«Fake news»? : une journaliste rappelle que France Inter niait le lien entre réfugiés et terroristes
Charlotte d'Ornellas, journaliste à Valeurs Actuelles, a réagi le 4 janvier sur CNEWS à l'annonce de la création d'une loi pour lutter contre les fake news, rappelant l'épisode médiatique autour des migrants et du terrorisme.
Charlotte d’Ornellas, journaliste à Valeurs Actuelles, a dénoncé le 4 janvier sur Cnews, l’instrumentalisation de la lutte contre les «fake news» par le gouvernement français. Selon elle, les fausses informations relayées par des médias publics échapperaient au radar de l'exécutif, alors qu'elles seraient tout aussi dangereuses, sinon davantage. Elle s'appuie sur l'exemple de France Inter, qui aurait selon elle relayé une fake news en réaction à une déclaration de Christian Estrosi datant d'août 2015. Celui-ci affirmait à l'époque que «parmi les migrants [figuraient] des terroristes de Daesh».
«En août 2015, il y a la grande vague migratoire. Christian Estrosi avait dit : "Daesh a prévenu, ils vont infiltrer la vague migratoire". Tous les médias ont titré à ce moment-là : L’infiltration de la vague migratoire par Daesh, fantasme, on vous explique pourquoi, France Inter en premier, l’audiovisuel public. [...] Alors, ça ce n’était pas une fake news ? Macron dit qu’une fake news menace la démocratie libérale, mais une fake news, ça peut aussi menacer des vies très directement. Et là, c’était des médias tout-à-fait classiques comme il les a appelés lui-même. Et ça c’est un vrai problème. Qui dit la vérité ?»
«Réfugiés : le fantasme de l'infiltration terroriste», l’article de France Inter accusé d’avoir minimisé le risque terroriste
Si Charlotte d'Ornellas force le trait en affirmant que «tous les médias» ont qualifié de fantasme l'hypothèse d'une infiltration des flux de réfugiés par des terroristes, l'exemple de France Inter est étayé par les faits. Le 14 septembre 2015, France Inter publiait en effet sur son site internet un article intitulé : «Réfugiés : le fantasme de l’infiltration terroriste». Un titre évocateur afin de dénoncer ouvertement le parallèle entre immigration et menace terroriste établi par Christian Estrosi ou encore Marine Le Pen. Afin de contredire cet argument, l’auteur de l’article s’est notamment appuyé sur des informations du ministère de l’Intérieur.
«La menace est-elle réelle ? Au ministère de l'Intérieur, on la balaie d'un revers de la main. Cette infiltration est un fantasme, un chiffon rouge agité par l'extrême-droite pour faire peur aux Français. Place Beauvau, on assure que les migrants qu'on laisse entrer en France sont ceux qui veulent y demander l'asile», avait-elle alors écrit. Le terme «fantasme» utilisé par le ministère de l’Intérieur pour démentir le risque potentiel d’une infiltration de terroristes parmi les migrants, avait alors été repris dans le titre de l’article.
France Inter était loin d'être le seul média à avoir assuré avec aplomb que le lien entre réfugiés et terrorisme était inexistant. Libération n'avait par exemple pas pris la peine de nuancer son affirmation quelque peu péremptoire.
Plusieurs attentats en Europe au cours de ces dernières années ont pourtant été commis par des individus se présentant comme réfugiés et ayant fait une demande d'asile dans les pays où ils sont passés à l'acte. C’est le cas des auteurs des attentats de Berlin ou de Hambourg, respectivement commis en décembre 2016 et juillet 2017. Autre exemple : en juin dernier, la police italienne avait arrêté un demandeur d'asile irakien qui projetait un attentat. Autant d'exemples qui ont contribué à confirmer la piste de l'infiltration, que plus aucun média ne considère aujourd'hui comme une fake news. Dès juillet 2016, d'ailleurs, la chancelière allemande Angela Merkel avait elle-même reconnu que les vagues migratoires en direction de l'Europe avaient été utilisées par des organisations terroristes pour y faire entrer certains de leurs hommes.
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