Chiffres de la primaire de la gauche : entre confusion et soupçons de fraude
Les zones d'ombre s'accumulent concernant les résultats du scrutin du premier tour de la primaire, à commencer par des soupçons de gonflement des chiffres de la participation... Le parti plaide le bug informatique.
Benoît Hamon et Manuel Valls ont remporté la primaire de la Belle Alliance populaire à l'issue du scrutin du 22 janvier. Si personne ne semble remettre en question sa légitimité, une série de questions se posent sur la crédibilité de certains chiffres livrés par la Haute autorité qui a supervisé la bonne tenue du scrutin, à commencer par ceux de la participation.
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Des internautes ont remarqué qu'entre 00h45 et 10h, le chiffre de la participation avait gonflé de 352 012 votes, sans pour autant changer d'un iota la répartition des voix entre les candidats. De 1 249 126 votants à 00h45, ce chiffre est donc passé à 1 600 078 à 10h, soit une augmentation d'environ 28% remarquée par le journaliste Laurent de Boissieu.
Alerté par un FN (@EmericSalmon), j'ai calculé le rapport entre résultats de 00h45 et de 10h00. Un matheux pour me dire si c'est cohérent? pic.twitter.com/UzKdTNKhzA
— Laurent de Boissieu (@ldeboissieu) 23 janvier 2017
Or, la proportion de la répartition des voix entre les candidats a, à quelques dixièmes près, augmenté dans les mêmes proportions. Ce qui est, statistiquement parlant, peu probable selon le journaliste et laisse imaginer un gonflement des chiffres, dans le but d'affermir la légitimité populaire du scrutin.
Christophe Borgel, président de la Haute autorité de la primaire, plaide sa «totale transparence» auprès du journal Le Monde, avançant pour explication un bug : en actualisant les chiffres de la participation, le logiciel aurait automatiquement augmenté en proportion les scores de chaque candidat - une explication jugée «insuffisante» par le quotidien. D'autant que les scores de Sylvia Pinel ont, eux, évolué à la marge de manière non-proportionnelle, laissant supposer une mise à jour manuelle et non pas automatique des résultats...
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Magie: les résultats ont été mis à jour avec une participation à 1,6 million, mais les pourcentages sont les mêmes que ceux à 00h45 pic.twitter.com/MVpqWDrwq0
— Vivien Vergnaud (@Vergnaud) 23 janvier 2017
Autre élément pouvant attester d'une possible manipulation des chiffres, l'existence d'un différentiel de 160 votes entre le total des votants et le total des suffrages exprimés, ainsi que les votes blancs et nuls.
Car le total des pourcentage des candidats= 99,99. Si on applique ça aux 1601138 voix, il en manque 160.
— LibéDésintox (@LibeDesintox) 23 janvier 2017
Une autre opération aurait été alors réalisée pour corriger ce différentiel. «Et hop, nouveau bidouillage, on rajoute en loucedé 0,01% à Pinel (et 161 voix). Histoire de masquer la manip ?», s'est demandé Libération.
Et hop, nouveau bidouillage, on rajoute en loucedé 0,01% à Pinel (et 161 voix). Histoire de masquer la manip? pic.twitter.com/iCNffQWP9N
— LibéDésintox (@LibeDesintox) 23 janvier 2017
Interrogé par Désintox, le président du comité d'organisation de la primaire Christophe Borgel nie toute malversation. «Il y a eu un bug, rien de plus. Et c'est un peu de ma faute. Il y avait beaucoup de pression autour du niveau de participation, j'ai demandé que les résultats soient actualisés au plus vite. Et effectivement, on a appliqué au nouveau total de votants les pourcentages de la veille», a-t-il affirmé.
Plus étonnant encore, le site Buzzfeed révèle que des internautes ont été payés pour gonfler le nombre de clics sur la page de la primaire de la gauche, preuves à l'appui.
Des internautes payés pour booster les clics sur le site de la primaire à gauche https://t.co/OfYdaunHSv
— BuzzFeed France (@BuzzFeedFrance) 23 janvier 2017
Selon le site, «une partie de ces connexions a été rémunérée, via une plateforme de mise en relation avec des «influenceurs», Value Your Network.» Par ce biais, certains internautes ont pu être rémunérés entre 35 et 70 centimes à chaque partage. Sur Twitter, de nombreuses personnes ont relayé ce lien sponsorisé, demandant parfois à leurs amis de cliquer afin d'être rémunérés.