Sélection à l’université : la réforme crée bien peu de vagues

Sélection à l’université : la réforme crée bien peu de vagues© Charly Triballeau Source: AFP
Etudiants en sciences à la rentrée 2015
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Si la France Insoumise et l'Unef considèrent qu'il ouvre scandaleusement la porte à la sélection à la faculté, le projet de réforme universitaire présenté le 12 décembre à l’Assemblée ne mobilise pas les foules contre lui. De quoi s'agit-il ?

Critiqué par une partie de la gauche, le projet de loi «relatif à l’orientation et à la réussite des étudiants», été discuté le 12 décembre à l’Assemblée nationale. Les députés de la France insoumise (LFI) et leur leader Jean-Luc Mélenchon ont longuement contesté le principe d'introduction de la sélection à l'université qu'il suppose. L'Union nationale des étudiants de France, l'Unef, principal syndicat étudiant considéré proche du Parti socialiste (PS), avait lancé une pétition contre le projet de loi, qui n’avait recueilli... qu'un peu plus de 2 700 signatures le 13 décembre. Mais nulle insurrection populaire n'a embrasé les rues. Beaucoup de bruit pour rien ?

Frédérique Vidal, ministre de l'Enseignement supérieur et de la recherche, a défini les lignes principales du projet : «Un accès plus juste et transparent dans le supérieur», «mieux accompagner l'orientation au lycée», «des conditions de vie étudiante au service de la réussite», «en finir avec le tirage au sort et la sélection par l'échec.» 

La France insoumise et l'Unef contre le principe de sélection

La réforme présente un grand nombre de volets mais un point a cristallisé l’ire d’une partie de la gauche. Il s’agit du principe de sélection, supposément introduit à l’entrée de l’Université par la nouvelle loi. La réforme entend remplacer le dispositif qui existait jusqu’ici pour départager les bacheliers sur la plateforme d'Admission Post Bac (APB). Le tirage au sort pour entrer dans les filières de faculté dites «en tension», qui attirent plus de bacheliers qu’ils ne peuvent en accueillir, sera supprimé au profit d'une forme de choix de la direction de l'université. Le projet de loi Devaquet en 1986, le dernier à avoir émis l'idée de sélection à la faculté, avait été abandonné à la suite de manifestations étudiantes. 

Selon l’Unef, «cette réforme remet en cause le principe de libre accès à l’université qui garantit à chaque titulaire du baccalauréat de pouvoir poursuivre les études, dans la filière de son choix à l’université». Un principe démocratique en forme de vœu pieux puisque le tirage au sort, astuce trouvée pour ne pas introduire de règle de sélection, départageait jusqu'ici les bacheliers surnuméraires. Une méthode aléatoire et injuste qui ne convient ni à l’Unef, ni à personne. Mais l'idée de sélection irrite tout autant le syndicat étudiant.

Abondant dans le sens de l’UNEF, Jean-Luc Mélenchon a fustigé la réforme sur les bancs de l'Assemblée en tonnant à l'adresse de Frédérique Vidal que la réforme allait enlever aux bacheliers «la liberté de choisir personnellement les études». Elle équivaudrait selon lui à «ajuster le nombre d’étudiants au nombre de places disponibles». «Nous, nous voudrions faire exactement l’inverse», a-t-il ajouté. 

La députée insoumise de Seine-Saint-Denis, Sabine Rubin, a dénoncé «une sélection sur dossier» qui organiserait «un tri entre l’excellence et la seconde zone», évoquant une réforme allant «conforter les inégalités sociales», en empêchant en premier lieu les «lycéens de classe populaire» d’accéder aux filières désormais «sélectives» de l’université.

Quid de cette fameuse sélection ?

Le volet «sélection» du projet gouvernemental vise à remédier au tirage au sort mais aussi à réduire le phénomène de décrochage à l’université. En effet, près de 40% des étudiants intégrant le supérieur ne passent pas en seconde année de licence et 27% obtiennent réellement un diplôme de licence, selon les chiffres du gouvernement.

La sélection évoquée n’est pas celle, drastique et sans recours, des écoles. Elle implique que les dossiers scolaires soient annotés par les professeurs au lycée, donnant un premier avis. S’il est défavorable, le lycéen pourra passer outre et proposer tout de même sa candidature aux universités de son choix. Ensuite, et seulement dans les cas d'une filière en tension, l’université examinera les dossiers. Elle pourra inscrire d'office le bachelier. Mais si elle juge qu’il ne semble pas disposer des compétences pour suivre dans la filière, elle acceptera une admission différée, conditionnée au suivi d’un «parcours pédagogique spécifique». En d’autres termes, à une remise à niveau obligatoire, les caractéristiques de ces cursus de remise à niveau restant à définir. 

Les insoumis et l'Unef préfèrent cependant faire valoir l'ouverture de davantage de places dans les filières en tension. Entre 30 000 et 40 000 étudiants supplémentaires postulent chaque année à l'université, à cause du boom démographique des années 2000. La ministre Frédérique Vidal a précisé le 12 décembre devant la représentation populaire que des places allaient être créées, mais sans préciser de calendrier, ni de chiffres. «Nous travaillerons à l’ouverture de places dans toutes les filières en tension», a-t-elle affirmé.

Un flou qui semblerait corroborer les propos qu’Emmanuel Macron avait tenus en août dans le magazine Le Point : «Nous ferons en sorte que l’on arrête de faire croire à tout le monde que l’université est la solution pour tout le monde.»

L’examen du texte du projet de loi doit s’achever le 14 décembre. Il sera soumis au vote solennel de l’Assemblée cinq jours plus tard. Puis il sera examiné par le Sénat en janvier ou février 2018. 

Lire aussi : Des étudiants manifestent à Paris contre la réforme universitaire

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