«Solitaire», «bizarre», «pas radicalisé» : le profil déroutant de l'assaillant de Levallois
- Avec AFP
L'assaillant qui a blessé six militaires à Levallois le 9 août vivait seul dans la banlieue ouest de Paris. Chauffer Uber, sans casier judiciaire, il n'était ni connu pour radicalisation ni dans le viseur des renseignements.
Les voisins de Hamou Benlatrèche, le terroriste qui a blessé six militaires de l'opération Sentinelle le 9 août dernier en leur fonçant dessus avec sa voiture à Levallois-Perret dans les Hauts-de-Seine, ont été consternés lorsqu'ils ont vus des policiers cagoulés perquisitionner son appartement situé dans cette résidence privée et bien tenue de Bezons (Val-d'Oise).
Chauffeur Uber, isolé de sa famille : le profil d'Hamou Benlatrèche, agresseur de Levallois, se précise https://t.co/6FtrzMtlkJpic.twitter.com/0Lqc9WyrWz
— upday for Samsung FR (@updayFR) 11 août 2017
L'homme, qui cumulait plusieurs emplois, dont un de chauffeur VTC pour Uber, vivait apparemment seul au troisième et avant-dernier étage de cet immeuble, à neuf kilomètres du lieu de l'attaque à la voiture-bélier à Levallois (Hauts-de-Seine), selon des témoignages recueillis par l'AFP.
Un homme «bizarre», qui «s'énerve vite», mais «pas un intégriste»
Interrogé, un voisin a décrit quelqu'un qui «se lève le matin comme tout le monde, va travailler» et avec qui il n'y a «jamais de problème».
Mais, à deux pas de là, dans la petite salle de prière d'un foyer de travailleurs immigrés de Sartrouville, dans les Yvelines, plusieurs habitués du lieu se souviennent d'un homme nerveux, atteint de strabisme, qui venait prier de façon irrégulière.
Moustafa, 56 ans, croit savoir que «sa famille est originaire de la région de Mostaganem», dans l'ouest de l'Algérie, et qu'il habitait le quartier depuis au moins trois ans. «Je le connais, il n'est pas stable dans sa tête [...], il s'énerve vite», a-t-il raconté à l'AFP, expliquant ces problèmes par les séquelles d'un accident que l'homme lui a dit avoir eu dans son pays.
#LevalloisPerret : le suspect de l'attaque arrêté au nord de Paris, son véhicule intercepté
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«Il fait la prière, mais ça n'est pas un intégriste, c'est impossible, il est contre [les attentats djihadistes]. Ce qu'il a fait, c'est anormal, c'est la folie qui l'a poussé», assure-t-il à des journalistes avant d'entrer dans le local.
Pour Lahcen, 68 ans, Hamou Benlatrèche était «bizarre». «Il ne parlait pas avec les gens, se bagarrait pour rien», se rappelle cet habitant du quartier qui dit l'avoir vu au moins trois fois empêcher d'autres fidèles de prier, en leur disant : «Il n'y a que moi qui prie.»
Les policiers, qui cherchent à percer les mystères de leur unique suspect, devront attendre plusieurs jours avant de pouvoir l'interroger : la garde à vue d'Hamou Benlatrèche a été interrompue par son hospitalisation à Lille, pour traiter de graves blessures par balles. Il avait tenté d'échapper à son arrestation près de Calais le 9 août, à bord de sa BMW noire de location qui, cinq heures plus tôt, avait percuté les six soldats.
Avant même la fin de la traque, le «choix de la cible, la préméditation manifeste et la fuite» avaient convaincu la section antiterroriste du parquet de Paris de se saisir de l'enquête, selon une source judiciaire.
L'homme, qui n'est pas fiché S, était jusque-là seulement connu pour une infraction en 2009 à la législation sur les étrangers, selon des sources concordantes, et était désormais en situation régulière.
«Les premiers éléments mettent en évidence un profil plutôt solitaire», selon une source proche de l'enquête qui progresse lentement, faute d'interrogatoire du suspect. La recherche d'éventuelles complicités se poursuit mais il n'y avait eu le 10 août au soir aucune interpellation, seulement des auditions libres dans son entourage. Pas plus que de revendications.