Victime de l’islamophobie ou association communautariste ? Lallab suscite la controverse à gauche

Victime de l’islamophobie ou association communautariste ? Lallab suscite la controverse à gauche
Capture d'écran du site de l'association féministe et antiraciste Lallab
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Les auteurs d'une tribune publiée dans Libération, parmi lesquels Benoît Hamon, dénoncent les campagnes «islamophobes» visant l'association féministe Lallab. Certains progressistes ont néanmoins accusé l’association d'être anti-républicaine.

Un collectif d'associations et de personnalités a publié le 23 août dans Libération une tribune en faveur du soutien à l'association «Lallab», victime de «cyberharcèlement nourri d’islamophobie et de sexisme» sur les réseaux sociaux, après avoir annoncé le 9 août sa recherche dès la rentrée de trois volontaires en service civique.

Signée notamment par l'ancien candidat du Parti socialiste (PS) à la présidentielle Benoît Hamon, la branche parisienne de l'association Act Up ou encore la journaliste et militante antiraciste Rokhaya Diallo, la tribune épingle l'«acharnement» dont feraient l'objet les membres de Lallab. Fondée en décembre 2015 par deux femmes, Sarah Zouak et Justine Devillaine, ce collectif se définit sur son site comme un «magazine en ligne et une association dont le but est de faire entendre les voix des femmes musulmanes pour lutter contre les oppressions racistes et sexistes».

Les signataires rappellent que Lallab a été récompensée par plusieurs prix, qu'elle a été soutenue lors de son lancement par de nombreuses «instances» comme La Fondation de France (organisme privé visant à aider les personnes vulnérables) et a fait l'objet de multiples articles dans la presse. Or, «l’accomplissement de Lallab vient de lui valoir une nouvelle campagne de désinformation et de cyber-harcèlement misogyne et islamophobe», estime le collectif. 

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Valls et Fourest vent debout contre la pétition en soutien à Lallab

La pétition, clouant notamment au pilori certains mouvements qui s’acharneraient contre l'islam sous prétexte de lutte pour la laïcité, n'a pas trouvé que des laudateurs au sein de la gauche.

Sur Twitter, l'ancien Premier ministre socialiste et député Manuel Valls a qualifié la pétition «d'étrange» et a tenu à répéter son adhésion à la formule «je suis Charlie», laissant ainsi entendre que cette pétition trahirait les valeurs du journal satirique. 

La chroniqueuse et essayiste féministe Caroline Fourest s'est quant à elle étonnée de la présence de Benoît Hamon parmi les signataires – «en bien mauvaise compagnie» – et en a profité pour ironiser sur le résultat obtenu par l'homme politique au premier tour de la présidentielle. 

 

Une polémique née sur Twitter

Le «harcèlement» auquel fait référence la tribune renvoie à une polémique ayant enflé début août. 

Le 17 août, l'Agence du service civique (organisme encadrant le service civique en France) annonce sur son site officiel et sur Twitter que la mission de volontariat proposée par Lallab le 9 août a été retirée de son site, au motif qu'elle ne répondait pas aux «principes fondamentaux du service civique».

Selon les signataires de la tribune de Libération, cette décision aurait été prise à la suite d'une campagne de diffamation menée par des internautes : «L’agence d’Etat concernée a été noyée sur les réseaux sociaux de messages occultant la réalité du travail de Lallab, véhiculant approximations, procès d’intention et mensonges à son sujet». L'agence avait en effet été interpellée sur Twitter par de nombreux internautes, parmi lesquels des militants ou sympathisants du Front national, mais aussi des personnes se revendiquant d'une gauche attachée à la laïcité. 

Daniel Auguste, président du Collectif Marianne (structure réunissant des étudiants pro-Front national), avait ainsi fait valoir que Lallab militait pour l'abrogation de la loi de 2004 interdisant le port de signes religieux ostentatoires dans les écoles, collèges et lycées publics.


Nassim Seddiki, secrétaire général du mouvement politique Printemps républicain – qui lutte pour «l'égalité, la laïcité, la solidarité et la souveraineté» – avait également alerté l'Agence du service civique à propos de l'annonce de Lallab, qu'il a qualifiée «d'association islamiste». 

D'autres internautes s'étaient insurgés contre les offres de volontariats en service civique proposées par Lallab, accusant l'association d'être «identitaire», «islamiste», «communautariste» ou encore «raciste» (une image d'une jeune femme brandissant une pancarte labélisée «Lallab» sur laquelle est écrit : «remballe ton féminisme blanc», a notamment circulée sur Twitter).

D'autres internautes avaient néanmoins pris la défense de Lallab, voyant dans les critiques formulées à son encontre l'expression d'un sentiment islamophobe. 

L'Agence du service civique réfute avoir tenu compte des injonctions des anti-Lallab 

L'annonce de la suppression de la demande Lallab a soulevé à son tour des critiques sur les réseaux sociaux. Or, l'Agence a démenti dans un communiqué publié le 18 août sur son site, avoir tenu compte des «injonctions et requêtes portées par des mouvements politiques».

Elle a précisé : «La suspension de missions, lorsqu'elles ne respectent pas les principes du service civique, est une procédure courante». Or, déclare-t-elle, «cette procédure standard a été suivie lorsque les missions proposées par l'association Lallab, en partenariat avec Unis-Cités, ont été dépubliées du site le mercredi 16 août dernier, en raison d’un risque de substitution à l’emploi». 

Une explication qui n'a guère convaincu, entre autres, la militante antiraciste Sihame Assbague, très active sur Twitter et l'une des organisatrices du polémique camp d'été «décolonial».

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