Le programme d'Emmanuel Macron est-il de droite, de gauche, ou les deux ?
Le candidat a enfin présenté son programme, coupant l'herbe sous le pied de ceux qui l'accusaient de ne pas en avoir. Et, sans surprise, ses mesures reflètent sa volonté de ne pas se positionner en fonction du clivage droite-gauche.
Fin des régimes spéciaux de retraite, «grande loi de moralisation de la vie politique», comme promis à François Bayrou, réforme de l'indemnisation du chômage, large exonération controversée de la taxe d'habitation... Emmanuel Macron semble bien avoir un programme.
#Macron abat ses cartes sur un programme longtemps attenduhttps://t.co/o2W9Ofvh11pic.twitter.com/N2Zg3qBjsK
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«Nous réconcilions dans ce projet la liberté et la protection, c'est depuis le début un fil rouge», s'est félicité le candidat d'En marche ! Désormais grand favori de l'élection présidentielle, Emmanuel Macron a désigné six chantiers : réforme de l'école, «société du travail», modernisation de l'économie, sécurité, stratégie internationale et moralisation de la vie publique.
«Société du travail», plutôt de droite
L'ex-ministre de l'Economie a certes promis plus de protection pour les chômeurs, avec une extension du régime d'indemnisation aux indépendants et aux agriculteurs. Mais, les demandeurs d'emploi ne pourront pas refuser plus d'une offre que leur fera Pôle emploi.
Le candidat veut en outre s'attaquer à l'usine à gaz française : les régimes de retraites spéciaux. Franchissant ainsi une ligne divisant traditionnellement la gauche, proche des organisations syndicales, et la droite, qui dénonce les privilèges des fonctionnaires. Emmanuel Macron reprend donc le combat, là où Alain Juppé – de droite – s'était cassé les dents en 1995.
#Macron rêve de transformer une France jugée «irréformable»https://t.co/fwR83XTXaCpic.twitter.com/gACqmXqBjK
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Emmanuel Macron veut parvenir à une harmonisation progressive des règles pour obtenir une «vraie fin des inégalités entre fonctionnaires et salariés du privé». Reste à savoir si l'«harmonisation» se fera par le haut ou par le bas, et si les fonctionnaires – qui votent traditionnellement à gauche – feront confiance à ce candidat «ni-de-droite-ni-de-gauche», comme il se définit lui-même.
Moins de fonctionnaires, de droite
Mais l'examen de son programme montre qu'Emmanuel Macron apparaît plus comme un libéral, partisan du «moins d'Etat». Le candidat a certes annoncé son intention de créer – seulement – 4 000 à 5 000 postes dans le secteur de l'éducation, soit une augmentation de 0,005% du nombre des enseignants. Mais il prévoit aussi de supprimer 120 000 postes de fonctionnaires sur les quelque 5,6 millions qu'en compte le pays.
#PrimaireDroite: 250 000 / 500 000 fonctionnaires en moins sur 5 ans... #Juppe, #Fillon : petits joueurs? Réponse>>> https://t.co/7XYkyrVsUWpic.twitter.com/bzmHkgcX67
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Exonération de la taxe d'habitation, de gauche, mais...
C'est sa promesse la plus médiatique, la perspective d'une baisse d'impôt ayant toujours beaucoup d'impact. Jugeant la taxe d'habitation «socialement injuste», Emmanuel Macron a promis d'en exonérer 80% des Français. La mesure est censée encourager la consommation des ménages appartenant aux classes moyennes et modestes.
Si le candidat a souligné que le manque à gagner pour les collectivités territoriales, évalué à 10 milliards d'euros, serait compensé directement par l'Etat, l'association des maires de France (AMF) s'est alarmée d'une possible disparition des services publiques de proximité et des prestations sociales.
Discrimination positive, de gauche
Sur le terrain sociétal, en revanche, Emmanuel Macron reprend les grands thèmes chers à la gauche et au think tank Terra Nova. Afin de lutter contre les discriminations à l'embauche, il promet une prime de 15 000 euros sur 3 ans aux entreprises qui accepteraient d'embaucher en CDI des habitants des quartiers classés comme prioritaires, c'est-à-dire, entre autres, les banlieues et les quartiers difficiles.
Après deux ans au gouvernement socialiste, #Macron avoue... qu'il n'est «pas socialiste»https://t.co/0aLgbwwACYpic.twitter.com/QpiyfxW3kB
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Sans surprise donc, Emmanuel Macron qui avait révélé en août 2016 qu'il n'était «pas socialiste», confirme qu'il est bien un candidat libéral-libertaire. De gauche sur le plan des mœurs sociétales, défenseur des «minorités», le candidat est économiquement de droite. A la fois «post-socialiste» et peut-être même post «social-démocrate».
Alexandre Keller