«Il est mort pour nous»: un Français offre une Légion d'honneur aux proches du Russe tombé à Palmyre
RT France est allé à la rencontré de Daniel Couture, ce Français qui a remis la Légion d'honneur de son père à la famille du jeune officier russe mort en héros en appelant l’aviation à le bombarder, alors qu’il était cerné par les soldats de Daesh.
«J’ai pensé que cette Légion d’honneur, qui ne servait à rien au fond d’un tiroir, pouvait peut-être apaiser un peu la douleur de la famille» du lieutenant Alexandre Prokhorenko, confie à RT France le citoyen Français âgé de 80 ans.
Car c’est bien dans un tiroir que dormait la médaille, remise à sa mère en 1945 en guise de remerciement de la nation pour les activités de son père dans l'armée française, mort le 26 mai 1940 dans une attaque d’avions de guerre allemands.
N’écoutant que son cœur, touché par l'histoire de l'officier russe mort alors qu'il combattait Daesh en Syrie, Daniel Couture a alors envoyé la décoration à l’ambassade de Russie.
Il est mort pour nous
Alexandre Prokhorenko est «mort pour nous», explique l'habitant d’Agde, dans l’Hérault : «Les gens qu’il a contribué à faire éliminer à Palmyre avec l’aviation russe, ne feront pas d’attentats chez nous.»
L'octogénaire précise avoir laissé le choix à l'ambassade de remettre la décoration soit à la famille du héros russe, soit à celle d'un ancien soldat de l’Armée rouge ayant lutté contre le «fascisme hitlérien» lors de la Seconde Guerre mondiale.
Comme la priorité était, en 1942, d’écraser le fascisme hitlérien, elle est aujourd'hui de combattre Daesh
En effet, Daniel Couture confesse avoir «toujours eu beaucoup de sympathie pour le peuple russe […] et pour la victoire finale du 9 mai 1945 que nous devons en grande partie à l’Armée rouge».
Grand passionné d’histoire, il ne vit pas pour autant dans le passé et utilise également ses connaissances pour lire le monde d'aujourd’hui. Reconnaissant «quelques points communs entre le nazisme et le fondamentalisme islamique», il estime ainsi que «comme la priorité était en 1942 […] d’écraser le fascisme hitlérien», elle est désormais de combattre Daesh.
"Dites à ma famille et à mon pays que je les aime" : derniers mots du soldat russe https://t.co/yTLut7olU2pic.twitter.com/71E3n6tNcA
— RT France (@RTenfrancais) 3 avril 2016
Et à cet égard, il appelle à mettre les divergences de côté : «Tous les gens qui combattent Daesh sont dignes d’être considérés comme des amis». Dès lors, il estime «totalement déplacé de considérer les Russes comme des adversaires».
Boycotter la Russie, c'était, pour la France, se tirer une balle dans le pied
Allant plus loin, il déclare même penser «que boycotter la Russie pour les exportations de viande et d’autres produits, c’était, pour la France, se tirer une balle dans le pied».
Qu’il s’agisse de la lutte contre Daesh ou de celle contre le nazisme, Daniel Couture reste en tout cas, jusqu'à l'heure d'aujourd'hui, reconnaissant. «Tous les ans, le 9 mai, je bois un verre de vodka à la santé du peuple russe et à la victoire du 9 mai 1945» contre l’Allemagne nazie, confie-t-il.
Pour autant, il précise ne rechercher «aucun honneur, ni aucune célébrité, j’ai agi selon mon cœur et selon mes convictions, c’est tout. Je ne demande pas de remerciement, c’est moi qui remercie le peuple russe».
Avant Daniel Couture, un couple de retraités français avait décidé lui aussi de faire parvenir ses médailles militaires à la famille du lieutenant Prokhorenko. Dans un entretien avec RT France, ils avaient expliqué connaître la douleur liée à la perte d'un fils, puisque le leur, militaire en mission, avait trouvé la mort en mission en ex-Yougoslavie.
En guise de remerciement pour ce geste de générosité, le président russe Vladimir Poutine leur avait transmis une invitation personnelle afin de venir assister au défilé du Jour de la victoire à Moscou.
Membre des Forces spéciales russes, Alexandre Prokhorenko est mort le 17 mars à l’âge de 25 ans alors qu’il était en mission contre les terroristes de Daesh près du village syrien de Tadmor, dans la province d'Homs. Le lieutenant, qui s’était retrouvé totalement encerclé par les djihadistes, avait ordonné à l’aviation russe de bombarder sa propre position, se sachant quoiqu’il arrive condamné. Quelques instants avant de mourir, le héros russe avait précisé à son commandement : «Ils sont proches, je suis encerclé, c’est peut-être la fin, dites à ma famille que je les aime tendrement.»