La classe politique en ébullition au lendemain du 49.3

La classe politique en ébullition au lendemain du 49.3 Source: Reuters
Mardi, Manuel Valls a dégainé le 49.3 pour faire adopter en force la loi travail. Il fera face à une ou plusieurs motions de censure.
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Alors que le Premier ministre a choisi mardi le passage en force pour faire adopter par l’Assemblée nationale la Loi Travail, les possibles motions de censure sont dans toutes les têtes.

Une motion de censure de gauche «serait évidemment plus lisible» que de se rallier à celle de la droite «qui dit le contraire de ce qu'on pense». Le député frondeur Laurent Baumel était l’invité de LCI mercredi. A la question de savoir s’il pourrait se rallier à une motion de la droite, il a déclaré préférer une initiative venant de son camp : «Une des difficultés, c'est que la motion de censure de la droite, elle a un contenu. La droite dit : «On n'est pas d'accord avec cette loi parce qu'elle n'est pas assez libérale». Nous, on pense le contraire. On n'est pas d'accord avec cette loi parce qu'elle est trop libérale», a-t-il expliqué.

Les frondeurs du PS doivent se réunir en fin de matinée pour discuter de leur position après que le gouvernement a engagé sa responsabilité sur le projet de loi travail avec le 49.3. Un minimum de 58 députés est requis pour déposer une motion de censure contre le gouvernement.

Une ou deux motions de censure ? 

Les Républicains et l’UDI ont déjà fait savoir qu’ils proposeraient une motion de censure visant, in fine, à renverser Matignon. Les dix députés du Front de gauche souhaitent une alliance avec les frondeurs afin de déposer leur propre demande. Si leur appel n’est pas suivi d’effet, ils menacent de voter avec la droite.

Benoît Hamon, ancien membre du gouvernement et tête d’affiche des opposants de gauche, s’inscrit dans une volonté de ne pas suivre les pas de la droite.

«La motion de censure de la droite, il faut imaginer que vous avez beau être en désaccord avec Manuel Valls, préférer à Manuel Valls Nicolas Sarkozy qui propose de supprimer 600 000 ou 300 000 fonctionnaires tous les cinq ans, cela dépend des candidats de droite, de supprimer l'ISF, de porter la retraite à 65 ans, c'est un peu compliqué de préférer ce projet-là à celui du gouvernement», a-t-il déclaré sur le plateau de France 2.

Quant à la possibilité d’une motion de censure venant de la gauche, il s’est montré plus réservé que son collègue : «A titre personnel, je m'inscrirai dans une démarche collective et je n'entends pas trancher seul ce débat.»

«On a eu des mouvement sociaux puissants. Aujourd'hui, à ces mouvement sociaux, on dit :  “terminé, fini, on verrouille, on passe par le 49-3.” Il est vraiment temps et j'espère que l'élection présidentielle y contribuera, qu'on passe à une VIe République beaucoup plus respectueuse des aspirations démocratiques des Français», a-t-il poursuivi. Le divorce avec François Hollande semble bien consommé.

Haro sur les frondeurs

Ces tergiversations ont le don de mettre Myriam El Khomri sur les nerfs. Invitée de la matinale de France Info, la ministre du Travail a jugé  «inconcevable» que des députés socialistes «puissent dérouler le tapis rouge à la droite» en votant la motion de censure contre le gouvernement.

Elle s’en est prise avec virulence aux frondeurs. «Entendre de leur part systématiquement que nous sommes dans un projet de casse sociale, ce n'est absolument pas la réalité», a-t-elle expliqué avant d’ironiser sur «le temps de parole médiatique» qui leur est accordé, qui «n'est pas proportionnel à leur nombre au sein du groupe socialiste».

Concernant les accusations de passage en force, elle les réfute. Selon elle, ce qui aurait été «antidémocratique», c'est «si le gouvernement avait accepté que 10% des députés socialistes dénaturent le texte».

Les frondeurs sont plus que jamais dans un rôle d’arbitre. Pour que la motion soit suivie d’effets, il faut qu’une majorité de députés la vote. Tenant compte des rapports de force actuels, cela tient plus du mirage. Selon un calcul de L’Express, même si l’intégralité des élus du Front de gauche, des Républicains et des non-inscrits votent le même texte, 36 voix viendraient toujours à manquer. Cela en fait des frondeurs. Sachant que le PS menace d’exclure les membres du parti qui défieraient Matignon...

Un gouvernement sûr de lui 

Des considérations arithmétiques qui permettent au gouvernement d’envisager sereinement la suite. Mardi, sur le plateau de TF1, Manuel Valls avait déclaré ne pas «craindre» un renversement de son gouvernement. Même chose pour Stéphane Le Foll. Le ministre de l’Agriculture s’est montré confiant, mercredi, sur le plateau d’iTtélé : «Le gouvernement ne sera pas renversé.» «Je ne crois pas qu'elle [la motion de censure] puisse passer ou alors il y a une responsabilité qui serait prise par ceux qui iraient voter avec toutes les contradictions que cela comporte», a-t-il souligné.

A l’instar de Myriam El Khomri, il ne s’est pas privé pour faire connaître sa colère aux opposants venant de son camp. Dénonçant «l'alliance entre une partie des frondeurs et la droite», Stéphane Le Foll a assuré que «tout a été fait pour chercher avec les frondeurs, je les appelle comme cela maintenant, un accord [...]. Le constat a été fait hier matin que, au fond, il n'y avait pas de volonté de trouver un accord. Et c'est déplorable», s'est-il désolé.

De nombreuses mobilisations à venir

Le 49-3 n’a pas entamé la volonté des syndicats. Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT, a appelé mercredi à «durcir le mouvement» contre la Loi Travail car «rien n'est terminé» malgré le recours par le gouvernement à l'article 49.3 pour faire adopter ce projet.

«On appelle à durcir le mouvement», a-t-il souligné sur Europe 1. Avant d’ajouter : «La mobilisation doit s'amplifier, nous sommes déterminés.» Il promet de nombreuses manifestations à venir : «Rien n'est terminé puisqu'il y a une mobilisation demain et il y en aura encore deux la semaine prochaine.»

Il a précisé que la semaine prochaine, à partir du 17 mai, «plusieurs professions» avaient déposé des préavis de grève, «et parfois des grèves reconductibles», sans les nommer. Il a toutefois admis qu'il n'est «pas facile de se mobiliser». «Ce n'est pas facile de faire grève parce qu'on risque de perdre sa place. Pour des salariés qui gagnent le Smic, perdre une journée de salaire, ce n'est pas facile».

Du côté de «Nuit Debout», on est encore plus vindicatif. Plusieurs militants ont même appelé à la grève générale. Philippe Martinez s’est montré réservé : «Grève générale, ça ne veut rien dire en tant que tel. Même en 1968, la CGT n'a pas appelé à la grève générale.»

La poursuite de la contestation ne semble pas inquiéter outre mesure la ministre du Travail. Mme El Khomri a souligné que des organisations syndicales et étudiantes, comme la CFDT ou la Fage, soutenaient son projet. «Il est important d'écouter tout le monde. N'oublions pas toutes ces personnes qui soutiennent les avancées de ce texte», a-t-elle dit. Pour le gouvernement, un long chemin s’engage jusqu’à l’adoption finale. Première étape jeudi. Il devra affronter une motion de censure. Reste à savoir s’elle passera la journée. Pour le moment, c’est bien parti.

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