Marine Le Pen a proposé le 31 mai, dans une lettre ouverte à son ancien allié du second tour de la présidentielle, Nicolas Dupont-Aignan, chef de file de Debout La France (DLF), de figurer tous les deux sur une liste commune pour les élections européennes.
Dans cette missive, la présidente du Front national (FN) suggère au leader de DLF de figurer «aux deux dernières places» de cette liste et lui propose une rencontre rapide pour travailler à l'élaboration d'une «charte commune».
«Je t'ai suggéré notre présence symbolique aux deux dernières places de cette liste avec un double objectif», explique Marine Le Pen : «Pousser la liste vers les sommets en démontrant notre totale implication dans ces élections européennes et nous mettre, nous deux, présidentiables, chefs de partis et députés nationaux, au seul service de l'intérêt supérieur de notre pays au-delà de toute ambition personnelle.»
«Je te propose en conséquence de nous rencontrer dans les plus brefs délais afin de travailler à une charte commune qui établira les priorités et les mesures essentielles pour transformer l'Union européenne en une Europe des Nations, des coopérations et des libertés», poursuit la finaliste de la présidentielle de 2017.
Emmanuel Macron «a déjà clairement annoncé ses intentions d'amplifier la submersion migratoire, la fédéralisation de l'Union européenne, d'assujettir la France un peu plus à la Commission de Bruxelles, à ses technocrates non élus et ses directives supranationales qui font tant souffrir nos compatriotes», estime la dirigeante frontiste.
«Face à ce projet de démantèlement de notre cher et vieux pays, nous avons une responsabilité historique, une responsabilité commune, celle d'être le socle d'un large rassemblement de celles et ceux de toutes sensibilités politiques qui croient en la France, à sa liberté, à son droit inaliénable de choisir son avenir», fait valoir la présidente du FN.
Chefs de partis en recherche d'alliances
Le FN est engagé depuis la présidentielle dans une stratégie d'alliances qui peine à voir le jour. Marine Le Pen a proposé pour ce faire de rebaptiser le parti «Rassemblement national».
Début mai 2018, le président de DLF a de son côté suggéré une réunion de travail avec Marine Le Pen, Laurent Wauquiez et lui-même sur le thème de l’immigration. Il appelait ces deux partis à lancer avec le sien un «référendum d'initiative partagée» sur le sujet. Sa proposition n'a pas été suivie d'effets.
Nicolas Dupont-Aignan avait également constitué en octobre 2017 une plateforme des Amoureux de la France, à laquelle se sont ralliés le président du Parti Chrétien-Démocrate Jean-Frédéric Poisson et le président du Centre national des indépendants et paysans (Cnip), Bruno North. A l'origine, la plateforme se voulait «une association indépendante de tout parti politique». Elle souhaitait rassembler autour de l'idée d'une «France libre et indépendante dans une Europe des nations forte». Elle articule ses vues autour de la lutte contre l’islamisme et l'immigration massive, la valorisation du travail, la promotion de l'identité et des valeurs familiales.
Tous trois ont présenté le 28 mai une ébauche de «programme commun» en vue des élections européennes, lors d'une réunion avec quelques députés européens, intitulé «Rencontre Européenne pour un plan B».
L'éphémère ralliement de la présidentielle
Marine Le Pen et Nicolas Dupont Aignan s'étaient alliés entre les deux tours de la présidentielle de 2017, la présidente du FN promettant à son coéquipier le poste de Premier ministre en cas de victoire. Autour de six engagements communs, Nicolas Dupont-Aignan avait annoncé le 28 avril 2017 qu'il ferait campagne au second tour aux côtés de Marine Le Pen, afin selon lui de «sauver la France». Le ralliement de Nicolas Dupont-Aignan au FN avait surpris ses électeurs et désarçonné jusqu'aux cadres de son parti, dont certains étaient partis en claquant la porte.
Mais l'idylle politique avait toutefois été de courte durée. Car en mai 2017, le FN et DLF n'ont pas réussi à s'entendre pour les élections législatives. Les deux partis ne seraient pas parvenus à se mettre d'accord, en particulier sur les candidats que l'un et l'autre devaient retirer dans certaines circonscriptions afin de ne pas se faire concurrence.
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