Le procès plutôt «vache» des militants de la Confédération Paysanne

Le procès plutôt «vache» des militants de la Confédération Paysanne© Pascal Rossignol Source: Reuters
Une vache volante
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Alors que se tient en ce moment le procès en appel des militants ayant endommagé la ferme de Drucat-Le-Plessiel (Somme), RT revient sur le projet de la ferme des 1000 vaches qui a provoqué tant de débats ces derniers mois.

Neufs militants de la Confédération Paysanne, accusés d'avoir endommagé le chantier de la ferme des 1000 vaches à Drucat-Le Plessiel, près d'Abbeville (Somme) lors d'une opération coup de poing en septembre 2013 et mai 2014, sont jugés en appel devant le tribunal d'Amiens. Quel est le projet de la ferme des 1000 vaches ? Pourquoi suscite-t-il autant de polémique ? RT France fait le point.  

La ferme des 1000 vaches, kezaco ? 

Ce projet, lancé en 2009 par Michel Ramery, un entrepreneur en BTP de 64 ans issu d'une famille d'agriculteurs locaux, est inspiré du système d'exploitation bovine allemand, danois ou encore hollandais. Il vise une multiplication drastique du nombre d'animaux parqués et traîtés dans des étables géantes de façon industrielle afin d'obtenir une hausse importante de la rentabilité. 

Bien que très rentable, ce fonctionnement est toutefois en rupture totale avec le modèle français d'élevage familial qui se veut adapté à la géographie et à la culture des régions. Actuellement, en France, près de la moitié des troupeaux laitiers dépassent à peine cinquante têtes de bétail. Si le projet venait à être appliqué à tout le territoire, les exploitations laitières verraient leur nombre passer de 60 000 à seulement 2 500 avec les conséquences sociales, environnementales et économiques qu'on imagine !

Triomphe de l'industrialisation ou éco-fiasco ?

Les partisans de ce projet évoquent surtout la possibilité de voir la création d'emplois et d'activité animale redémarrer dans la Somme, un département en perte de vitesse économique. Ainsi, la Fédération Nationale des Syndicats d'Exploitants Agricoles (FNSEA) approuve en partie le projet, émettant toutefois une réserve sur le fait que son instigateur soit un entrepreneur du BTP et non pas agricole.

Les détracteurs du projet, Confédération Paysanne en tête, font eux, valoir des arguments ! Ils dénoncent d'abord l'industrialisation de l'agriculture française qui se fait aux dépens des agriculteurs et des consommateurs, puis la propagation inévitable de la culture de la «malbouffe» et les répercussions sur l'environnement et la santé des habitants du territoire exploité. 

Les écologistes évoquent aussi le bilan carbone négatif lié à l'apport de la nourriture depuis les fermes voisines. La ferme géante pourrait aussi, selon eux, favoriser le risque d'épizootie du fait de la concentration des bovins au mètre carré.

Il faut aussi savoir qu'une vache, lorsque elle rumine, fait s'accumuler une impressionante quantité de gaz dans ses trippes et ces derniers doivent en être expulsés. Oui, les vaches pêtent et rotent... énormément. Et leurs flatulences sont loin d'être sans conséquences puisqu'elles propulsent dans l'atmosphère une quantité impressionante de méthane, gaz qui est 21 fois plus puissant que le dioxyde de carbone et en partie responsable de l'effet de serre. Outre l'aspect humoristique, imaginez donc les conséquences sur la santé humaine de 1000 pets de vaches simultanés ! 

Le bien-être animal, un sujet costaud

La ferme des 1000 vaches est devenue pour les militants du syndicat paysan, le symbole de l’industrialisation de l’élevage et du sacrifice du bien-être des animaux. Ils dénoncent notamment les centaines de vaches agglutinées dans d’immenses entrepôts, sans aucun accès à l’extérieur et dans des conditions particulièrement vétustes. 

Des vaches qui évoluent dans un environnement malsain, ça fait du mauvais lait. Les industriels le savent et beaucoup refusent désormais de collaborer avec la ferme des 1000 vaches.

Le témoignage récent d'un ex-salarié de la ferme usine des 1000 vaches évoquait des animaux «en très mauvaise santé» qui marcheraient «à longueur de journée dans leurs excréments», faute de pouvoir nettoyer assez fréquemment. Selon cette source, deux à trois vaches mourraient chaque semaine, «ce qui est beaucoup». L'instigateur du projet, Michel Ramery a reconnu à plusieurs reprises la présence de vaches en très grand nombre mais a toujours nié la maltraitance envers les animaux.

Les militants refusent de porter le chapeau 

Déçus et indignés par la première audience, les militants de la Confédération Paysanne comptent sur les aveux du directeur d'exploitation de la ferme pour voir leurs peines revues à la baisse. Ce dernier a en effet reconnu la semaine dernière abriter près de 800 bovins, contre les 500 autorisés pour l'instant par arrêté préfectoral.

Le 28 octobre 2014, le tribunal avait prononcé en première instance, des peines allant d'une amende à des peines de prison avec sursis contre les membres de la Confédération Paysanne. Le porte parole du syndicat, Laurent Pinatel, avait écoppé de la peine la plus lourde. Il avait été condamné à cinq mois de prison avec sursis et 300 euros d'amende.

Quatre autres prévenus, poursuivis comme Laurent Pinatel pour des dégradations et un cinquième poursuivi pour vol, ont également été condamnés à des peines de prison d'au moins 2 mois avec sursis. Trois autres militants ont pour leur part été condamnés à une amende de 300 euros pour refus de prélèvement ADN.

Un rassemblement de militants de la Confédération Paysanne en soutien aux prévenus est prévue le 17 juin à 8h30, peu avant le début de l'audience.

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