«Honte de la République» : Macron attaque l'audiovisuel public, en pleines coupes budgétaires
Emmanuel Macron se serait livré à une violente diatribe contre l'audiovisuel public, critiquant notamment la qualité des programmes. Quelques semaines plus tôt, une réduction budgétaire de 36 millions pour le secteur était annoncée pour 2018.
Selon une information du journal L'Express, Emmanuel Macron s'en serait pris de manière assez frontale à la qualité du service publics audiovisuel. Reçu le 4 décembre par la commission des Affaires culturelles de l'Assemblée nationale, le chef de l'Etat se serait livré à un discours sans détour à ce sujet.
Devant 70 personnes, le chef de l'Etat aurait qualifié de «honte de la République» l'audiovisuel public français. Dénonçant pêle-mêle la mauvaise gestion des entreprises publiques du secteur, la médiocrité des programmes et des contenus ou encore les relations entre le milieu et les partenaires extérieurs, il aurait dressé un bilan très négatif et relativement inhabituel du secteur.
Interrogé en marge de cette intervention au sujet des «fake news», Emmanuel Macron aurait estimé que les journalistes n'avaient pas fait leur travail de manière éthique. Il en aurait profité pour pointer du doigt l'absence de responsabilité des présidents des grands groupes audiovisuels publics, qui, selon lui, n'auraient de comptes à rendre à personne puisque nommés directement par le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA).
Alors que l'information a beaucoup été commentée dans les médias, l'Elysée, contactée par L'Obs a démenti les propos prêtés par L'Express à Emmanuel Macron.
Des propos qui ne passent pas
Pour le journaliste politique Jean-Michel Aphatie, la pilule ne passe pas. Il met en parallèle les propos tenus par le chef de l'Etat avec les critiques adressées par Jean-Luc Mélenchon aux journalistes pour leur manque supposé de déontologie.
L’audiovisuel public? Une « honte pour la République » selon @EmmanuelMacron visiblement très mesuré. Après @JLMelenchon qui parlait lundi des « arsouilles » de @France2tv ça fait beaucoup, non? https://t.co/FSi99VpFqG
— jean-michel aphatie (@jmaphatie) 5 décembre 2017
Le vice-président socialiste du Sénat, David Assouline, estime quant à lui que l'attaque d'«une violence sans précédent» à laquelle s'est livré Emmanuel Macron pose un problème pour l'indépendance de l'audiovisuel public.
Si ces propos ont bien été tenus, c’est une attaque d’une violence sans précédent contre le service public de l’audiovisuel et son indépendance garantie par la Constitution, de la part d’un Président de la République https://t.co/aYDvtzTONR
— David Assouline (@dassouline) 5 décembre 2017
De nombreux journalistes se sont exprimés sur les réseaux sociaux, renvoyant le président à d'autres dossiers qu'ils estiment davantage susceptibles d'être qualifiés de «honteux».
J'aurais dit les prisons plutôt, ou l'accès Handicapé dans les centres villes... > Pour Macron, l'audiovisuel public est "la honte de la République" https://t.co/9ViFTOSKEC via @LExpress
— Quentin Fichet (@quentinfichet) 5 décembre 2017
D'autres encore voient dans cette attaque une source de satisfaction, puisqu'elle démontrerait que les journalistes dérangent le pouvoir en place, ainsi que Jean-Luc Mélenchon.
Macron et Mélenchon qui tapent en stéréo sur l'audiovisuel public, un bel encouragement pour nos confrères à poursuivre leur travail
— Christophe Conte (@christopheconte) 5 décembre 2017
Cette déclaration d'Emmanuel Macron survient dans le cadre d'une réduction drastique du budget de l'audiovisuel public annoncé pour 2018 par la ministre de la Culture, Françoise Nyssen. Elle avait fait savoir que le budget des groupes de l'audiovisuel public (France Télévisions, Radio France...) serait réduit de 36 millions d'euros l'an prochain par rapport à 2017.