Projet de NDDL, «0 personne dans la rue» d'ici 2018... Les premiers renoncements d'Emmanuel Macron
Le gouvernement a abandonné le projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes, mettant à mal la promesse d'Emmanuel Macron : faire respecter le référendum approuvant celui-ci. Il s'agit là d'une nouvelle entorse au programme présidentiel.
Le 17 janvier, le Premier ministre Edouard Philippe a officialisé la décision gouvernementale d'abandonner le projet d'aéroport à Notre-Dame-des-Landes. Pour certains, ce renoncement est une forme de victoire des zadistes sur l'Etat, mais aussi sur la démocratie. En effet, l'une des promesses d'Emmanuel Macron, lors de la campagne présidentielle de 2017, était de faire appliquer l'avis du référendum local qui approuvait la création de l'aéroport.
Abandon du projet de #NDDL : la droite et des #socialistes dénoncent un «déni de démocratie»
— RT France (@RTenfrancais) 17 janvier 2018
➡️ https://t.co/nruq6AUJtRpic.twitter.com/SbIZSMNdgd
Le 6 avril 2017, sur France 2, le candidat d'En Marche ! avait en effet assuré qu'il respecterait le résultat du référendum local du 26 juin 2016, lors duquel les électeurs de Loire-Atlantique avaient validé le projet de nouvel aéroport. «J'essaierai d'apaiser les choses. je crois au dialogue, je pense qu'on peut les apaiser en six mois. Si je n'y arrive pas, je prendrai mes responsabilités parce que je [...] suis décidé. [...] J'en prends l'engagement, c'est de faire respecter ce vote», avait-il affirmé.
Le peuple s'est exprimé, je suis pour respecter cette décision
"Je prends l'engagement de faire respecter le vote, de le faire avec ma méthode" @EmmanuelMacron#NDDL#LEmissionPolitiquepic.twitter.com/LL2xg04cDn
— Jeunes avec Macron (@JeunesMacron) 6 avril 2017
En février, sur les ondes de France Inter, Emmanuel Macron avait déjà déclaré : «Le peuple s'est exprimé, je suis pour respecter cette décision.»
Un abri pour tous ? Une vie politique moralisée ? Des contrats pas tout à fait remplis
Il ne s'agit pas, à ce jour, de la seule capitulation de l'ex-candidat d'En Marche ! confronté à l'exercice du pouvoir. Emmanuel Macron avait dévoilé un engagement pourtant courageux en juillet 2017 : «La première bataille, c’est de loger tout le monde dignement. Je ne veux plus, d’ici la fin de l’année [2017], avoir des femmes et des hommes dans les rues, dans les bois.» Un objectif qui visait principalement la question des nombreux migrants devenus SDF en France.
Toutefois, le nombre de places dans les centres d'hébergement d'urgence n’est pas suffisant. RTL estime à 200 000 le nombre de sans-abris en France. Une statistique difficilement vérifiable dans la mesure où des organismes comme le Samu social de Paris ou la Fédération des acteurs de la solidarité (FNARS) déplorent le manque d'indicateurs. «La dernière enquête menée au niveau national sur le nombre de personnes sans domicile fixe a été faite par l’Insee en 2012. Elle aboutissait au constat d’une hausse de près de 50% depuis 2001. Depuis, aucune statistique nationale n’a été publiée», critique Florent Gueguen, directeur de la FNARS pour Libération.
Autre cause de cet échec : l'engorgement des capacités d’hébergement, d’urgence ou non, est clairement mis en cause.
Le @observ_societe estime à 180 000 le nombre de #sansabris en #France 🇫🇷
— RT France (@RTenfrancais) 28 décembre 2017
Lire l'article : https://t.co/ReACLDqckNpic.twitter.com/XHR4GpVieE
Autre dossier central dans le projet de renouvellement de la vie politique d'Emmanuel Macron : la moralisation de la vie publique. Or, à ce sujet, plusieurs points promis par le candidat à la présidentielle n'ont pas été intégrés dans la loi adoptée le 9 août. Parmi ceux-ci : lors de la présentation du programme du 2 mars 2017, l'actuel président voulait interdire les activités de conseil pour éviter les conflits d’intérêts chez les parlementaires.
Or, le texte prévoit simplement d'interdire aux parlementaires de commencer une activité de conseil pendant leur mandat. De fait, les élus qui auraient commencé cette activité un an avant leur mandat pourraient, quant à eux, la poursuivre.
De plus, Emmanuel Macron exigeait que tout élu puisse présenter un casier B2 vierge. Sauf que la loi pour la confiance dans la vie politique précise que «la juridiction peut, par une décision spécialement motivée, décider de ne pas prononcer la peine prévue par le présent article, en considération des circonstances de l’infraction et de la personnalité de son auteur». Marianne rappelle par ailleurs que «les vols violents [mais sans arme], le trafic de stupéfiants [hors grands dealers] et certaines fraudes fiscales, comme le fait de ne pas déclarer ses impôts, ne sont pas non plus concernés par la loi».
Enfin, à la suite de l'affaire Fillon, le programme macronien envisageait une «interdiction pour les élus et tout gestionnaire de deniers publics de recruter des membres de leur famille comme assistants parlementaires». Si le principe est respecté sur le papier, il est en réalité contourné par des députés dont ceux issus de La République en marche. L'astuce : ces derniers font embaucher des membres de leur famille par d'autres députés.
Bastien Gouly
Lire aussi : Erreurs de débutants ? Les cinq plus beaux couacs des nouveaux élus LREM en 2017