Syrie : les Etats-Unis réclament une enquête pour «crimes de guerre» à Alep, selon John Kerry
Washington a intensifié sa rhétorique anti-russe, le secrétaire d'Etat américain John Kerry appelant à une enquête pour crimes de guerre lors de l'opération anti-terroriste de Moscou en Syrie.
«La Russie et le gouvernement syrien doivent au monde plus d'une explication sur les raisons pour lesquelles ils effectuent des frappes sur les hôpitaux, les installations médicales, sur des femmes et des enfants», a déclaré le secrétaire d'Etat américain après sa rencontre avec le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Marc Ayrault, le 7 octobre.
US Secretary of State John Kerry says Russian, Syrian actions 'beg for a war crimes investigation" in #Syriahttps://t.co/20Lp4c4CKb
— Mark Kersten (@MarkKersten) 7 octobre 2016
«Ce sont des actes qui nécessitent une enquête appropriée portant sur les crimes de guerre», a ajouté John Kerry, laissant entendre que les actions de l'armée syrienne, appuyée par l'aviation russe, étaient «loin d'être accidentelles» et faisaient partie d'«une stratégie ciblée pour terroriser la population civile».
Ces propos ont été prononcés par John Kerry alors que le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Marc Ayrault, s'est rendu à Washington, après avoir rencontré, la veille à Moscou, son homologue russe, Sergueï Lavrov. A Washington comme à Moscou, son objectif est identitque : discuter du projet de résolution sur un cessez-le-feu en Syrie que la France s'apprête à soumettre au vote du Conseil de sécurité de l'ONU et sur lequel la Russie s'est déclarée «prête à travailler» en posant toutefois certaines conditions.
Well isn't that the pot calling the kettle black.. https://t.co/BRgK1TfPDH
— eric schweinsberg (@ericschweinsber) 7 octobre 2016
Pour la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, si les Etats-Unis réclament une enquête sur les agissements de l’armée russe en Syrie, c’est tout simplement parce qu’ils essaient de détourner l’attention générale de leur propre échec à instaurer un cessez-le-feu. C’est ce qu’a déclaré Maria Zakharova dans la soirée du 7 octobre.
«Le côté américain n’a simplement pas pu respecter l’accord sur le cessez-le-feu. Il a lui-même dit qu’il n’avait pas les moyens d’influencer l’opposition», a précisé Maria Zakharova, citée par l’agence TASS.
Les membres du Conseil pourraient être appelés à se prononcer le 8 octobre sur cette nouvelle proposition de trêve à Alep qui permettrait à la population assiégée d'accéder à l'aide humanitaire.
Les accusations prononcées par Washington contre Moscou font suite à la déception exprimée par Moscou concernant le fait qu'en dépit des promesses faites en janvier, les Etats-Unis ne faisaient toujours pas de claire distinction entre l'opposition modérée et les terroristes en Syrie.
Les autorités russes avaient notamment évoqué la ville d'Alep, où la coalition dirigée par Washington continue d'apporter son soutien à la partie orientale de la ville dans laquelle se trouvent des groupes djihadistes, tels que le Front Al-Nosra.
La Russie s'étonne de ces accusations, elle qui avait déjà et à plusieurs reprises attiré l'attention de la communauté internationale sur le fait que des frappes de la coalition internationale dirigée par les Etats-Unis en Afghanistan avaient, elles aussi, touché des civils. L'un des plus graves avait été le bombardement d'un hôpital de l'ONG Médecins sans frontières (MSF) à Kunduz, alors que la coalition internationale avait été informée des coordonnées exactes de l’hôpital.
Suite cette bavure, Moscou avait souligné que «ce n’était pas la première fois qu’en Afghanistan des civils étaient morts à cause d’un usage aveugle de la force armée par les Américains».