Démission de Bruno Le Roux : le spectre des affaires Fillon se dessine en filigrane
Le Parti socialiste salue la décision du ministre de l'Intérieur de démissionner du gouvernement et en profite pour attaquer François Fillon. La droite et le FN restent quant à eux plus prudents, préférant souligner un énième couac gouvernemental.
La démission du ministre de l'Intérieur Bruno Le Roux ce 21 mars, après l'ouverture par le parquet national financier d'une enquête sur les emplois présumés fictifs accordés à ses filles, a suscité de nombreuses réactions. Chez les Républicains autant que dans l'entourage de Marine Le Pen, la critique se révèle néanmoins plus délicate.
Pour la députée écologiste de Paris Cécile Duflot, il s'agit d'une démission «rapide et saine» qui contraste avec la «folie» du maintien de François Fillon, mis en examen pour des faits similaires à ceux dont est soupçonné Bruno Le Roux, dans la course à la présidentielle.
La démission rapide de M. Le Roux est saine. Elle met en lumière la folie de la candidature Fillon au coeur de soupçons bien plus lourds
— Cécile Duflot (@CecileDuflot) 21 mars 2017
Du côté de l'Union des démocrates indépendants (UDI), le parallèle entre le ministre de l'Intérieur démissionnaire et le candidat des Républicains, que l'UDI a renoncé à soutenir face aux soupçons judiciaires pesant sur lui, est également mis en avant. Le membre du bureau politique du parti Flavien Neuvy constate que «l'un part et l'autre reste».
Enquête préliminaire du PNF ? L'un part, l'autre reste malgré une mise en examen. #LeRoux#Fillon
— Flavien Neuvy (@flavienneuvy) 21 mars 2017
Le soutien d'Emmanuel Macron François de Rugy, ancien candidat à la primaire de la gauche, estime quant à lui que «l'instauration de la transparence est irréversible», tout en notant que Bruno Le Roux ne tire «pas les mêmes conséquences» de l'enquête qui le vise que François Fillon.
Istauration de la transparence est irréversible. Démission de Bruno Le Roux montre que tout le monde n'en tire pas les mêmes conséquences.
— François de Rugy (@FdeRugy) 21 mars 2017
Au Parti socialiste (PS), de manière attendue, la démarche de l'ancien ministre de l'Intérieur est saluée unanimement et mise en contraste avec le refus de François Fillon de renoncer à son investiture. «L'un s'accroche et s'en prend à la justice, l'autre démissionne et s'en remet à la justice», note par exemple Guillaume Garot, député de la Mayenne.
Fillon, LeRoux.
— Guillaume GAROT (@guillaumegarot) 21 mars 2017
L'un s'accroche et s'en prend à la justice.
L'autre démissionne et s'en remet à la justice.
2 conceptions de la République
Même son de cloche chez Olivier Faure, député PS de Seine-et-Marne, qui élargit toutefois sa comparaison à Marine Le Pen, également convoquée par les juges dans une affaire d'emplois présumés fictifs au Parlement européen.
Le Roux, soupçonné, démissionne. FIllon & Lepen, mis en examen, n'en tirent aucune conséquence.
— Olivier Faure (@faureolivier) 21 mars 2017
Robert Ménard, maire de Béziers et proche du FN mais non membre du parti, estime pour sa part que «chez Fillon, on doit raser les murs».
#LeRoux démissionne après 24 h de polémique. Chez #Fillon on doit raser les murs...
— Robert Ménard (@RobertMenardFR) 21 mars 2017
Au FN et chez Fillon, le gouvernement et le PS mis en cause
Difficile pour l'entourage de François Fillon et pour le FN, où des affaires similaires ont récemment éclaté, de s'attaquer frontalement à Bruno Le Roux. A droite comme chez les soutiens de Marine Le Pen, la stratégie adoptée est donc tout autre : on préfère pointer du doigt la «République exemplaire» qu'avait prônée François Hollande lorsqu'il était candidat en 2012. Pour Stéphane Ravier, maire Front national (FN) du 7e arrondissement de Marseille, l'affaire Le Roux s'inscrit dans le sillon de l'affaire Cahuzac.
Quelle étrange "République exemplaire", commencée par les comptes cachés de Cahuzac et terminée par la démission fracassante de #LeRoux !
— Stéphane Ravier (@Stephane_Ravier) 21 mars 2017
L'eurodéputé FN Steeve Briois estime que cette démission à quelques semaines de la fin du mandat de François Hollande s'apparente davantage à une «agonie» qu'à une «fin de règne».
Présidence Hollande / affaire Bruno #LeRoux : ce n'est même plus une fin de règne, c'est une agonie.
— Steeve Briois (@SteeveBriois) 21 mars 2017
Hervé Morin, centriste resté fidèle à François Fillon, s'interroge quant à lui sur l'intention de Bruno Le Roux de renoncer à profiter des avantages que lui confère sa brève expérience de ministre et notamment à sa voiture et ses gardes du corps à vie.
#Leroux est il également prêt à renoncer aux voitures, chauffeurs et gardes du corps accordés à vie à tous les ministres de l'interieur ?
— Hervé Morin (@Herve_Morin) 21 mars 2017
Le secrétaire départemental du FN en Seine-Saint-Denis, Jordan Bardella, souligne l'incertitude planant sur une éventuelle candidature de l'ancien ministre de l'Intérieur aux législatives : celui-ci était en effet pressenti pour briguer un nouveau mandat en tant que député de Seine-Saint-Denis – un siège qu'il avait dû abandonner pour devenir ministre.
Cette démission est la moindre des choses. Le PS va t-il investir #Leroux aux législatives ? https://t.co/8LOrVxAiyX
— Jordan Bardella (@J_Bardella) 21 mars 2017
De son côté, le député proche du FN Gilbert Collard a préféré commenter l'affaire par une référence décalée alliant humour et littérature.
#Leroux : à l'ombre des jeunes filles en fleurs parlementaires... pic.twitter.com/6fGYn85xu9
— Gilbert Collard (@GilbertCollard) 21 mars 2017