En pleine enquête sur de présumés emplois fictifs au MoDem, Bayrou présente sa loi de moralisation
Artisan de la moralisation de la vie publique au sein du gouvernement, le garde des Sceaux porte devant le Conseil des ministres son projet de loi, au moment-même où le parti qu’il a fondé est dans le viseur de la justice.
François Bayrou a présenté le projet de loi de moralisation de la vie publique en Conseil des ministres le 14 juin. Au programme, l’exécutif veut notamment interdire l'embauche de membres de leur famille par des parlementaires, ou encore encadrer davantage les activités de conseil des députés et sénateurs, précise l’AFP.
Le garde des Sceaux a été l’un des principaux artisans du projet de loi sur la moralisation, dont il avait d’ailleurs fait une condition de son ralliement à Emmanuel Macron lors de la campagne pour la présidentielle.
Mauvais timing ?
La présentation du projet de loi survient quelques jours après que le parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire à l’encontre du MoDem, soupçonné d’emplois fictifs.
Alors que des anciens employés du parti fondé par François Bayrou affirment avoir été rémunérés en partie par une enveloppe de fonds européens, tandis qu’ils occupaient des fonctions internes, le ministre de la Justice s’est défendu sur BFMTV le 14 juin.
Soupçons d’emplois fictifs au #MoDem : fuite du premier témoignage à la justice https://t.co/mJ6G98SSqypic.twitter.com/pAl6HK8T7P
— RT France (@RTenfrancais) 8 juin 2017
Assurant qu’il n’y avait jamais eu d'emploi fictif d'assistant parlementaire européen au sein du MoDem, il s’est justifié : «Il y a eu des collaborateurs qui étaient à mi-temps travaillant comme assistants avec des parlementaires européens et qui pour l’autre mi-temps avaient des responsabilités à l’intérieur de notre organisation.»
Le FN à la rescousse
Lui aussi accusé de pratiques similaires par le Parlement européen, le Front national a pris la défense du garde des Sceaux. Sa présidente a notamment déclaré le 14 juin sur Europe 1 : «J'ai toujours considéré que les assistants parlementaires avaient le droit d'avoir des responsabilités politiques dans un mouvement […] Par conséquent, il n'y a rien à reprocher à cela. Mais la loi doit être la même pour tous. Cela ne peut pas être interdit pour le Front national et autorisé pour le Modem, le PS et les Républicains.»
#LePen qualifie sa convocation judiciaire d'«opération politique menée par le #Parlement européen» https://t.co/D6GW5q7Olzpic.twitter.com/WQToP1SA1X
— RT France (@RTenfrancais) 10 mars 2017
De son côté, le secrétaire général du parti frontiste Nicolas Bay a estimé, le même jour sur LCI, qu’il n’y avait «rien de condamnable [et] rien d’illégal» dans les pratiques du MoDem.
Pression sur les médias : quand Bayrou change d’avis
Si Edouard Philippe avait jugé François Bayrou «crédible» pour porter le projet de loi devant le Parlement, malgré l’ouverture d’une enquête, le ministre de la Justice, accusé d’avoir fait pression sur Radio France sur le traitement médiatique de l’affaire, a en revanche été récemment rappelé à l’ordre par le président de la République.
«Pourquoi est-ce que des responsables politiques ne pourraient pas dire en privé leurs analyses sur des méthodes utilisées [par des journalistes] ?», s’est-il défendu le 14 juin sur RTL.
Une position qui contraste avec celle qu’il adoptait en 2007, lorsqu’il dénonçait sur le même média les pressions de Nicolas Sarkozy, alors président : «Des interventions directes sont faites auprès des rédactions, sont faites auprès des chaînes de manière que l'information se trouve verrouillée. Je n'accepterai jamais que dans mon pays on verrouille l'information.»