«Si l’école faisait son travail j’aurais un travail» : la «blague nulle» du Medef déclenche un tollé

«Si l’école faisait son travail j’aurais un travail» : la «blague nulle» du Medef déclenche un tollé© ERIC PIERMONT Source: AFP
Pierre Gattaz, président du Medef.
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«Si l’école faisait son travail, j’aurais un travail.» C’est avec ce petit slogan acide que le Medef, organisation patronale, a ulcéré le ministre de l’Education nationale, les politiques, les enseignants... et la twittosphère.

Au jeu de la petite blague, le Medef a-t-il commis un énorme raté ? Pour accompagner leur campagne sur la formation, l'organisation patronale a créé la réplique suivante : «Si l’école faisait son travail, j’aurais un travail.»

Elle a lancé le 20 septembre ce slogan sur Twitter (dans un message supprimé depuis), accompagné du hashtag #mablaguenulle. 

«Si l’école faisait son travail j’aurais un travail» : la «blague nulle» du Medef déclenche un tollé© Capture d'écran Twitter
Le slogan dont les politiques demandent le retrait au Medef.

Une plaisanterie qui rejette la faute du chômage sur la qualification des Français. Or plus de 40% de la population française entre 25 et 29 ans dispose d’un diplôme équivalent ou supérieur à bac +2, selon une étude de l'Insee effectuée en 2014. Les Français plus âgés en revanche sont moins diplômés, eu égard au développement moindre de la formation à leur époque.

«Ce slogan qui date de plusieurs mois mais qui vient d'être mis en avant est particulièrement choquant, il est insultant mais surtout infondé», réagit Frédérique Rolet, secrétaire générale du Syndicat national des enseignements de second degré (Snes), contacté par RT France. «Même les études de l’OCDE disent que les chiffres de la qualification en France sont au-dessus de ceux des autres pays européens. Il y a eu un véritable effort vis-à-vis de la qualification des Français. Les élèves en alternance travaillent en entreprise, les BEP et Bac pro supposent des périodes de stage longues», poursuit-elle. Et de conclure : «Si on a des problèmes de chômage, ça tient à l’insuffisance des offres d'emploi, au fait que les patrons prennent des stagiaires ou des intérimaires...»

Blanquer, Hamon... : les politiques accablent le Medef

L'accusation du Medef a touché au cœur plusieurs responsables politiques. A commencer par le ministre de l’Education nationale, Jean-Michel Blanquer, qui, scandalisé, a demandé au Medef de retirer ce slogan immédiatement.

Benoît Hamon a aussi fustigé ce slogan, commentant sobrement : «toute honte bue.»

L'ancien ministre socialiste Stéphane Le Foll a également demandé l'abandon de ce slogan.

Les syndicats s'étonnent : le Medef n'avait-il pas promis un million d'emplois ?

Parmi les autres réactions, le syndicat FSU a produit un communiqué sur son site, en forme de réponse du berger à la bergère : «En accusant abusivement l’école, le Medef cherche sans doute à faire oublier que les entreprises n’ont pas réussi à créer le million d’emplois promis comme devant résulter du CICE.»

Ce fameux crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi (CICE), mesure prise par le gouvernement Hollande en 2013 et appelé de ses voeux par le Medef, était censé créer 1 000 000 de postes en allégeant les charges des entreprises. Le patron du Medef Pierre Gattaz avait affiché son enthousiasme sur un pins frappé du mot million, partiellement fabriqué... en République Tchèque, ce qui avait soulevé à l'époque un vent d'ironie. Qu'en est-il de ces prévisions ronflantes ? Le comité d'évaluation du CICE, s'il a noté une amélioration des marges des entreprises, est moins optimiste sur l'emploi : il estime probable que de 50 000 à 100 000 emplois ont été créés ou sauvegardés entre 2013 et 2014. 

Les internautes vent debout contre le slogan

Nombre d'internautes se sont mobilisés sur les réseaux sociaux contre la tentative de trait d'humour du Medef, en appelant au respect des professeurs, en détournant le slogan... ou encore en évoquant le million d'emplois promis par Gattaz, comme dans ces tweets.

D'autres internautes ont dénoncé le cynisme supposé du Medef, les grands patrons étant accusés par ces derniers de contribuer à grossir les rangs des chômeurs.

Ce professeur a également trouvé le tweet du Medef déplacé. 

On remarque sur Twitter, enfin, des détournements taquins du slogan patronal.

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