Charlie Hebdo épinglé pour un édito évoquant les attentats comme la «partie visible de l'iceberg»
Le magazine satirique s'attire une énième fois les foudres de l'opinion pour avoir affirmé que les attentats de Bruxelles n'étaient que la partie visible de l'iceberg. Il est notamment accusé de faire l'amalgame entre musulmans et terroristes.
PERCEPTIONS OF #MUSLIMS, CIRCA. 2016
— BretsTypewriter (@BretsTypewriter) 3 avril 2016
RT: @WritersofColour: Teju Cole on #CharlieHebdo 'How did we end up here?' pic.twitter.com/cpB9emiuPp
Alors que la couverture du dernier Charlie Hebdo sur les attentats de Bruxelles a fait polémique en France et en Belgique, - sur le dessin de Une, le chanteur belge Stromae reprend son fameux refrain «papa où t’es» et des morceaux de corps lui répondent «ici, ici, et là aussi» - c'est le dernier éditorial de Riss consacré à «la peur de contredire, la peur de polémiquer, la peur de se faire traiter d'islamophobe et même de raciste», qui cette fois ne passe pas.
«Les attentats sont la partie émergée d’un gros iceberg», explique Riss. «Ils sont la dernière phase d’un processus. On nous colle le nez sur les gravats de l’aéroport de Bruxelles, et pendant ce temps-là, personne ne regarde ce que raconte Tariq Ramadan, qui était la semaine dernière à l’institut de Science Po de Saint-Germain-en-Laye. Tariq Ramadan qui vient défendre l’Islam, mais qui vient surtout dissuader toute critique à l’égard de l’islam… rien de grave, Tariq Ramadan ne prendra jamais une Kalachnikov, d’autres le feront à la place. Comme cette femme voilée qu’on ne saurait montrer du doigt sans craindre l’esclandre, comme ce boulanger à la longue barbe qui a remplacé le jambon beurre par des sandwichs au thon… Aucun de ceux-là ne mettra une bombe», répète Riss.
«Et pourtant ce qui va arriver à Bruxelles ne pourrait avoir lieu sans le concours de tous. Car tous inspirent la crainte et la peur. Le peur de contredire et de polémiquer», ajoute-t-il. La première mission des coupables, conclut Riss, «est de culpabiliser les innocents, d’inverser les culpabilités. Depuis la boulangerie qui vous interdit de manger ce que vous aimez à cette femme que vous préféreriez sans voile, le terrorisme commence là son travail de sape».
L'écrivain nigérian-américain Teju Cole (qui avait déjà boycotté une remise de prix à l'hebdomadaire) juge qu'avec ce texte, Charlie Hebdo «s'éloigne finalement du masque du "c'est de la satire et vous ne la comprenez pas", pour affirmer clairement que tous les musulmans, peu importe leur degré d'intégration, sont l'ennemi».