Abdelhakim Dekhar : le procès du «tireur de Libé» s'ouvre aux assises
Le 17 novembre, Abdelhakim Dekhar comparaît devant les assises de Paris. Il est accusé d'avoir menacé en 2013 le rédacteur en chef de BFM-TV avec un fusil à pompe, puis d'avoir tiré sur un assistant photographe de Libération trois jours plus tard.
Le procès d'Abdelhakim Dekhar, accusé d'avoir pénétré dans les locaux de BFMTV armé d'un fusil à pompe avant de blesser un assistant photographe de Libération quelques jours plus tard, débute ce 17 novembre devant la cour d'assises de Paris. Poursuivi pour récidives de tentative d’assassinat et pour enlèvement et séquestration, il encourt la perpétuité.
Le 15 novembre 2013, plus d'un an avant l'attaque perpétrée contre Charlie Hebdo, Abdelhakim Dekhar prenait déjà pour cible des médias. Vers 7h du matin, il s'était présenté à l'accueil de BFMTV, avait pointé son arme vers le rédacteur en chef de la chaîne et avait lancé, menaçant : «La prochaine fois, je ne vous raterai pas», selon un agent de sécurité témoin de la scène.
Ce n'est que le début du périple de celui que les médias ont bientôt surnommé le «tireur parisien», qui a mis sur le qui-vive les rédactions de France pendant plusieurs jours. Car le 18 novembre, un homme avec une arme similaire, suspecté d'être Abdelhakim Dekhar, fait irruption dans les locaux de Libération. Et il passe cette fois-ci des menaces aux actes : il tire à deux reprises sur un assistant photographe du journal, le blessant grièvement. Un peu plus d'une heure plus tard, trois coups de feu sont tirés dans le quartier de la Défense. Des employés de le Société générale affirment avoir été visés par les tirs, sans toutefois être blessés.
Il voulait s'en prendre aux journalistes, «payés pour faire avaler des mensonges»
Pour s'échapper, le tireur prend en otage un automobiliste, qu'il contraint à la conduire sur les Champs-Elysées. Dans les jours qui suivent, les images de vidéosurveillance du suspect font le tour du pays et les enquêteurs lancent un appel à témoin pour tenter de le retrouver. Un dispositif policier est également déployé devant les grands médias parisiens, qui se demandent quelle rédaction sera la prochaine cible du tireur.
Ce n'est que le 20 novembre qu'Abdelhakim Dekhar est appréhendé, dénoncé par l'homme qui l'héberge. Si son procès permettra d'en savoir plus sur son mobile, le procureur de Paris François Molins avait évoqué en 2013 une lettre non-datée signée de sa plume et dans laquelle il développait la théorie d’un «complot fasciste», s’en prenant au «capitalisme» et aux journalistes «payés pour faire avaler des mensonges».
Connu des services de police et de justice depuis les années 1990, il avait été condamné en 1998 dans un dossier criminel majeur de l’époque lié aux milieux de l’ultra-gauche. Il était soupçonné d’être «le troisième homme» de l’affaire Florence Rey-Audry Maupin, une fusillade au cours de laquelle trois policiers, un chauffeur de taxi et Audry Maupin avaient été tués en 1994. Il avait été condamné à 4 ans de prison pour «association de malfaiteurs».
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