Attentat de Nice : relaxe de la policière municipale poursuivie par Cazeneuve en diffamation
- Avec AFP
Accusée de diffamation par le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve après l'attentat de Nice en 2016 pour avoir dénoncé des pressions gouvernementales visant à lui faire modifier un rapport, la policière municipale Sandra Bertin a été relaxée.
La policière municipale niçoise Sandra Bertin, accusée de diffamation par l'ex-ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve après l'attentat du 14 juillet 2016, a été relaxée le 21 septembre à Paris. Pour le tribunal, «c'est en toute bonne foi» qu'elle avait soupçonné et dénoncé des pressions visant à lui faire modifier un rapport. Des pressions par ailleurs exclues par le tribunal.
Attentat à Nice : la policière qui a évoqué des «pressions» sera jugée pour diffamation https://t.co/6HmaO9G7mMpic.twitter.com/LiAQyy6IdP
— RT France (@RTenfrancais) October 28, 2016
Au lendemain de l'attaque qui avait fait 86 morts et 450 blessés sur la promenade des Anglais, la policière, responsable des 1 734 caméras de vidéosurveillance installées à Nice, s'était trouvée chargée de rédiger un rapport sur les positions des fonctionnaires de police sur le trajet meurtrier du camion. Elle avait affirmé avoir subi «des pressions» de la part du ministère de l'Intérieur pour modifier ce rapport et notamment y mentionner la présence de la police nationale à deux positions, sans qu'elle y soit visible sur les vidéos. Si ces propos sont bien diffamatoires, la policière a pu «en toute bonne foi interpréter de manière erronée» les demandes pressantes émanant d'une commissaire à la Direction centrale de la sécurité publique, «fatigue physique et nerveuse» aidant, relève le tribunal correctionnel.
Le tribunal a justement rétabli la vérité des faits
Pour le tribunal, il n'y a donc ni complot politique ourdi par la mairie de Nice, ni mensonge d'Etat sur l'attentat du 14 juillet 2016. Bernard Cazeneuve n'entend pas faire appel, «estimant que par ce jugement, le tribunal a justement rétabli la vérité des faits», a-t-il fait savoir par son avocat, Me Basile Ader.
Des pressions «fantasmées»
Lors de l'audience, le procureur avait déjà estimé que la policière, surmenée, avait «fantasmé» ces pressions. Sandra Bertin les avait rapportées à une journaliste du Journal du Dimanche et l'article, publié le 24 juillet 2016, avait alimenté une polémique déclenchée par l'actuel maire Les Républicains de Nice, Christian Estrosi, sur le dispositif de sécurité mis en place sur la promenade des Anglais. Bernard Cazeneuve avait alors porté plainte contre Sandra Bertin pour diffamation.
Christian Estrosi s'est «réjoui» dans un communiqué que «la vérité soit enfin reconnue», estimant que la justice a «désavoué» Bernard Cazeneuve.
Je veux saluer le courage et la force de Sandra Bertin dans cette épreuve. Elle méritait les félicitations du ministre, pas une plainte.
— Christian Estrosi (@cestrosi) 21 septembre 2017
Mais l'affaire n'est pas close pour autant : une première plainte pour «abus d'autorité» déposée à Nice par Sandra Bertin avait été classée sans suite, mais elle a relancé la procédure en mars par une plainte avec constitution de partie civile, qui doit permettre la désignation d'un juge d'instruction.
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