Jeannette Guyot : parcours d’une grande dame de la résistance française, qui s’est éteinte à 97 ans
Si elle vécut une vie discrète, elle n’en fut pas moins l’un des agents les plus décorés de la France libre. Ayant œuvré dans les services de renseignement de la résistance durant toute la Seconde Guerre mondiale, elle est partie dans le silence.
Née à Chalon-sur-Saône le 26 février 1919, elle et sa famille rejoignent rapidement la résistance après la défaite militaire de la France en juin 1940 face à l’Allemagne nazie. Jusqu’en août en 1941, elle travaille pour Félix Svagrowsky, du réseau Amarante, pour qui elle sert de passeur en utilisant un laissez-passer allemand qui lui permet d'amener des gens vers Vichy.
En août 1941, elle rencontre une autre grande figure de la France libre, le colonel Remy, chef du réseau de la Confrérie Notre-Dame, pour qui elle travaillera en tant qu'agent de liaison, chargée de transmettre des renseignements en zone occupée.
#2GM Via @adelemortier, j'apprends le décès de la résistante Jeannette Guyot, notamment agent du colonel Rémy. pic.twitter.com/8Nc9BlaWDH
— Stéphanie Trouillard (@Stbslam) 6 mai 2016
Ses activités clandestines lui valent une arrestation en février 1942 et un emprisonnement de trois mois. Elle résiste pourtant à tous les interrogatoires et, étant remarquablement parvenue à garder le silence, aucune preuve ne permet de l’inculper. Elle se voit néanmoins retirer son laissez-passer, ce qui ne l’empêchera pas de poursuivre ses activités au service du colonel Remy.
Mais en juin 1942, le réseau de ce dernier est trahi et Jeannette Guyot est forcée de se réfugier à Lyon. Elle y rencontre le résistant Jacques Robert, qui met en place le réseau «Phratrie». Au sein de celui-ci, elle se voit attribuer la mission de collecter des renseignements pour s’en servir afin d’assister les aviateurs alliés.
Mais, peu à peu, l’étau de la Gestapo se resserre. Elle parvient toutefois à être exfiltrée vers Londres dans la nuit du 13 au 14 mai 1943, à bord d’un avion de l’armée britannique.
Dans la capitale anglaise, elle change de nom, adoptant le pseudonyme de «Jeannette Gauthier», et retrouve le colonel Remy. Elle est envoyée à l’école de Praewood House, en banlieue londonienne, où elle participe avec 120 autres volontaires à une formation d’élite au renseignement militaire en vue du plan Sussex, qui vise à collecter un maximum d’informations sur les manœuvres militaires allemandes afin de mettre en place le débarquement des alliés en Normandie.
Le 8 février, Jeannette Guyot est parachutée à Loches, dans le Val-de-Loire, afin de préparer le terrain pour les agents de l’opération Sussex en leur trouvant des planques. Elle va même jusqu’à cacher l’un d’eux à quelques mètres à peine d’un bureau de la Gestapo, dans le Café de l’Electricité à Montmartre, qui sera rebaptisé Café des Sussex à la fin de la guerre.
Jeannette Guyot (1919-2016), résistante française, vient de nous quitter. https://t.co/Y35pkCKoXEpic.twitter.com/0hkkNVeJ8i
— feminhistoire (@feminhistoire) 7 mai 2016
Sa mission prendra fin à la libération de Paris le 25 août 1944, date à laquelle elle se reconvertira dans le service de renseignement de la Direction générale des études et recherches (DGER), fraîchement créé. En juin 1945, elle épousera l’un des agents de l’opération Sussex, Marcel Gauchet.
Si elle restera discrète quant à son rôle secret dans cette guerre, qui aura coûté la vie à son père déporté en Allemagne, Jeannette Guyot sera néanmoins décorée en France de la Légion d’honneur et de la Croix de Guerre, mais aussi en Grande-Bretagne de la British George Medal. Aux Etats-Unis, elle sera même l’une des seules femmes à recevoir la Distinguished Service Cross (la seconde décoration militaire la plus importante du pays) pour son «héroïsme extraordinaire lors des opérations militaires».