérêt, révélée par le Canard enchaîné en mai 2017, avait contraint le ministre de la Cohésion des territoires à démissionner. Elle porte sur le bien immobilier acquis par la compagne de Richard Ferrand, l'avocate Sandrine Doucen, puis loué aux Mutuelles de Bretagne, dont il était alors le directeur général (1998-2012). L'association anticorruption Anticor accuse Richard Ferrand d'avoir profité de sa fonction pour favoriser sa compagne, qui aurait financé l'acquisition de locaux, d'une valeur de 375 000 euros, par les loyers des Mutuelles de Bretagne.
Une enquête préliminaire a été classée sans suite en octobre 2017 par le parquet de Brest, en raison de la prescription des faits. Par la suite, Anticor a déposé à Paris une plainte avec constitution de partie civile, procédure qui permet de passer outre le refus du parquet d'entamer des poursuites pénales. Partant, le juge du pôle financier de Paris, Renaud Van Ruymbeke, a ouvert le 12 janvier 2018 une information judiciaire pour «prise illégale d'intérêts».
Cependant la défense de Richard Ferrand et de sa compagne a dénoncé en mars dernier un «conflit d'intérêts», le vice-président d'Anticor Eric Alt, présent lors d'une première audition, étant aussi premier vice-président adjoint au tribunal de grande instance de Paris. La Cour de Cassation a donc décidé de confier l'enquête au tribunal de grande instance de Lille «afin de garantir l’impartialité objective de la juridiction saisie». En d'autres termes : alors que Richard Ferrand s'apprête à être élu président de l'Assemblée nationale, l'affaire n'est pas close.