L'ex-superflic Bernard Squarcini a-t-il espionné Ségolène Royal ?
Déjà en pleines démêlées judiciaires, l'ex-grand flic est désormais soupçonné d'avoir placé des micros chez Ségolène Royal, alors qu'elle était candidate à l'élection présidentielle de 2007, selon une enquête menée par l'Obs.
L'enquête, effectuée par l'Obs, révèle que Bernard Squarcini, l'ex-patron du renseignement français, détenait des documents confidentiels concernant Ségolène Royal. Ils ont été découverts par les enquêteurs de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) lors de la perquisition du domicile et du bureau de l'ex- grand flic, très proche de Nicolas Sarkozy.
Ces documents seraient, selon l'Obs, protégés par le secret de l'instruction ou le secret défense. Les enquêteurs ont mis la main dessus en avril 2016.
Ils sont notamment tombés sur un compte-rendu datant de 2008, effectué par les agents de la Directon centrale du renseignement intérieur (DCRI), l'ex-DGSI, concernant l'appartement de Ségolène Royal. A l'époque, la candidate à la présidentielle de 2007 avait vu son appartement cambriolé pour la troisième fois, ce qui avait nécessité le déploiement des services.
Quand Bernard Squarcini s'intéressait à Ségolène Royal https://t.co/A1kC2G2GmSpic.twitter.com/7NEuW2zIc5
— L'Obs (@lobs) 30 septembre 2016
Les enquêteurs cherchaient alors à déterminer si des micros n'avaient pas été installés dans son logement durant la campagne présidentielle. Une équipe a effectué une «opération de sécurisation électronique», opération plutôt banale dans ce genre de situation.
Mais, l'Obs révèle que Bernard Squarcini avait conservé une copie du rapport d'enquête dans ses dossiers personnels et interrogé sur ce point lors de sa garde-à-vue, le «squale», comme il est surnommé dans le milieu, n'a pu expliquer ce fait.
Il a dit se souvenir qu'aucun micro n'avait été retrouvé dans l'appartement et souligné que ces documents n'avaient jamais fuité dans la presse. L'espion professionnel soutient donc qu'en aucun cas il n'a gardé ces documents pour nuire à l'opposante politique que pouvait représenter Ségolène Royal.
Faire jouer son réseau pour le compte de ses richissimes clients
Hormis cette affaire de possible espionnage de Ségolène Royal, l'enquête a également démontré que Bernard Squarcini était intervenu à maintes reprises auprès de ses «contacts» dans le milieu pour satisfaire les besoins du principal client de Kyrnos, la société de conseil en sécurité qu'il dirige, le groupe LVMH, dirigé par le milliardaire Bernard Arnault.
Il aurait notamment fait jouer son réseau pour qu'un prince saoudien, potentiel client de LVMH, soit accueilli par une escorte officielle lors de son arrivée en Corse et serait parvenu à obtenir un visa express pour un proche de la famille de Bernard Arnault, à travers une requête faite à Rachida Dati, maire du VIIe arrondissement de Paris où réside la famille du milliardaire. Contactée par l'Obs, cette dernière a déclaré n'avoir «aucun souvenir» de cet épisode.
Ancien patron du renseignement français, Bernard Squarcini a été mis en examen dans une enquête où il est soupçonné d'avoir usé de trafic d'influence, accusé de violation du secret et de détournement de fonds publics, le tout depuis sa reconversion dans le privé et la création de Kyrnos.
Il est également accusé d'avoir mis en place en 2013 des écoutes téléphoniques illégales pour le compte de Michel Gaudin, directeur de cabinet de Nicolas Sarkozy.
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